Il y'a dix années de cela, le 21 septembre 2001, le site de l'usine AZF à Toulouse était secoué par une explosion qui a marqué les esprits et reste l'un des plus graves accidents industriels français à ce jour. Cette explosion aura couté la vie à 30 personnes, et fait 2 500 blessés et de lourds dégâts matériels.
10 ans après, les mesures concrètes de protection des populations tardent à se mettre en place. A quelques jours de la date anniversaire de l'explosion de l'usine AZF, les communes concernées par le risque technologique s'inquiètent. Seulement 101 plans de prévention des risques technologiques (PPRT) ont été approuvés en mai 2011, sur les 374 prescrits. Les riverains se retrouvent également dans l'incapacité de payer eux-mêmes les travaux pour se protéger de leurs dangereux voisins.
En gros, rien ou presque n'a changé dans le quotidien des riverains des sites SEVESO. « Pire, la politique voulue au lendemain de la catastrophe risque de ne jamais voir le jour. La protection absolue souhaitée en 2001 est aujourd'hui toute relative puisque le monde industriel et politique rechigne à investir dans la sécurité et à financer la protection de ces riverains », estime la fédération France Nature et Environnement (FNE).
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Il y'a dix années de cela, le 21 septembre 2001, le site de l'usine AZF à Toulouse était secoué par une explosion qui a marqué les esprits et reste l'un des plus graves accidents industriels français à ce jour |
Selon l'organisme, 647 sites menacent toujours la France. La protection absolue, souhaitée en 2001 est toute relative puisque le monde industriel rechigne à investir dans la sécurité et négocie une sécurité au rabais. Des millions de Français concernés, des milliards d'euros à trouver, des incidents à répétition et une situation quasiment au point mort.
C'est partant de ce constat alarmant, que FNE se mobilise le 21 septembre 2011, afin de sensibiliser public et politiques. FNE a invité Julian Beever, artiste internationalement reconnu pour ses dessins en 3D à la craie, afin de donner l'illusion d'une explosion en plein c'ur de Paris. RV place Raoul Dautry, en face de la gare le mercredi 21 septembre, à 10h17.
« C'est un cratère géant que vont découvrir les parisiens le matin du 21 septembre, devant la gare Montparnasse. Un trou béant, comme après une explosion », prévient FNE.
Selon Bruno Genty, président de France Nature Environnement : « Chacun sait bien que le risque zéro n'existe pas. Si ce constat ne doit pas être un frein à l'activité industrielle, son développement doit s'accompagner d'une prise en charge de la protection des populations exposées au risque qu'elle génère. »
De son côté, Michel Dubromel, vice-président de France Nature Environnement estime : « Malheureusement, les dix ans écoulés depuis la catastrophe d'AZF n'ont pas permis de constater la généralisation du principe « pollueur / payeur » et le risque est grand, en cas de nouvelle catastrophe industrielle, de faire un bilan comparable à celui qui a suivi le drame de Toulouse. »
Voici quelques témoignages de riverains des sites SEVESO, recueillis par FNE :
« Je suis obligé de dormir avec un masque à gaz »
Dans la maison de Mr H, à Porcelette en Moselle, cinq ventilateurs sont presque tout le temps en marche pour lutter contre les émissions de benzène du site voisin. Il a construit 2 extracteurs supplémentaires pour évacuer l'air de sa chambre, mais il arrive que lui et sa femme mettent des masques à gaz pour dormir. Victimes au long cours de pollutions, ils souffrent de problèmes respiratoires.
« Je dois faire face tous les jours à des cuves d'essence »
Mme Y vit à 30 mètres des cuves, qui font face à son jardin à La Rochelle. Cela fait des années que Mme Y et sa famille vivent face à ces 48 cuves de plus de 10 000m3 de Gazole, mais depuis quelques mois seulement, elle sait que si un incendie se déclare, elle et les membres de sa famille peuvent y laisser leur vie. L'expropriation est prévue, mais quand ? Comment vivre avec un tel poids en attendant d'être déplacé ?
« J'étais là avant l'industrie, mais c'est à moi de partir »
Mme X, 90 ans, vit depuis 60 à La Rochelle. Quand elle s'est installée, elle n'avait chez elle que des champs. Fin des années 80, les cuves ont progressivement émergé, les unes après les autres, jusqu'à venir frapper à sa porte. A 90 ans, Mme X se voit demander de reconstruire sa vie ailleurs, alors que les cuves pourraient être reculées.