En voila une découverte qui fait polémique. Des chercheurs néerlandais du centre médical Erasmus de Rotterdam ont créé un « supervirus grippal, aussi pathogène que celui de la grippe aviaire H5N1 - mortel à 60% des cas - et aussi contagieux qu'un virus saisonnier ».

En effet, le risque de bioterrorisme lié à ce type de recherche et sa publication prévue dans « Science » fait polémique.

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Ces spécialistes de la grippe aviaire ont fait muter un virus grippal H5N1 et créé de fait les conditions optimales de contamination d'homme à homme. Une « avancée » fortuite, alors que les scientifiques en virologie expérimentale cherchaient à mieux connaître le virus H5N1 pour identifier enfin un vaccin.

Le risque de bioterrorisme lié à ce type de recherche et sa publication prévue dans « Science » fait polémique

Le centre hollandais a donc trouvé le supervirus capable de tuer à grande échelle. Il est aujourd'hui conservé dans un bunker. Sachant que pour l'instant, le H5N1 ne se transmet pas entre humains, mais de l'animal à l'homme. Cette fois-ci, les chercheurs ont utilisé des furets pour servir de « passerelle ».

Selon le chercheur néerlandais Ron Fouchier et son équipe ont montré que la mutation du virus H5N1 en une pandémie très contagieuse d'homme à homme, par voie aérienne, se faisait « plus facilement qu'on ne le pensait ». « Cette découverte représente un pas important dans la lutte contre les pandémies. Nous savons aujourd'hui quelles mutations surveiller, ce qui permettra de stopper une épidémie et de développer à temps des vaccins et des médicaments », note les chercheurs, tout en affirmant que la sécurité a été très contrôlée par des experts internationaux.

De son côté, l'agence américaine pour la biosécurité (National Science Advisory Board for Biosecurity - NSABB) a retardé la publication de la découverte et pourrait diffuser prochainement des recommandations pour les recherches dont les résultats peuvent être utilisés à des fins de bioterrorisme, peut on lire dans un communiqué de presse.

Paul Keim, du NSABB explique : « on ne connaît pas d'autre pathogène aussi effrayant que celui-là ». De son côté, Michaël Osterholm, directeur du Center for Infectious Diseases and Policy (Minnesota) et membre du NSABB explique : « nous ne voulons pas donner à des personnes mal intentionnées un mode d'emploi pour transformer quelque chose de mauvais en autre chose de très mauvais ». L'affaire est prise très au sérieux par le monde scientifique.