La Thaïlande sur des pistes pour un latex naturel vert
Le caoutchouc thaïlandais souffre d'une image liée à la déforestation et à l'érosion des sols. Les agriculteurs ont pour habitude d'utiliser des pesticides et de sacs en plastique dans les forêts d'hévéas. En plus de cela, bien souvent, il est difficile de surveiller les exploitants isolés dans les forêts, ce qui laisse libre accès à une main-d''uvre parfois illégale. La conséquence de tout cela, c'est que l'Union européenne, soucieuse de la provenance des produits qu'elle importe, refuse d'acheter du latex naturel provenant de Thaïlande. Ainsi, pour récupérer ses clients partis, des initiatives pour verdir le secteur sont lancées un peu partout au pays. Parmi les solutions proposées figurent les certifications accordées aux agriculteurs. Il y a, par exemple, le Forest Stewardship Council (FSC).

Pour éviter d'utiliser du latex synthétique, il faut rendre le latex naturel plus durable - Photography JACK TAYLOR / AFP©
Produire du caoutchouc sans pesticides
Malgré les effets néfastes des pesticides sur la santé des agriculteurs, ces derniers continuent de les utiliser dans leurs plantations d'hévéas. Wanida Hityim qui gère une parcelle d'un hectare et demi d'hévéas se rappelle que son père utilisait beaucoup de pesticides et que cela le faisait beaucoup tousser. Quand elle a repris l'exploitation, elle a décidé de bannir ces produits chimiques pour avoir un latex naturel vert. Cela dit, les agriculteurs thaïlandais sont encore très nombreux à faire appel à ces produits chimiques. Pour inciter les exploitants à adopter des pratiques plus durables, la certification est l'unique solution accessible sur place. Le FSC est un écolabel qui fait la promotion d'une exploitation durable des forêts tropicales. Pour l'heure, cette certification ne couvre que 2 % des surfaces cultivées en Thaïlande, soit environ 70 000 hectares de plantation d'hévéas. Si les agriculteurs commencent à l'adopter, il est probable que le caoutchouc thaïlandais retrouve une image plus verte dans le futur.
Déployer plus d'efforts pour protéger les forêts tropicales
Dans le monde, on dénombre plus de 15 millions d'hectares de plantation d'hévéas. Actuellement, Forest Stewardship Council n'a certifié que 220 000 hectares de ces zones où l'on récolte le latex naturel. Appuyée par l'Agriac, cette certification ambitionne de gagner du terrain en Thaïlande. Les fermiers qui adoptent les standards FSC ont droit à un bonus de trois bahts pour chaque kilo vendu. Néanmoins, les efforts pour aller vers cette direction sont encore insuffisants pour métamorphoser l'industrie. Selon Maiprae Loyen, cofondatrice d'Agriac, lorsqu'elle a évoqué le développement durable pour la première fois, les gens la regardaient avec un sourire et un grand point d'interrogation sur le visage. En effet, les petits exploitants de latex naturel ne pensent généralement que sur le court terme, et ne s'inquiètent que très peu du changement climatique et de la durabilité.
Les plus grands producteurs au monde
La production mondiale de latex naturel est un secteur dynamique qui a connu une croissance considérable au cours des dernières années. Les marchés asiatiques et latino-américains sont les plus importants pour la production de latex naturel. Les principaux producteurs mondiaux sont la Thaïlande, l'Indonésie et la Malaisie. En 2017, une progression de 1,5 % de la production mondiale de latex naturel a été enregistrée. Les principales utilisations de ce matériau sont l'industrie du caoutchouc et la fabrication de produits médicaux. Il est également utilisé dans l'industrie des cosmétiques et des produits alimentaires. La demande de latex naturel est en hausse et de nouveaux produits sont lancés sur le marché. La croissance de la production mondiale du latex naturel devrait se poursuivre dans les années à venir.
Avec ETX Daily Up