La maladie professionnelle est un préjudice physique réalisé progressivement et en rapport avec l'exposition habituelle à un risque précis. Dans la fonction publique, la maladie professionnelle est appelée maladie contractée en service. Toutes les professions sont exposées mais certaines plus que d'autres notamment celles des industries d'extraction, du bâtiment, de la métallurgie, du bois. A noter l'augmentation permanente des maladies professionnelles en rapports avec les gestes répétitifs, qui représentent actuellement la moitié des maladies professionnelles recensés.
La notion de maladie à caractère professionnel (MCP) a été introduite en France par le législateur dès 1919, en vue, tant de la prévention des maladies professionnelles que d'une meilleure connaissance de la pathologie professionnelle et de l'extension ou de la révision des tableaux. C'est une notion qui ne correspond pas à la classification internationale, car elle peut comprendre toutes les trois catégories susmentionnées, surtout les maladies liées au travail (en anglais : « work-related diseases »).
En pratique, le concept de MCP s'avère utile car il permet d'avancer dans deux directions différentes, également importantes :
· au niveau collectif : la surveillance épidémiologique des maladies susceptibles à être d'origine professionnelle et le développement du système de reconnaissance des maladies professionnelles ;
· au niveau individuel : l'identification des facteurs professionnels qui susceptibles d'altérer l'état de santé des salariés, en vue de leur maîtrise par l'employeur.
Le système français de santé au travail est largement développé mais l'impact des déterminants professionnels sur la santé de la population est encore mal connu.
C'est pourquoi, l'Institut de veille sanitaire, en collaboration avec l'Inspection médicale du travail, s'est appuyé sur un dispositif législatif pour mettre en place un programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP) signalées par un réseau des médecins du travail qui surveillent l'ensemble des salariés en activité.
A cet effet, les résultats des huit régions ayant participé au programme en 2008 ont été présentés dans le BEH du 5 juin 2012.
Les résultats de l'enquête menée en 2008 démontrent que le taux de signalement est de 5,7 %. Les prévalences sont plus élevées chez les femmes que chez les hommes, à l'exception des troubles de l'audition. Les principales pathologies sont les pathologies de l'appareil locomoteur (hommes : 2,7 % ; femmes : 3,6 %) et la souffrance psychique (hommes : 1,1 % ; femmes : 2,4 %). Les prévalences des troubles musculo-squelettiques les plus élevées sont observées dans le secteur de la construction chez les hommes (4,6 %) et dans l'industrie chez les femmes (6,6 %). La prévalence de la souffrance psychique est la plus élevée dans le secteur financier pour les deux sexes (hommes : 3,5 % ; femmes : 4,9 %). La prévalence de la souffrance psychique est plus faible chez les ouvriers (hommes : 0,7 % ; femmes : 1,6 %) que chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (hommes : 1,7 % ; femmes : 3,7 %), peut on lire dans un communiqué de presse.
Notons que ce programme, inscrit dans le Plan santé au travail 2010-2013, et s'étend progressivement pour atteindre 15 régions en 2012. Ces résultats sur l'altération de la santé liée au travail constituent des outils d'observation, d'aide à la décision et d'information d'une importance majeure.
Le PST1 visait à réformer le dispositif national de prévention des risques professionnels en renforçant les moyens d'intervention de l'administration et de l'inspection du travail. L'année 2009, sa dernière année de mise en 'uvre, a permis d'impulser une nouvelle dynamique en matière de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs. Couvrant la période 2010-2014, le deuxième PST renforce les mesures initiées.
Ambitieux, ce nouveau plan, conforme à la stratégie européenne de santé au travail 2007-2012, a pour objectif de réduire de 25% les accidents du travail et de mettre fin à la croissance ininterrompue du nombre de cas de maladies professionnelles depuis 10 ans.
En effet, le bilan du 1er PST est mitigé : la fréquence des accidents du travail a diminué mais le nombre de maladies professionnelles augmente. Dans ce contexte, le Ministre du Travail, Eric Woerth, a rappelé la nécessité de ne pas relâcher les efforts.