L'exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis a bouleversé les rôles traditionnels joués par les grandes puissances sur le plan environnemental, donnant des carburants propres aux Etats-Unis, et le charbon américain venant polluer l'Europe.
C'est une transition ironique pour l'Union Européenne, dont la politique énergétique est en grande partie basée sur la promotion des énergies renouvelables et qui s'est dotée d'un objectif visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020.
Les Etats-Unis de leur côté n'ont pas ratifié le Protocole de Kyoto, traité international de lutte contre le changement climatique et les émissions mondiales, et leurs objectifs à échelle nationale sont bien moins ambitieux que ceux de l'Europe.
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Tandis que la production de gaz de schiste a fourni une surabondance d'énergie bon marché aux Etats-Unis, elle a aussi conduit à un surplus de charbon à bas coût en Europe  |
Les analystes de Point Carbon, ont estimé que l'augmentation de la consommation de charbon par l'Union Européenne entraînera une augmentation de 2,2% des émissions de dioxyde de carbone de l'Union cette année, après une chute de 1,8% en 2011.
Les émissions des Etats-Unis néanmoins devraient diminuer d'un pourcentage environ équivalent -2,4%-, principalement grâce à une utilisation réduite du charbon, d'après les estimations publiées par l'Administration américaine d'Information sur l'Energie (EIA).
Une tendance qui ne devrait pas durer au-delà de 2012
Cependant, les Etats-Unis restent un producteur de gaz à effet de serre plus important que l'Union Européenne, se classant deuxième mondial après la Chine. Par ailleurs, la tendance 2012 ne devrait pas durer alors que la combustion de charbon aux Etats-Unis devrait rebondir tandis que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l'Europe augmentera, réduisant par conséquence les émissions de dioxyde de carbone du bloc.
« Le secteur des énergies renouvelables est très influencé par la politique. Les Etats membres de l'Union Européenne se sont engagés à des objectifs contraignants en matière d'énergies renouvelables à horizon 2020, et de ce fait, nous nous attendons à voir leur capacité d'énergies renouvelables augmenter » a déclaré Morten Hultberg Buchgreitz, directeur adjoint du département des énergies éoliennes de la société DONG Energy.
Un surplus de charbon à bas prix en Europe
Tandis que la production de gaz de schiste a fourni une surabondance d'énergie bon marché aux Etats-Unis, elle a aussi conduit à un surplus de charbon à bas coût en Europe.
Les exportations de charbon américain vers l'Europe ont augmenté de 29% au cours du premier trimestre de l'année, par rapport à 2011, une tendance qui a réduit la demande de gaz européen de manière considérable, d'après Bernstein Research.
La demande de gaz européen, d'un autre côté, a aussi diminué dans les centrales électriques alors que les prix ont augmenté, du fait d'une augmentation du marché du pétrole et d'une compétition accrue avec le gaz naturel liquéfié alors que le Japon remplaçait son énergie nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima l'an dernier.
L'Allemagne donne une bonne illustration de cette différence de prix. Ses compagnies électriques ont jusqu'à présent gagné une moyenne de 6,5 euros par mégawatt-heure 'MWh) pour l'électricité produite les mois suivants dans les centrales à charbon, contre une perte de 7,9 euros par MWh dans les centrales à gaz.
La combustion du charbon varie en fonction des évaluations constantes des compagnies électriques des marges de profits du gaz comparé au charbon. Ces chiffres dépendent du prix du combustible, des permis carbone et des prix de l'électricité.
« En Europe, il faudrait une augmentation de 50% des prix du charbon pour effacer l'avantage de prix du charbon sur le gaz naturel » a déclaré Paolo Coghe, analyste pour la Société Générale.
En France, qui dépend principalement des centrales nucléaires mais qui utilise aussi du charbon et du gaz lors des pics de la demande, les centrales à charbon ont produit 44% plus d'électricité au cours des huit premiers mois de 2012 que pour la même période en 2011.
La consommation de charbon en Grande-Bretagne était 43% plus importante pour la première moitié de cette année par rapport à l'an dernier.
Cette tendance pourrait cependant ne pas dépasser l'hiver. Certaines des centrales à charbon en question devraient fermer d'ici la fin de l'hiver alors que les générateurs arriveront bientôt à la limite des heures d'activité autorisées dans le cadre d'une Directive européenne visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.