Le 19 avril dernier, une délégation du Réseau Environnement Santé (RES) et de l'Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings (ADVEPP) a été reçue par le Directeur Général de la Santé.
Les ministères de la santé et de l'écologie ont annoncé leur intention d'accélérer les mesures d'interdiction de l'utilisation du perchloréthylène dans les pressings. Ce produit toxique, utilisé comme solvant pour le nettoyage à sec, est dangereux pour les reins et le système nerveux, irritant pour les yeux et les voies respiratoires.
En effet, le Directeur Général de la Santé a annoncé le principe de l'interdiction du perchlo dans les pressings selon les modalités suivantes :
· Interdiction immédiate dans les installations nouvelles
· Fermeture immédiate des installations induisant une contamination des riverains supérieure à 1250 microgrammes par mètre cube (1250 µg/m3)
· Arrêt au 1er janvier 2014 des installations de plus de 15 ans
· Arrêt des installations existantes dites non NF au 1er janvier 2018
· Arrêt des installations NF au 1er janvier 2022
Pour rappel, le RES, l'ADVEPP et Générations Futures demandaient que la norme définie par l'Agence de Protection de l'Environnement des États-Unis à 40 µg/m3 soit prise en compte en France.
Les associations qui ont été reçues, jeudi 19 avril, par le directeur général de la santé peuvent afficher leur satisfaction.
Pour Michèle RIVASI, porte parole d'Eva JOLY, il était grand temps d'avancer sur ce dossier, avant qu'un nouveau scandale sanitaire éclate.
« Le perchlo a été classé cancérogène probable chez l'homme. Il y a un risque de toxicité pour le système nerveux central (SNC), les reins, le foie, le système immunitaire et hématologique et le système de reproduction. Plus de 15.000 personnes sont exposées professionnellement à ce produit chaque année. De plus, les habitants qui demeurent à proximité sont exposés à ces vapeurs capables de traverser 3 épaisseurs de béton ! Le Danemark a pris la décision d'interdire l'utilisation de cette substance il y a près de 9 ans, et les Etats-Unis il y a 6 ans. Pourquoi faut-il toujours que la France soit à la traîne sur des sujets de santé publique aussi importants? Les produits chimiques et toxiques qui nous entourent nous empoisonnent à petit feu. Il n'est donc pas étonnant d'apprendre que l'espérance de vie en bonne santé baisse en France, en raison de l'épidémie de maladies chroniques (cancers, diabètes, maladies cardiovasculaires...). Les crises sanitaires que nous vivons ne sont pas le fruit d'un malheureux hasard, mais la conséquence d'un système que nous devons entièrement revoir », explique l'eurodéputée verte.
Dans ce sens, un texte devrait être pris mi-mai, pour interdire le solvant dans les nouvelles installations, et imposer la fermeture immédiate des installations trop dangereuses, qui l'utilisent à une concentration supérieure à 1250 microgrammes par mètre cube. Mais il faudra attendre 2022 pour l'arrêt des installations NF (certification AFNOR), peut on lire dans un communiqué de presse.
En attendant, le RES, l'ADVEPP et Générations Futures vont continuer à agir pour préserver la santé des riverains et des travailleurs des pressings. Elles les appellent à se manifester auprès des Agences Régionales de Santé et des Préfectures pour obtenir un contrôle de leur contamination.
Sur les quelque 5 000 pressings recensés en France, 90 % utilisent le perchloréthylène, et nombreux sont ceux situés dans des centres ou des galeries commerciales.