Le changement climatique a réduit la production de maïs et de blé de plus de 3% au cours des trente dernières années par rapport à un scénario supposant des prévisions de croissance agricole sans augmentation des températures, d'après ce qu'indiquait une étude publiée vendredi.
Cette réduction de la production s'est traduite par une augmentation de 20% du prix des produits de base, sans prendre en compte les autres facteurs entrant en jeu dans cette augmentation, d'après un article publié dans le journal Science.
Les récoltes de culture ont augmenté sur la période 1980-2010 en conséquence notamment de l'amélioration des pratiques agricoles, et pris isolément, l'impact du changement climatique équivaut à un dixième de ces avancées.
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La diminution de la production depuis 1980 s'est traduite par une augmentation de la moyenne des prix des produits agricoles de base de 18,9% ou 6,4%, en excluant et en incluant respectivement l'effet de fertilisation au CO2.  |
Mais cette proportion varie largement entre les pays, la Russie, la Turquie et le Mexique étant plus affectés en matière de production de blé par exemple.
L'impact isolé du changement climatique sur le blé et le maïs est un signe annonciateur de l'impact que pourrait avoir une accélération du réchauffement climatique sur les approvisionnements et les prix de la nourriture, d'après ce qu'indique l'étude.
« Les changements climatiques ont déjà un effet important sur la croissance des récoltes » indique l'étude intitulée « Tendances climatiques et Production agricole Mondiale depuis 1980 ».
Les auteurs ont utilisé des scenarii de récolte avec et sans changements de températures et des régimes de précipitations pour montrer une diminution mondiale de la production de blé de 5,5% et de la production de maïs de 3,8% en conséquence du changement climatique qui a eu lieu entre 1980 et 2008.
Cela équivaut à la production totale de maïs du Mexique, ou à la production totale de blé de la France, le principal producteur de l'Union Européenne, selon le rapport.
Au niveau national, parmi les Etats les plus affectés par cette diminution de la productivité agricole, figure la Russie, avec une réduction de près de 15% de sa récolte de blé, tandis que les Etats-Unis ne sont que très peu impactés par le phénomène.
Quant au soja et au riz, les gagnants et les perdants du changement climatique s'équilibrent. Par exemple, la production de riz a augmenté dans les pays plus froids aux latitudes plus élevés.
L'étude, réalisée par des scientifiques de plusieurs institutions américaines telles que les Universités de Stanford et de Columbia, indique que les stratégies d'adaptation, telles que les avancées technologiques, pourraient amoindrir l'impact du réchauffement climatique à venir.
« Sans adaptation réussie, et étant donnée l'augmentation persistante de la demande en maïs et en blé, le recul significatif des récoltes lié au changement climatique pourrait avoir un coût important en termes économique et de santé » indique l'étude.
Le rapport ne prend cependant pas en compte l'impact des niveaux atmosphériques plus élevés de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre lié aux activités humaines, et qui est également un facteur d'augmentation de la croissance des cultures.
En prenant en compte cet effet, baptisé fertilisation au CO2, cela devrait avoir un impact positif sur les cultures de soja et de riz depuis 1980, d'après l'étude.
L'étude ne prend pas non plus en compte les canicules et les précipitations majeures, ce qui signifie que les résultats obtenus pourraient sous-estimer l'impact du réchauffement climatique.
La diminution de la production depuis 1980 s'est traduite par une augmentation de la moyenne des prix des produits agricoles de base de 18,9% ou 6,4%, en excluant et en incluant respectivement l'effet de fertilisation au CO2.
Les modèles utilisés étaient basés sur des données mises à jour montrant une augmentation des températures dans presque toutes les régions majeures de culture, à l'exception des Etats-Unis, qui ont au contraire enregistrés un léger refroidissement sur la période allant de 1980 à 2008.
La communauté scientifique s'inquiète de plus en plus de l'impact potentiel que pourraient avoir les sécheresses et le manque de précipitations sur les cultures de blé dans certaines régions des Etats-Unis et de l'Union Européenne.