Mardi dernier, Victorin Lurel, ministre des Outre-Mer et Frédéric Cuvillier, ministre délégué aux transports, à la mer et à la pêche, conformément à leurs engagements, ont reçu des élus martiniquais et les représentants du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins, en présence du président du comité national, Gérard Romiti.
Cette réunion avait pour vocation de faire le point sur les difficultés rencontrées par la pêche martiniquaise en raison de la pollution des eaux littorales par la chloredécone.
Il s'agissait de préparer la mise en oeuvre de l'accord de fin de conflit signé le 31 décembre à Fort-de-France à l'issue de la grève des marins pêcheurs qui avait bloqué quelque temps le port. Vis-à-vis de cette crise, il s'agissait pour le gouvernement d'apporter d'abord des réponses ponctuelles d'accompagnement très attendues des pêcheurs.
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3,5 millions d'euros pour les pêcheurs martiniquais |
Un fléau à combattre
3,5 millions d'euros. C'est le montant de l'enveloppe destinée aux pêcheurs martiniquais victimes de la pollution des eaux littorales par le chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies jusqu'à son interdiction.
Pour rappel, La chlordécone est une molécule chimique qui a été utilisée pour lutter contre le charançon du bananier. L'introduction de cette molécule date de 1972 et son interdiction définitive de 1993. En Guadeloupe, la contamination des sols par la chlordécone est localisée essentiellement dans le sud de la Basse Terre et concerne environ 6 500 ha qui ont porté des bananiers pendant la période d'utilisation de cette molécule. En Martinique, la pollution est plus diffuse sur le territoire et concerne environ 14 500 ha, les surfaces les plus contaminées étant situées dans le nord est de l'île.
Cette pollution par la chlordécone constitue, par son ampleur et sa persistance dans le temps, un enjeu sanitaire, environnemental, agricole, économique et social important pour les Antilles. Sa découverte dans certaines eaux de consommation de Guadeloupe et de Martinique, a conduit à mobiliser depuis 1999 les services de l'Etat et ses opérateurs, au niveau national et au sein de plans locaux lancés par les préfets des départements antillais. En Guadeloupe, le problème de la qualité de l'eau des communes du sud de la Basse Terre a été traité au début de l'année 2000, et toutes les eaux de distribution publique sont désormais conformes à leur limite de qualité vis-à-vis de ce pesticide. La pollution des sols entraînant un transfert de la contamination vers les eaux douces et les eaux littorales, des mesures de prévention ont été prises depuis 2003, pour éviter la contamination des produits alimentaires cultivés sur des sols contaminés.
Le gouvernement a mis en place un plan d'action, conçu dans la concertation à la fin de l'année 2007, avec tous les partenaires associés pour gérer les conséquences de cette pollution. Ce premier plan comprenait 40 actions visant à :
· connaître l'étendue de la pollution,
· maîtriser les conséquences possibles pour la santé et l'environnement,
· permettre à la population d'être informée et de disposer d'aliments sains,
· venir en aide aux producteurs impactés par la contamination du sol ou des eaux.
Mais si l'enjeu de la réunion tournait autour d'une aide de 3,5 millions d'euros (2 pour l'Etat, 750 000 euros pour chacune des deux collectivités), l'attente des professionnels étaient aussi d'avoir une perspective avec une politique structurée.
Des pécheurs peu satisfaits
On peut facilement conclure que la réunion s'est soldée par un véritable échec. Quatre heures de discussions, un clash et, au final, des pêcheurs à peu près satisfaits.
Notons que Victorin Lurel et Frédéric Cuvillier ont réaffirmé l'engagement de l'État de débloquer rapidement une aide d'urgence de 2 millions d'euros, conformément au protocole d'accord signé le 31 décembre 2012. Ils ont pu débattre aujourd'hui avec les pêcheurs et les élus des détails de ces aides, en veillant bien évidemment à leur compatibilité avec les règlements européens.
Victorin Lurel et Frédéric Cuvillier ont également confirmé l'engagement d'examiner la situation des cotisations et dettes sociales en lien avec les différents organismes concernés. Les deux ministres ont souhaité que soit engagée avec l'ensemble des professionnels une réflexion sur la mise en place d'un plan d'avenir ambitieux pour la pêche dans les outre-mer, peut on lire dans un communiqué de presse.