L'Autorité de sûreté nucléaire a publié, le 03 Janvier, son rapport concernant les évaluations complémentaires de sûreté réalisées par les exploitants (Areva, EDF, CEA).
Pour Greenpeace : « ce rapport ne permet absolument pas de conclure que nos installations nucléaires sont sûres pour au moins deux raisons majeures ».
L'ASN était chargée d'un audit de sécurité des 58 réacteurs nucléaires français après la catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon, en mars 2011.
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Selon l'ASN, les sites nucléaires français ne sont pas sûrs |
L'Autorité de sûreté nucléaire a estimé ce mardi que les centrales françaises ne présentaient aucun risque. Elle a cependant recommandé la mise en place d'un processus d'urgence visant à faire face si "l'improbable se produisait". L'accident de Fukushima au Japon a, en effet, poussé les experts à repenser les normes de sécurité. Ils prennent désormais en compte "les risques improbables" afin de parer à toute situation. Mais Sophie Mourlon, la directrice adjointe de l'organisation reconnaît cependant qu' "un accident n'est jamais exclu."
Pour rappel, le cahier des charges du travail de l'ASN fixé par le gouvernement en mars dernier, après la catastrophe nucléaire de Fukushima, consistait à analyser la résistance des installations nucléaires françaises face à un séisme ou une inondation d'une importance supérieure à celle envisagée lors de leur conception. Ces facteurs naturels sont loin d'être les seuls risques menaçant les installations nucléaires. Intrusion humaine, chute d'avion, virus informatique : de nombreuses autres menaces rendent les sites nucléaires vulnérables. Greenpeace l'a encore prouvé le 5 décembre dernier en parvenant à s'introduire et à rester sur deux centrales et à atteindre le point le plus sensible : le bâtiment réacteur, peut on lire dans un communiqué de presse.
Suite à cette action, le 19 décembre, François Fillon, en accord avec Nicolas Sarkozy, a demandé, aux ministres de l'Ecologie, de l'Intérieur et de l'Industrie de conduire un nouvel audit de sécurité des installations nucléaires.
A l'issue de ce rapport :
· L'ASN va imposer la mise en place d'un « noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes, pour toutes les installations concernées par le rapport ECS. Les exploitants devront proposer à l'ASN avant le 30 juin 2012 le contenu et les spécifications du « noyau dur » propre à chaque installation.
· L'ASN va imposer la mise en place progressive, à partir de cette année, de la « force d'action rapide nucléaire (FARN) » proposée par EDF, dispositif national d'urgence rassemblant des équipes spécialisées et des équipements permettant d'intervenir en moins de 24 heures sur un site accidenté.
· L'ASN va imposer la mise en place de dispositions renforcées visant à réduire les risques de « dénoyage » du combustible dans les piscines d'entreposage des différentes installations.
· L'ASN va imposer la réalisation d'études de faisabilité de dispositifs supplémentaires de protection des eauxsouterraines et superficielles en cas d'accident grave dans les centrales nucléaires ou les installations de La Hague.
· A noter, qu'au cours de cette conférence de presse, André-Claude Lacoste a particulièrement insisté sur les points suivants : « l'accident de Fukushima marque l'histoire du nucléaire comme ceux de Three Mile Island et Tchernobyl : il y aura un avant et un après Fukushima. Notre approche de la sûreté évolue pour renforcer la robustesse des installations face à des situations extrêmes. Les ECS sont le début de ce processus » ;
· « nous sommes sur des temps longs : le retour d'expérience complet de l'accident de Fukushima peut prendre jusqu'à 10 ans et il est possible qu'il nous amène à réviser notre compréhension actuelle de l'accident » ;
· « nous devons nous garder de la tentation commode de réduire la sûreté nucléaire à l'accumulation de dispositifs techniques : la sûreté nucléaire repose fondamentalement sur les hommes. Le renouvellement des effectifs et des compétences des exploitants est essentiel pour la sûreté » ;
· « l'ASN va édicter prochainement un certain nombre de prescriptions dont la mise en 'uvre commencera immédiatement et s'étendra sur plusieurs années. L'ASN s'assurera de la mise en place des modifications qu'elle a prescrites dans les délais prévus » ;
· « en s'appuyant sur ses stress tests, l'Europe doit être un moteur pour faire progresser la sûreté nucléaire partout dans le monde ».
Afin d'apporter une lecture critique de cet audit, Greenpeace a commandé à deux experts indépendants une analyse qui sera rendue publique le 16 janvier lors d'une conférence de presse.