Plus de 14 500 cas de rougeole ont été déclarés en France, depuis le 1er janvier 2008. Ces chiffres sont l'actualisation des données de déclaration obligatoire au 19 avril 2011, qui actualise les données du point InVS du 22 mars 2011.
La circulation du virus s'est intensifiée en début d'année 2010 conduisant à la déclaration de plus de 5 000 cas entre janvier et décembre. La courbe épidémique montre un pic d'incidence en avril 2010 pour la saison hiverno-printanière 2009-2010. La re-augmentation du nombre de cas déclarés dès le mois d'octobre 2010 a annoncé une 3ème vague de l'épidémie qui se poursuit sur les premiers mois de l'année 2011. Cette vague est de très grande ampleur puisque plus de 3 700 fiches de DO ont été réceptionnées à l'InVS à ce jour pour des cas survenus en janvier et février 2011. De plus, plusieurs éléments sont en faveur d'une sous-estimation de l'incidence réelle par la DO.
Selon l'InVs, en 2010, 8 complications neurologiques (encéphalites/myélites) ont été rapportées et 2 cas sont décédés (1 encéphalite et 1 pneumopathie). A ce jour, pour 2011, ont été déjà notifiées 13 complications neurologiques (12 encéphalites/myélites et 1 syndrome de Guillain-Barré) et 2 décès (pneumopathies).
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Plus de 14 500 cas de rougeole ont été déclarés en France, depuis le 1er janvier 2008 |
La rougeole (également appelée 1re maladie) est une infection virale éruptive aiguë. Elle atteint essentiellement les enfants à partir de l'âge de 5-6 mois. Le nom de « première maladie » provient du fait qu'à l'époque où l'on a voulu établir une liste des maladies provoquant un exanthème infantile, elle a été la première à être énumérée. La vaccination contre la rougeole, recommandée pour les enfants autour d'un an, vise surtout à éviter les complications de l'infection, comme les encéphalites, qui peuvent avoir des séquelles importantes voire létales.
Les formes les plus sévères de la rougeole apparaissent chez le jeune enfant souffrant de malnutrition, surtout en cas d'apports insuffisants en vitamines A ou en cas de déficit immunitaire associé, tel le sida. De fait, l'enfant ne meurt pas directement de la rougeole mais de ses complications, telles encéphalite, diarrhées sévères ou pneumonies.
Perçue comme une maladie bénigne chez un sujet en bonne santé dans les pays développés, la rougeole est en fait une maladie très grave chez les enfants sous-nutris ou vivant dans de mauvaises conditions d'hygiène : en 1999, 873 000 personnes sont mortes de cette maladie et 345 000 en 2005, essentiellement dans les pays en développement. Dans ces pays, la mortalité est très élevée, immédiate (1 décès sur 10 cas en zone rurale africaine) ou retardée (par aggravation secondaire de la malnutrition). Les infirmités sont nombreuses, les cécités (à la suite de kératites) s'ajoutant aux encéphalopathies.
Avant l'arrivée de la vaccination au début des années 1960, la rougeole était la première cause mondiale de mortalité par infection (135 millions de cas annuels entraînant 6 millions de décès). La mortalité en a été divisée par 3 à la fin des années 80, près de 10 ans après une politique de vaccination de masse. Il reste cependant encore de très nombreux cas de rougeole en raison d'une couverture vaccinale non optimale mais aussi en raison de l'absence d'immunité acquise après une seule dose dans 5 à 10 % des cas, voire après deux doses dans quelques rares cas (< 2%).
Les complications de la rougeole peuvent être de quatre ordres : respiratoire, neurologique, digestif et oculaire. Une des complications neurologiques est l'encéphalite post-éruptive ou post-infectieuse. Elle est la plus fréquente et survient 3 à 10 jours après l'éruption. Elle n'est pas due à une multiplication du virus dans le cerveau, mais elle est probablement expliquée par un mécanisme auto-immun. Un mécanisme auto-immun apparaît lorsque les anticorps attaquent nos propres tissus vivants. On en voit un cas pour 1 000 rougeoles et sa mortalité est de 10 %. Ce n'est donc pas une rareté. Elle est responsable d'un décès pour 10 000 cas de rougeole.
Pour l'instant, six régions, essentiellement dans le quart Sud-Est de la France (Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc- Roussillon, Franche-Comté, Auvergne, Midi-Pyrénées) ont déclaré, sur la période octobre 2010-mars 2011, plus de 80 % des cas et ont dépassé des incidences de 15/100 000 sur la même période.
Cette année, la Semaine Européenne de la vaccination a été axée sur la Rougeole, une façon de favoriser une meilleure compréhension des enjeux de la protection vaccinale.
Du 26 avril au 2 mai 2011, toutes les régions françaises et un réseau de partenaires se mobiliseront pour sensibiliser et informer le grand public, mais aussi les professionnels de santé, sur la vaccination et ses actualités. La vaccination contre la rougeole est de nouveau la priorité de cette Semaine en France.