Pour la première fois, toutes les espèces de Scombridae (thons, maquereaux, et bonites) et d'Istiophoridae (espadons et marlins) ont été évaluées pour la Liste Rouge des Espèces menacées de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Des 61 espèces connues, sept sont classées dans la catégorie Menacée, étant à risque grave d'extinction. Quatre espèces sont classées dans la catégorie des Proches de la Menace et près des 2/3 ont été placées dans la catégorie des Espèces d'Inquiétude Mineure, d'après un communiqué.
Les résultats montrent que la situation est particulièrement grave pour les thons. Cinq des huit espèces de thon sont dans la Catégorie Menacée ou Proche de la Menace de la Liste Rouge des Espèces de l'UICN.
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Si aucun changement n'est fait dans les pratiques actuelles de pêche, les populations de thon rouge Atlantique risquent de s'effondrer  |
Ces espèces comprennent : le Thon rouge du Sud, en danger de disparition ; le Thon rouge Atlantique (Menacé) ; le Thon obèse (Vulnérable) ; le Thon Jaune (Proche de la Menace) ; et l'Albacore (Proche de la Menace).
Ces nouvelles informations pourront aider les gouvernements à prendre des décisions qui protègeront l'avenir de ces espèces, dont beaucoup d'entre elles ont une valeur économique importante.
« C'est la première fois que les scientifiques spécialistes des poissons, les ichtyologistes et les écologistes se réunissent pour produire ensemble une évaluation des menaces auxquelles est confronté un groupe de poissons ayant une grande valeur commerciale » a déclaré le Dr Bruce B. Collette, Président du Groupe spécialiste des Scombridae et des Istiophoridae de la Commission pour la Survie des Espèces de l'UICN. Le Dr. Collette est aussi le principal auteur de l'étude.
Les scientifiques s'inquiètent du fait que malgré la bonne santé de plusieurs populations de poissons épipélagiques (ceux qui vivent près de la surface de l'eau), certains Scombridae et Istiophoridae sont sur-pêchés et peu d'actions sont menées pour les protéger de la surexploitation liée aux prix élevés de ces espèces.
De nombreuses populations de poissons sont exploitées par des pêcheries multinationales dont la régulation est très difficile.
« L'ensemble des trois espèces de thons est susceptible de s'effondrer à cause d'une pression excessive et persistante des activités de pêche. Le Thon rouge du sud a déjà vu sa population s'effondrer, avec peu d'espoir de rétablissement » a déclaré le Dr. Kent Carpenter, Professeur pour l'Université Old Dominion, manager de l'Unité de Biodiversité Marine de l'UICN et l'un des auteurs de l'étude.
« Si aucun changement n'est fait dans les pratiques actuelles de pêche, les populations de thon rouge Atlantique risquent de s'effondrer dans la mesure où il semble que la population ne se reconstruise pas suite à la réduction significative de ses effectifs dans les années 1970 ».
Trois espèces d'Istiophoridae sont dans les catégories menacées ou proches de la menace : le Marlin bleu (Vulnérable) ; le Marlin Banc (Vulnérable) ; et le Marlin Rayé (Proche de la Menace).
La plupart des espèces ayant une valeur économique et une durée de vie importantes sont considérées comme menacées. Ces poissons atteignent leur maturité plus tard que les espèces de courte vie, et leur cycle de reproduction est plus longue, c'est pourquoi le rétablissement des populations prend plus de temps.
Alors que les Istiophoridae et les Scombridae sont au sommet de la chaîne alimentaire pélagique, les réductions de population de ces prédateurs pourraient entraîner un effet négatif sur les autres espèces qui sont essentielles à l'équilibre de l'écosystème marin et qui sont importantes d'un point de vue économique, étant une source de nourriture.
L'avenir des Scombridae et des Istiophoridae menacés dépend de la capacité des nations de pêche de gérer de manière durable ces espèces. Les populations de thon rouge ont été tellement réduites que la manière la plus efficace d'éviter leur effondrement est de fermer les pêcheries de ces espèces jusqu'à ce que les réserves soient reconstruites et atteignent à nouveau des niveaux durables, d'après l'UICN.