L'augmentation des cas de mauvaise utilisation de produits chimiques crée des dommages environnementaux et pour la santé, notamment dans les économies en développement, et les gouvernements devraient faire davantage pour mener à bien un nettoyage promis d'ici 2020, d'après ce qu'indique un rapport publié par les Nations Unies mercredi.
La production et l'utilisation de produits chimiques -depuis les plastiques jusqu'aux pesticides- se développe dans les pays en développement, où les protections et réglementations sont souvent moins strictes, d'après ce qu'a indiqué le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).
La mise aux ordures et le recyclage inappropriés sont souvent aussi un facteur de risque.
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Une meilleure gestion des produits chimiques pourrait aider à passer à une économie plus verte qui préserverait l'environnement et encouragerait la croissance.  |
Les empoisonnements aux produits chimiques industriels et agricoles font partie des cinq principales causes de décès dans le monde, et contribuent à plus d'un million de morts chaque année, d'après ce que le PNUE a déclaré dans un communiqué de son rapport Global Chemicals Outlook.
« Les bénéfices que les produits chimiques peuvent fournir ne doivent pas se faire aux dépends de la santé humaine et de l'environnement » a déclaré Achim Steiner, directeur du PNUE, à propos de cette première évaluation des produits chimiques réalisée par l'ONU.
Le rapport ajoute que les produits chimiques sont prépondérants dans les produits modernes, depuis la nourriture jusqu'aux téléphones portables, et impliquent que des millions de personnes vivent « des vies plus riches, plus productives et plus confortables ».
Des scientifiques ont évalué les risques liés à l'utilisation d'une fraction seulement des 140 000 produits chimiques commercialisés dans le monde, depuis les plastiques jusqu'aux pesticides, d'après le PNUE.
Les gouvernements ont promis en 2002, et réaffirmé cet engagement lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en Juin, de produire et d'utiliser les produits chimiques d'ici 2020 « de manière à minimiser les effets négatifs significatifs sur l'environnement et la santé humaine ».
Les progrès réalisés pour améliorer les protections et les réglementations et pour trouver de meilleures méthodes de production ont été « lents » jusqu'à présent, et les résultats « sont trop souvent insuffisants » d'après le PNUE.
Le rapport liste les entreprises Bayer, Boots ou BASF comme figurant parmi celles ayant trouvé des manières d'éviter d'utiliser les produits chimiques dangereux.
« Le monde n'est pas en bonne voie » d'atteindre l'objectif de 2020, d'après ce qu'a indiqué Mounkaila Goumandakoye, un directeur d'un bureau régional du PNUE en Afrique, lors d'une conférence de presse à Nairobi au Kenya. Les réserves de pesticides dangereux et obsolètes en Afrique représentent 50 000 tonnes à l'heure actuelle, d'après lui.
Des produits chimiques tels que l'ammoniac, le styrène et le formaldéhyde font partie des polluants de l'air les plus courants. Les produits chimiques s'écoulant dans l'eau peuvent être de l'acide nitrique, du manganèse, du méthanol et du formaldéhyde.
Le rapport indique que la valeur de la production mondiale de produits chimiques est passée de 171 milliards de dollars en 1970 à 4,12 trillions de dollars en 2010, mais sans que les protections environnementales adéquates soient systématiquement mises en place.
Et la part produite par les nations riches dans l'Organisation pour la Coopération et le Développement Économique a chuté de 77% à 63% entre 2000 et 2009, tandis que les grandes nations en développement telles que la Chine et l'Inde représentent désormais une part croissante.
Les risques sont liés « au passage de la production, de l'utilisation et de la mise aux ordures des produits chimiques des pays développés aux économies émergentes et en développement, où les protections et les réglementations sont souvent moins strictes » a déclaré le PNUE.
Une meilleure gestion des produits chimiques pourrait aider à passer à une économie plus verte qui préserverait l'environnement et encouragerait la croissance.
« La gestion durable des produits chimiques est un domaine aussi important que l'éducation, le transport, les infrastructures, les services de santé et d'autres services publics essentiels » indiquait Maria Neira, directrice de la santé publique et de l'environnement pour l'Organisation Mondiale de la Santé.
L'abandon progressif du plomb dans l'essence ces dernières années par exemple a entraîné des bénéfices mondiaux estimés à 2,45 trillions de dollars par an, soit 4% du PIB mondial, d'après le PNUE. On a par ailleurs découvert que le plomb pouvait entraîner des problèmes cérébraux.