La plus haute montagne de l'Europe occidentale pourrait gagner en taille grâce à ses glaciers, qui protègent la montagne de l'érosion, d'après ce que suggère une nouvelle étude, publiée le mois dernier dans le journal Earth and Planetary Science Letters.

Dominant les Alpes italiennes et françaises, le sommet enneigé du Mont Blanc a mis au défi les alpinistes les plus talentueux, ainsi que les scientifiques qui tentent de comprendre comment la montagne est façonnée par sa couverture glaciaire.

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Habituellement, les glaciers érodent les surfaces et transportent les sédiments, creusant des vallées profondes dans les chaînes de montagne et abaissant les sommets alors que la glace se déplace lentement vers le bas.

Comment la glace façonne-t-elle les plus grandes montagnes du monde?

Mais au cours des dernières années, les recherches ont suggéré que les glaciers ont un rôle à jouer dans la protection des sommets situés à des latitudes élevées, loin de l'équateur.

La même chose semble désormais s'appliquer pour le Mont Blanc, de latitude moyenne, et pourrait s'appliquer plus généralement aux montagnes de basse à moyenne altitude, d'après ce qu'a indiqué le géologue glaciaire Jean-François Buoncristiani, co-auteur de l'étude.

« C'est intéressant de voir que les mêmes processus ont lieu dans les montagnes du monde entier » a déclaré Jean-François Buoncristiani, qui exerce à l'Université de Bourgogne à Dijon.

Le Mont Blanc croît de 1 millimètre par an du fait du soulèvement tectonique, mais sans l'effet protecteur des glaciers, cela ne serait pas suffisamment rapide pour contrer l'érosion.

L'équipe de l'étude, menée par la glaciologue Céline Godon de l'Université de Savoie à Le Bourget du lac en France, a mesuré les taux d'érosion sous l'un des glaciers les plus importants du Mont Blanc, le glacier des Bossons, et a comparé ces taux aux taux d'érosion des zones dépourvues de glace adjacentes au glacier.

En identifiant les différents types de roches et en datant le zircon minéral dans des échantillons de sédiments prélevés dans la longueur du glacier, les chercheurs ont pu remonter jusqu'à la source des sédiments érodés.

Près du sommet, sous la glace la plus froide du glacier, l'érosion était au moins 16 fois moins efficiente que sous les glaces tempérées de la langue du glacier, plus bas.

L'érosion la plus avancée a été mesurée dans les zones non glaciaires, suggérant que la présence de la glace, notamment lorsqu'elle a gelé sur les montagnes, tempère l'abrasion du substratum rocheux.

Mais les découvertes n'impliquent pas nécessairement que les glaciers protègent toutes les montagnes. Mark Brandon, un géophysicien à l'Université de Yale à New Haven dans le Connecticut, affirme que les glaciers ayant une base humide sont très érosifs.

Il reste à voir comment la glace façonne les plus grandes montagnes du monde, d'après lui.

Jean François Buoncristiani a ajouté que le rôle des glaciers pourrait changer avec l'augmentation des températures liées au réchauffement climatique.

Une augmentation de la fonte de la glace pourrait exposer les sommets montagneux à l'érosion, limitant leur capacité à atteindre des hauteurs encore plus importantes.