L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé ce mardi que, des milliards d'euros d'investissements sont nécessaires pour améliorer la sécurité des installations nucléaires françaises mais aucune centrale ne nécessite un arrêt immédiat.
A cet effet, l'ASN impose un renforcement de la robustesse des installations nucléaires face à des situations extrêmes. Elle vient de rendre public son rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) menées à la suite de l'accident de Fukushima.
L'ASN avait été chargée en mars, après la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima, d'un audit de sécurité portant en priorité sur 79 installations nucléaires françaises, dont les 58 réacteurs en fonctionnement, l'EPR de Flamanville (Manche) en cours de construction et les usines de gestion du combustible.
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ASN : les centrales nucléaires françaises sont sûres mais ... |
Selon le rapport, et à l'issue des évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires prioritaires, l'ASN considère que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu'elle ne demande l'arrêt immédiat d'aucune d'entre elles. Dans le même temps, l'ASN considère que la poursuite de leur exploitation nécessite d'augmenter dans les meilleurs délais, au-delà des marges de sûreté dont elles disposent déjà, leur robustesse face à des situations extrêmes, peut on lire dans un communiqué de presse.
A l'issue de ce rapport :
· L'ASN va imposer la mise en place d'un « noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes, pour toutes les installations concernées par le rapport ECS. Les exploitants devront proposer à l'ASN avant le 30 juin 2012 le contenu et les spécifications du « noyau dur » propre à chaque installation.
· L'ASN va imposer la mise en place progressive, à partir de cette année, de la « force d'action rapide nucléaire (FARN) » proposée par EDF, dispositif national d'urgence rassemblant des équipes spécialisées et des équipements permettant d'intervenir en moins de 24 heures sur un site accidenté.
· L'ASN va imposer la mise en place de dispositions renforcées visant à réduire les risques de « dénoyage » du combustible dans les piscines d'entreposage des différentes installations.
· L'ASN va imposer la réalisation d'études de faisabilité de dispositifs supplémentaires de protection des eauxsouterraines et superficielles en cas d'accident grave dans les centrales nucléaires ou les installations de La Hague.
· A noter, qu'au cours de cette conférence de presse, André-Claude Lacoste a particulièrement insisté sur les points suivants : « l'accident de Fukushima marque l'histoire du nucléaire comme ceux de Three Mile Island et Tchernobyl : il y aura un avant et un après Fukushima. Notre approche de la sûreté évolue pour renforcer la robustesse des installations face à des situations extrêmes. Les ECS sont le début de ce processus » ;
· « nous sommes sur des temps longs : le retour d'expérience complet de l'accident de Fukushima peut prendre jusqu'à 10 ans et il est possible qu'il nous amène à réviser notre compréhension actuelle de l'accident » ;
· « nous devons nous garder de la tentation commode de réduire la sûreté nucléaire à l'accumulation de dispositifs techniques : la sûreté nucléaire repose fondamentalement sur les hommes. Le renouvellement des effectifs et des compétences des exploitants est essentiel pour la sûreté » ;
· « l'ASN va édicter prochainement un certain nombre de prescriptions dont la mise en 'uvre commencera immédiatement et s'étendra sur plusieurs années. L'ASN s'assurera de la mise en place des modifications qu'elle a prescrites dans les délais prévus » ;
· « en s'appuyant sur ses stress tests, l'Europe doit être un moteur pour faire progresser la sûreté nucléaire partout dans le monde ».
De son côté, le Premier ministre François Fillon a demandé dans un communiqué aux ministres concernés "de veiller à ce que les exploitants se conforment à l'intégralité des demandes de l'ASN dans le calendrier qui leur est imposé".