En voici un revirement total de position. La France tourne officiellement le dos au Mercure Dentaire.
En effet : « compte tenu des préoccupations environnementales et des questions émergentes relatives aux conséquences de la multi-exposition et aux effets des faibles doses, ['] les autorités françaises ne s'opposent pas à une suppression des amalgames au mercure dans le traitement de la maladie carieuse. »
Cette annonce faite par les ministères de l'Environnement et de la Santé, contredit l'argumentaire de l'Afssaps, totalement compromise dans ce dossier.
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La France tourne officiellement le dos au mercure dentaire |
L'association Non Au Mercure Dentaire, issue d'une coalition de plusieurs ONG, dont le RES, déclare : « Nous croyons que cette annonce pèsera très favorablement dans le cadre de la révision de la stratégie communautaire et des négociations internationales sur le mercure où elle s'inscrit. La victoire est considérable pour Non Au Mercure Dentaire, qui se bat sur ce dossier depuis quinze ans, ainsi que pour les associations qui l'ont rejointe ces dernières années en dénonçant la toxicité de ces « plombages » dont on a rempli les bouches de tous les Français' alors qu'ils sont composés pour moitié de mercure, une substance si dangereuse qu'elle est interdite de poubelle ! ».
Sous forme de plombages et d'amalgames pour soigner les caries, 17 à 18 tonnes de mercure seraient placées chaque année sur les dents des Français. Pourtant, de nombreuses études révèlent le rôle du mercure dans des troubles neurologiques. Pour l'Afssaps, qui s'appuie sur des rapports entachés de conflits d'intérêts, le mercure dentaire, dans son utilisation actuelle, ne présente pas de véritables risques. Des associations dénoncent l'isolement des autorités françaises. Et appellent à suivre l'exemple de plusieurs pays européens qui ont interdit l'utilisation du mercure dentaire.
C'est aussi une belle récompense posthume pour le médecin lanceur d'alerte Jean-Jacques Melet qui, du fait même de son alerte, s'était trouvé en butte à l'hostilité du Conseil de l'Ordre des médecins et de celui des dentistes jusqu'à son suicide, en 2005.
« Cette avancée majeure ne doit pas cependant inviter au relâchement. Il va falloir veiller à ce que la transition vers une dentisterie sans mercure se fasse dans les délais les plus brefs, et s'assurer que les praticiens soient accompagnés dans cette étape délicate. Les dentistes français n'ont pas été suffisamment formés à utiliser des matériaux d'obturation alternatifs, dont la résistance et la longévité dépendent de la qualité de la pose. Il va falloir surtout s'assurer que tout travail sur l'amalgame se déroule désormais dans les conditions les plus précautionneuses possible : en effet, c'est quand on fraise l'amalgame qu'il libère le plus de vapeurs de mercure, si bien que, sans protocole rigoureux, ces interventions présentent des risques majeurs d'empoisonnement. Il faudra aussi que les patients intoxiqués bénéficient d'une reconnaissance et d'une prise en charge adéquate : à ce jour, ils sont condamnés soit à une errance médicale, soit à s'exiler pour obtenir des soins dans les pays voisins, car les médecins français n'ont appris ni à diagnostiquer ni à traiter l'intoxication chronique au mercure », conclut l'association.
À ce jour, d'autres Dispositifs Médicaux contenant des matériaux toxiques sont utilisés de manière extrêmement courante : ainsi des composites dentaires contenant du bisphénol A, des poches à perfusion contenant des phtalates ou des prothèses de la hanche en chrome-cobalt. En attendant une évolution de la réglementation européenne, nous attendons de l'ANSM qu'elle se saisisse immédiatement de ces questions.