L'IRSN recueille et analyse régulièrement les données publiées relatives à la contamination de l'environnement terrestre au Japon, après l'accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi. La présente synthèse fournit un état des données récemment acquises, permettant d'actualiser les notes d'information de l'IRSN publiées les 12 avril, 25 mai et 13 juillet. La contamination du milieu marin est décrite dans une note d'information spécifique.
Le Japon a fait des progrès visibles pour stabiliser la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, endommagée par le séisme et le tsunami massifs qui ont frappé le pays en Mars dernier.
Cependant, un nombre important de défis reste à relever, y compris l'enlèvement des débris et la restauration des moyens de subsistance des habitants de la région.
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L'IRSN publie les nouvelles données sur la contamination radioactive au Japon |
Selon les dernières analyses de l'IRSN, les résultats de mesure des dépôts radioactifs au Japon sont de plus en plus nombreux et permettent de préciser leur répartition spatiale.
Ces résultats ont été acquis lors de campagnes de prélèvement systématique de sol réalisées en juin et juillet par un consortium d'universitaires japonais, sur un territoire allant jusqu'à une centaine de kilomètres autour de la centrale accidentée :
· les césiums 134 et 137 sont désormais les deux radionucléides dominants dans les dépôts rémanents au Japon. Dans les zones où les dépôts sont les plus élevés, ces éléments radioactifs entraînent une situation d'exposition durable, principalement au rayonnement gamma ambiant, et un risque de contamination chronique de certaines productions alimentaires ;
· les activités surfaciques les plus élevées sont observées immédiatement à l'ouest de la centrale (14 millions de Bq/m2 en césium 134 et 15 millions de Bq/m2 en césium 137, valeurs comparables à celles présentes à quelques kilomètres de la centrale de Tchernobyl). Au-delà de la zone d'exclusion des 20 km, des activités surfaciques dépassant 3 millions de Bq/m2 ont été mesurées en 3 points situés sur la commune de Namie. A l'extérieur de la zone d'évacuation planifiée mise en place fin avril, aucune valeur mesurée ne dépasse 600 000 Bq/m2 ;
· l'iode 131 a pratiquement disparu de l'environnement japonais, par décroissance radioactive. Il est confirmé que le rapport initial iode 131/césium 137 dans les dépôts était nettement plus important au sud de la centrale que dans la zone du nord-ouest qui a reçu les dépôts les plus élevés. Ceci pourrait s'expliquer par des conditions différentes de formation des dépôts d'un lieu à l'autre, par des différences de formes physico-chimiques de l'iode (gaz ou aérosols) dans l'air au moment où le dépôt s'est formé, ou par des différences de composition isotopique des rejets successifs émis par les réacteurs. L'IRSN est en train d'approfondir l'analyse de ces résultats qui sont importants pour estimer a posteriori les doses à la thyroïde (principalement dues aux iodes radioactifs) susceptibles d'avoir été reçues au moment de l'accident ou au cours des semaines suivantes ;
· depuis le 1er juillet, les concentrations en radionucléides dans les produits végétaux terrestres ont continué de présenter une tendance générale à la baisse. Les dépassements des normes de commercialisation ou de consommation ont principalement concerné :
o des fruits (yuzu) cultivés dans la Préfecture de Fukushima,
o des feuilles de thé de la deuxième et de la troisième récolte de l'année dans plusieurs préfectures,
o certains champignons (log-grown, pholiota nameko et apricot milkcap de la Préfecture de Fukushima),
o de la viande de boeuf issue des Préfectures de Fukushima, Miyagi, Iwate, Tochigi et Akita, ainsi que, plus récemment, de la viande de sanglier.
Dans les zones où les dépôts sont les plus élevés, ces éléments radioactifs entraînent selon l'IRSN, "une situation d'exposition durable, principalement au rayonnement gamma ambiant, et un risque de contamination chronique de certaines productions alimentaires."
Ensuite, les activités surfaciques les plus élevées sont observées immédiatement à l'ouest de la centrale (14 millions de Bq/m2 en césium 134 et 15 millions de Bq/m2 en césium 137, valeurs comparables à celles présentes à quelques kilomètres de la centrale de Tchernobyl). Au-delà de la zone d'exclusion des 20 km, des activités surfaciques dépassant 3 millions de Bq/m2 ont été mesurées en 3 points situés sur la commune de Namie. A l'extérieur de la zone d'évacuation planifiée mise en place fin avril, aucune valeur mesurée ne dépasse 600 000 Bq/m2.
La problématique de l'iode et donc du risque de cancer de la thyroïde pour les jeunes (moins de 18 Ration iode cesium ans, mais surtout moins de 12 ans). Elle est "passée", au sens où l'iode radioactif a pratiquement disparu depuis la mi-avril, mais les médecins tentent de quantifier ce risque par le calcul des doses subies. Il se pose sur deux zones : celle de la "langue" de contamination vers le nord-ouest lors de l'épisode du 15 et 16 mars - lire à cet égard la présentation du problème par Olivier Isnard, en résumé on ne sait pas encore si le risque a été ou non important); mais il y a une seconde zone, moins évidente au regard des premiers relevés, au sud et à l'ouest de la centrale nucléaire révélé par les rapports différents des dépôts iode et césium actuels qui permettent de retrouver les concentrations de mars/avril. Ce sont les zones en rouge sur la carte ci-contre. Il est encore trop tôt pour savoir si le risque pris est ou non important car il faut transformer ces dépôts en doses, ce qui n'est pas facile (cela dépend de l'exposition à l'air puis à la consommation de produits frais durant les six semaines cruciales). En termes d'effet sanitaire de l'accident, il s'agit du sujet le plus important.
La contamination des productions agricoles semble gérable même si cela requiert un effort très important de surveillance et l'application de règles strictes. Ainsi, plus de 10.000 résultats d'analyses (pour les productions terrestres non pour les produits de la mer, pour ces derniers lire ici) ont été communiqués au cours des mois de juillet et d'août sur le site Internet des ministères de l'agriculture et de la santé, dont près de 70 % étaient liés à des analyses de viande de boeuf. Or sur ce total, ciblé sur les produits à risque, plus de 65% étaient en dessous du niveau de détection des appareils. Enfin, il n'y a plus de détection de césium et d'iode dans l'eau potable depuis le 1er juillet.