Le 22 Mars dernier, l'IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux), annonçait que le total autorisé des captures (TAC) fixé à 400 000 phoques du Groenland par le ministère Pêches et des Océans Canadien (MPO) pour la saison de chasse 2012, reflète non seulement son obstination à poursuivre la chasse malgré l'absence de marché pour les produits dérivés du phoque, mais également sa réticence à préserver les ressources sous-marines et à se soumettre aux obligations internationales en matière de gestion des ressources halieutiques.
Selon une récente étude des scientifiques du ministère, la population de phoques du Groenland diminue, la reproduction de la colonie est en net déclin, l'état des glaces est de plus en plus mauvais et la chasse non règlementée du Groenland aura dans l'avenir un impact majeur sur cette population.
« En fixant le TAC à 400 000 phoques du Groenland, le Ministre canadien des Pêches et des Océans rejette l'avis scientifique de son propre département de recherche et réduit à néant tout espoir de gestion raisonnable. Les chasseurs savent bien que la faible demande ne justifie pas la mort d'un tel nombre de phoques. Ce quota constitue un véritable affront pour les scientifiques du gouvernement canadien et une insulte aux chasseurs.» déclare Sheryl Fink, Directrice du programme phoques d'IFAW.
Une condamnation à mort pour des milliers d'animaux. C'est ainsi que le Fonds international pour la protection des animaux a qualifié la décision récemment prise par le gouvernement canadien.
Conformément au plan de gestion du MPO, les TAC doivent refléter les dernières connaissances disponibles concernant l'état des populations, les changements environnementaux et les variations des taux de mortalité dans l'Arctique, au Canada et au Groenland.
D'après le dernier rapport sur les phoques du Groenland, publié par les scientifiques du MPO, « pour respecter le plan de gestion, le nombre de captures devrait s'élever au maximum à 300 000 animaux ».
« Étant donné l'inquiétude exprimée par les scientifiques pour la conservation et la réalité actuelle du marché, il est difficile de comprendre comment le Ministre pourrait légitimer un taux de captures aussi élevé. Le Canada essuie actuellement de fortes critiques pour le non respect de ses engagements internationaux relatifs à la gestion des pêches. Et il est désormais évident que, même lorsque des plans de gestion sont mis en place, ceux-ci ne sont tout simplement pas respectés » ajoute Sheryl Fink, dans un communiqué de presse.
La chasse aux phoques, traditionnelle ou commerciale, est pratiquée dans plusieurs pays, principalement au Canada, au Groenland et en Namibie, dans le but d'en récupérer principalement la fourrure mais aussi la viande, la graisse (ou l'huile) et les os.
Les phoques sont chassés généralement sur la glace, soit à distance au moyen d'une arme à feu, soit à proximité au moyen d'un hakapik.
Pratiquée traditionnellement depuis plusieurs milliers d'années par divers peuples surtout pour l'alimentation humaine, la chasse prend une tournure principalement commerciale au fil des siècles. Durant les années 1960, la popularité de la fourrure de phoque dans l'industrie de la mode européenne augmente, au même moment ou l'opposition à la chasse s'organise. La chasse du blanchon est interdite en 1987.
En effet, la chasse anime un débat dont les antagonistes sont principalement les chasseurs et les opposants à la chasse, parfois appelés groupes animalistes. Des scientifiques, des personnalités politiques et des célébrités participent aussi au débat. Des faits, images et témoignages, avérés, faux ou manipulés, sont mis de l'avant par les différents camps, souvent dans le but d'influencer l'opinion publique. Quelques artistes se sont également inspirés de la chasse aux phoques. Parmi les arguments fréquemment utilisés par les opposants à la chasse figurent la cruauté, l'inefficacité des méthodes de chasse, la possibilité de remplacer les produits du phoque, le faible impact économique et l'impact environnemental. Ceux soutenant la chasse clament souvent la situation économique précaire des communautés de pêcheurs, les qualités nutritives des produits du phoque, l'efficacité des normes et des méthodes de chasses et la population saine de phoque.
Plusieurs pays, incluant certains ayant historiquement chassé le phoque, dont l'Union européenne et les États-Unis, interdisent en tout ou en partie la chasse ou le commerce des produits du phoques. La plupart des pays permettant la chasse disposent eux-mêmes de réglementation à ce sujet. Certains autres pays comme la Chine ouvrent leur marché aux produits.
Notons que les principaux marchés de produits dérivés du phoque sont aujourd'hui fermés et IFAW considère que ce n'est qu'une question de temps avant que la chasse aux phoques commerciale ne prenne fin. La valeur économique de la chasse aux phoques dans l'Atlantique a fortement chuté au cours des cinq dernières années ; seuls 225 chasseurs ont pris part à la saison de chasse 2011, pour une valeur au débarquement d'un peu plus d'un million de dollars canadiens.
« La chasse aux phoques commerciale est à l'agonie. La question est désormais de savoir si le gouvernement du Canada fera ce qu'il faut pour aider les chasseurs à se reconvertir, ou s'il continuera à alimenter de faux espoirs en établissant des quotas trop élevés et en prétendant que cette industrie a de l'avenir, alors que ce n'est clairement pas le cas. »
Dans ce cadre, IFAW appelle le gouvernement fédéral à mettre fin à la chasse aux phoques commerciale et à chercher de nouvelles pistes pour les chasseurs de phoques et leurs communautés, plutôt que de continuer à gaspiller l'argent du contribuable en assistant une industrie mourante et non viable sur le plan économique.