L'Assemblée générale des actionnaires de Total s'est tenu le 13 Mai dernier, l'occasion pour le groupe d'annoncer un bénéfice record pour 2010 avec un résultat net de 10,3 milliards d'euros.
Les Amis de la Terre France et leurs partenaires venus de Madagascar et du Canada ont profité de cette occasion pour réitérer auprès du géant énergétique, leur demande de cesser tout investissement dans les hydrocarbures non conventionnels, notamment les sables bitumineux et les gaz de schiste.
Dans un communiqué de presse, Total déclarait que : « Les ressources jusqu'ici peu exploitées, comme les sables bitumineux, vont jouer un rôle capital pour le futur énergétique. Leur exploitation est complexe, notamment en termes d'environnement. Un défi pour lequel Total mobilise tout son savoir-faire et d'importants moyens de R&D ».
 |
Total investirait massivement dans l'extraction des sables bitumineux, ce qui constitue une catastrophe écologique et un non-sens à l'heure où la lutte contre les changements climatiques est plus que jamais d'actualité |
Or, l'exploitation de ces ressources contribue à l'aggravation de la crise climatique, à la destruction de l'environnement et affecte irrémédiablement les conditions de vie des populations locales.
De plus, aux impacts sociaux et environnementaux désastreux s'ajoute le coût économique élevé de ces projets, autant d'argent qui n'est pas consacré au développement d'énergies propres, note les Amis de la Terre.
Pour l'association, Total investirait massivement dans l'extraction des sables bitumineux, ce qui constitue une catastrophe écologique et un non-sens à l'heure où la lutte contre les changements climatiques est plus que jamais d'actualité, quand on sait que la production d'un baril de pétrole issu des sables bitumineux est trois à cinq fois plus émettrice de gaz à effet de serre qu'un baril de pétrole conventionnel.
Pourtant, année après année, Total annonce des profits faramineux : en 2010, le groupe a engendré le bénéfice le plus important du CAC 40 avec un résultat net de 10,3 milliards d'euros, en hausse de 32 % par rapport à l'année 2009. Si certains actionnaires peuvent se réjouir des bons résultats du groupe, ce dernier, maître de l'optimisation fiscale, n'a payé aucun impôt sur les sociétés en 2009 et 2010, arguant que ces activités en France seraient déficitaires, peut on lire dans un communiqué de presse.
La Multinational explique à cet effet : « Ce résultat reflète à la fois l'amélioration de l'environnement et la solidité des performances du Groupe ». Une déclaration qui sonne plutôt comme une nouvelle provocation de la part d'une multinationale connue pour son irresponsabilité et qui donne la priorité aux intérêts économiques quel qu'en soit le prix, y compris le sacrifice des peuples et de la planète.
Mais peu soucieux de tirer la leçon du désastreux bilan de l'exploitation des sables bitumineux au Canada, Total compte continuer à développer ses activités dans cette région et ailleurs dans le monde.
Juliette Renaud, chargée de campagne aux Amis de la Terre commente : « Ces projets se font sans réelle consultation ni consentement libre, informé et préalable des populations locales, qui se retrouvent souvent abandonnées par leurs gouvernements et démunies face à l'immensité des impacts provoqués par les activités des multinationales pétrolières. Il est temps pour Total de réagir et de se tourner vers l'avenir en préparant l'indispensable transition énergétique et en développant massivement les investissements dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique ».
« Avec le développement des sables bitumineux, Total est engagé dans une course en avant et va droit dans le mur. Ses actionnaires et les investisseurs devraient commencer à se poser plus de questions, demander des comptes à Total et retirer leur soutien à ces projets », conclut Yann Louvel, référent sur la Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre.