Le boom de la population mettra les forêts du monde et leurs habitants en danger 15/07/2008 13:03 (Par Sandra BESSON)
Le boom de la population mettra les forêts du monde et leurs habitants en danger
Avec la croissance continue de la population mondiale au cours des prochaines années, les forêts du monde et les peuples y habitant seront considérablement menacés, du fait de la hausse de la demande en nourriture, en carburant et en bois.
La demande croissante en nourriture, en carburant et en bois alors que la population mondiale passera de six à neuf milliards d'individus mettra une pression sans précédent et non durable sur les forêts restantes du monde, d'après ce qu'ont indiqué deux nouveaux rapports publiés lundi.
Les rapports publiés par le groupe américain Rights and Resources Initiative (RRI) indiquent que cette hausse potentiellement massive de la déforestation liée à la croissance de la population pourrait être un facteur supplémentaire de changement climatique et pourrait faire pression sur les peuples indigènes qui vivent dans les forêts, ce qui pourrait déclencher des conflits.
« Nous sommes à la veille de la dernière grande appropriation mondiale des terres » a indiqué Andy White, co-auteur du rapport « Voir les Individus à travers les arbres » (« Seeing People Through the Trees »), l'un des deux rapports publiés lundi.
« A moins que des mesures ne soient prises, les propriétaires traditionnels des forêts, et les forêts elles-mêmes, seront les grands perdants de l'opération. Cela signifiera plus de déforestation, plus de conflits, plus d'émissions de dioxyde de carbone, plus de changement climatique et moins de prospérité pour tout le monde » en corrélation avec la croissance de la population mondiale.
Le groupe RRI est une coalition mondiale d'organisation non gouvernementales environnementales et de conservation, se concentrant tout particulièrement sur la protection et la gestion des forêts et sur les droits des peuples vivant dans les forêts.
Le rapport d'Andy White indique qu'à moins que la productivité agricole n'augmente rapidement, il faudra cultiver une superficie supplémentaire de terres équivalent à douze fois la taille de l'Allemagne pour produire la quantité de produits nécessaires pour satisfaire la demande alimentaire et en biocarburants de la population mondiale d'ici 2030.
Normalement, la totalité de cette nouvelle superficie agricole devrait être développée dans les pays en développement, et essentiellement sur des terres qui sont actuellement boisées.
Le deuxième rapport, baptisé « De l'exclusion à la propriété » (« From Exclusion to Ownership ») indique que les gouvernements revendiquent toujours la propriété de la plupart des forêts dans les pays en développement, mais qu'ils ont fait très peu pour garantir les droits et le maintien des habitants des forêts.
Le rapport ajoute que les individus dont les principales sources de revenus sont les forêts ont été les meilleurs gardiens des forêts et de leur biodiversité.
Le groupe RRI indique que les gouvernements ont échoué à prévenir l'incursion industrielle sur les terres indigènes.
Les rapports du groupe indiquent que la culture du soja et de la canne à sucre pour les biocarburants au Brésil devrait nécessiter plus de 128 millions d'hectares de terres d'ici 2020, par rapport aux 28 millions d'hectares actuellement.
« Nous sommes confrontés à un déficit de la démocratie entraîné par des conflits violents et une violation des droits de l'homme » a déclaré l'avocat Ghanéen Kyeretwie Opoku, en commentant les rapports.
« Nous devons répondre aux inégalités sous-jacentes en consultant et en permettant aux peuples vivant dans les forêts de prendre les décisions eux-mêmes en regard des actions de l'industrie et de la conservation » a-t-il ajouté.