Un tout nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) vient de démontrer qu'une action urgente des gouvernements et de l'industrie est nécessaire pour limiter l'augmentation des risques sanitaires et environnementaux posés par la gestion non durable des produits chimiques à travers le monde.
Intitulé Global Chemicals Outlook" (en français 'Perspectives mondiales en matière de produits chimiques'), ce tout nouveau rapport estime que ces risques sont aggravés par des modifications constantes dans les modes de production, d'utilisation et d'élimination des produits chimiques. Le problème concerne aussi bien les pays développés et que les pays émergents et les économies en développement, où les garanties et les règlements sont souvent plus faibles.
En gros, le rapport met en évidence le lourd fardeau économique que représente ces substances chimiques, en particulier pour les pays en développement, peut on lire dans un communiqué de presse.
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Produits chimiques : des mesures d'urgence pour réduire les risques sur la croissance, la santé et l'environnement |
Quelques exemples :
· En Afrique sub-saharienne, on estime que les coûts résultant des intoxications aux pesticides dépassent maintenant le somme totale annuelle de l'aide publique au développement accordée à la région en matière de soin de santé de base, à l'exclusion de l'aide publique pour le VIH/SIDA.
· Dans la même région, on estime que le coût total des maladies et des blessures liées aux pesticides pourrait atteindre 90 milliards de dollars (USD) d'ici 2020.
Pour le PNUE, une gestion saine des produits chimiques peut aider à réduire les charges financières, les problèmes de santé et les niveaux de pollution. Cela aurait aussi un impact positif sur les moyens de subsistance, la préservation des écosystèmes, et le développement des technologies vertes, indique l'étude.
« Les communautés du monde entier - et plus particulièrement dans les pays émergents et dans les pays en voie développement - sont de plus en plus dépendantes des produits chimiques, des engrais, des produits en plastiques et des produits électroniques, pour développer leurs économies et améliorer leurs revenus (') Cependant si les produits chimiques peuvent fournir des bénéfices, cela ne doit pas se faire au détriment de la santé humaine et de l'environnement. La pollution et les maladies liées à l'utilisation, à la production et à l'élimination non durable des produits chimiques peuvent gravement entraver les progrès et l'accomplissement des objectifs de développement clés. En effet, cela affecte l'approvisionnement en eau, la sécurité alimentaire, le bien-être et la productivité des travailleurs. Réduire les risques et améliorer la gestion des produits chimiques, à tous les stades de la chaîne d'approvisionnement, est donc une composante essentielle de la transition vers une économie verte, sobre en carbone et économe en ressources », a déclaré Achim Steiner, Secrétaire général adjoint de l'ONU et Directeur exécutif du PNUE.
Le rapport "Global Chemicals Outlook" indique que le rythme des progrès a été lent, et que les résultats sont trop souvent insuffisants :
· Sur les 140.000 produits chimiques présents sur le marché actuellement, seul une petite fraction a été soigneusement évaluée afin de déterminer ses effets sur la santé humaine et l'environnement.
· Dans les pays de l'OCDE, les données indiquent que les produits chimiques inorganiques (tels que l'hydrogène sulfuré, l'ammoniac, l'acide sulfurique et l'acide chlorhydrique) et les produits chimiques organiques (tels que le styrène, le formaldéhyde, le toluène et l'acétaldéhyde) sont les polluants atmosphériques le plus souvent libérés dans l'atmosphère, et dans les plus grandes quantités.
· Parmi les polluants rejetés en quantités importantes dans les eaux de surface des pays de l'OCDE (principalement), on retrouve à nouveau des produits chimiques inorganiques (comme l'acide nitrique, l'ammoniac et les composés chimiques de manganèse) ainsi que des produits organiques (tels que le méthanol, l'éthylène glycol, le phénol, le toluène et le formaldéhyde).
· On estime que jusqu'à 75% des e-déchets (déchets électroniques) générés en Europe, et environ 80% des e-déchets générés aux Etats-Unis, ne sont jamais comptabilisés.
· Les intoxications dues aux produits chimiques industriels et agricoles sont parmi les cinq principales causes de décès dans le monde. Cela équivaut à plus de 1 million de décès par an et à 14 millions d'années de vie ajustées à cause de handicaps. Le taux d'accidents industriels involontaires impliquant des produits chimiques continue de croître rapidement.
Et ceci, pour ne citer que quelques exemples. Au cours des quatre dernières décennies, de nombreux pays ont créé des cadres juridiques, des autorités réglementaires et d'autres mesures visant à réduire les risques liés aux produits chimiques.
Le rapport liste les approches clés pour une transition mondiale vers une meilleure gestion des produits chimiques, plus particulièrement dans les pays en voie de développement et dans les économies émergentes, à savoir :
· Intégration - Une gestion saine des produits chimiques doit être complètement intégrée dans les plans nationaux économiques et sociaux. Les responsabilités en la matière sont souvent partagées entre plusieurs organismes, ce qui conduit à des réponses fragmentées et inefficaces.
· Les nombreuses parties prenantes - Dans beaucoup de pays, se sont les sociétés commerciales qui disposent des capacités techniques et de l'information la plus complète sur les produits et les déchets chimiques. Par conséquent, les producteurs, les fabricants et les importateurs devraient être en première ligne en ce qui concerne la gestion sécurisée des produits chimiques, ils devraient aussi jouer un rôle actif dans l'élaboration des politiques gouvernementales.
· Prévention - Les gouvernements nationaux des pays émergents et des pays en voie de développement devraient élaborer des politiques publiques qui mettent l'accent sur la prévention des risques et la promotion des alternatives plus sûres, plutôt que de se concentrer uniquement sur l'assainissement des sites pollués.
· Renforcement des capacités - Les coûts qui résultent d'une gestion efficace des produits chimiques et des déchets demeurent un obstacle pour de nombreux pays. Il existe un besoin urgent d'aide financière venant des pays développés et des donateurs internationaux. Les gouvernements des pays émergents et des pays en développement devraient promouvoir l'innovation et l'utilisation de produits chimiques plus sûrs afin d'attirer les investissements.
Le rapport "Global Chemicals Outlook" propose d'autres recommandations spécifiques destinées aux pays, aux entreprises et à la société civile, et ce pour accélérer les progrès vers l'objectif de 2020. Il s'agit notamment de :
· Construire des approches et des analyses cohérentes pour surveiller les taux d'expositions chimiques et leurs effets sur l'environnement et la santé.
· Analyser systématiquement le coût économique des effets qu'ont les produits chimiques.
· Adopter et mettre en 'uvre des instruments juridiques qui définissent les responsabilités du secteur public et privé en matière de contrôle des produits chimiques.
· Générer un ensemble de références harmonisées concernant les effets des produits chimiques sur la santé et sur l'environnement, et rendre cette table de références accessible au public.
· La société civile devrait participer activement aux prises de décisions sur la sécurité chimique, et ce à tous les niveaux.
(Source : PNUE)