Les prix du carbone sur le marché de l'Union Européenne ont chuté de 40% pour atteindre un nouveau niveau record à la baisse après que des hommes politiques se soient opposés au projet visant à soutenir le marché, laissant craindre que le prix du carbone arrive bientôt à zéro et remettant en question les ambitions européennes de mener la lutte mondiale contre la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2).
Les prix sur le marché européen de permis d'émissions ont chuté jeudi pour atteindre 2,81 euros la tonne, après un vote du comité de l'énergie et de l'industrie du Parlement Européen s'opposant à un modèle visant à soutenir les prix en extrayant des indemnités du marché et en les réinjectant plus tard.
Sur un marché volatile, les prix du CO2 ont augmenté à nouveau pour atteindre 4 euros plus tard dans la journée.
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Si le plan échoue, la Commissaire au Climat, Connie Hedegaard, a prévenu que le marché européen deviendrait non pertinent  |
Le modèle à 148 milliards de dollars est un élément essentiel des efforts faits par l'Europe pour inciter les compagnies électriques et l'industrie à avoir un impact réduit sur l'environnement, mais les prix du carbone sont encore bien trop faibles pour fournir cette incitation. Les analystes ont déclaré que les prix du carbone devaient être au moins de 20 euros pour inciter les compagnies à passer à une production d'énergie moins productrice de CO2.
Lancé en 2005, le marché est désormais dans sa troisième phase et doit fonctionner jusqu'à 2020 au moins, ce qui signifie qu'il ne peut pas être démantelé même si le CO2 atteint un prix nul.
Le vote de Jeudi fait partie d'un long processus de l'Union Européenne. Bien qu'il ne soit pas contraignant, c'est le dernier signe de la difficulté qu'a l'Union Européenne pour atteindre un accord sur la façon dont elle doit intervenir sur le marché carbone.
Un vote du comité de l'environnement, prévu le mois prochain, ainsi qu'un autre vote du comité de représentants des Etats membres, sont bien plus décisifs.
Beaucoup doutent du fait que la proposition de la Commission soit votée, ce qui signifie que des plans de réforme encore plus ambitieux pourraient ne pas être votés avant plusieurs années, portant un coup aux ambitions de l'Europe de mener la lutte mondiale contre l'augmentation des émissions de dioxyde de carbone.
Jusqu'à présent, la Pologne, qui produit beaucoup de charbon, est opposée au projet, tandis que la Grande-Bretagne, le membre le plus influent du groupe, est indécise.
Si le plan échoue, la Commissaire au Climat, Connie Hedegaard, a prévenu que le marché européen deviendrait non pertinent, l'ensemble des 27 membres devant développer un modèle distinct.
« Si vous obtenez un prix du carbone très bas, ou peut-être aucun prix du tout, alors l'alternative est un patchwork de 27 systèmes différents. Nous risquons de nationaliser les politiques d'énergie et de climat » a déclaré Connie Hedegaard.
Les eurosceptiques et ceux qui sont opposés à la réglementation, tels que les industries intensives en énergie, pourraient se réjouir, mais d'autres souhaitent une politique cohérente à l'échelle de l'Union Européenne et un prix du carbone à échelle mondiale.
« Beaucoup dans la communauté des entreprises se sont exprimés très clairement sur cette question depuis plus de dix ans 'il s'agit de fixer un prix sur le carbone » a déclaré David Hone, conseiller pour le changement climatique de la Royal Dutch Shell.
« Les législateurs doivent se concentrer sur l'objectif clair et simple d'un prix du carbone dans le système énergétique, plutôt que des objectifs multiples de mix énergétique. C'est ce dont les entreprises ont vraiment besoin ».
Mais depuis que le marché européen du carbone a été lancé en 2005, il a été ébranlé par de nombreux problèmes, dont la fraude fiscale et une sur-allocation de permis qui ont généré des profits très importants pour les pollueurs.
Les prix se sont effondrés proches du niveau zéro en 2007 après avoir culminé à 32 euros la tonne en Avril 2006 du fait d'une sur-allocation de permis.