Le 19 avril dernier, à la veille d'une visite sur le site de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a proposé cinq mesures pour renforcer la sûreté nucléaire à travers le monde, lors d'un Sommet sur l'usage sûr et innovant de l'énergie nucléaire à Kiev.
Il explique : « Il y a 25 ans, l'explosion à Tchernobyl a projeté un nuage radioactif au-dessus de l'Europe et une ombre à travers le monde. Actuellement, la tragédie à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima Daiichi se poursuit. C'est le moment d'ouvrir une réflexion sur cette question : comment garantissons-nous un usage pacifique de l'énergie nucléaire et une sûreté maximale ? Nous devons repenser au niveau global cette question fondamentale (') Parce que les conséquences sont catastrophiques, la sûreté est d'une importance capitale. Parce que les conséquences sont transnationales, elles doivent être débattues au niveau mondial ».
La catastrophe de Tchernobyl est un accident nucléaire qui s'est produit le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, située en Ukraine, qui faisait partie à l'époque de l'URSS. Cet accident a conduit à la fusion du c'ur d'un réacteur, au relâchement de radioactivité dans l'environnement et à de nombreux décès, survenus directement ou du fait de l'exposition aux radiations. Il est le premier accident classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) (le deuxième étant la catastrophe de Fukushima, accident classé niveau 7 le 12 avril 2011), et est considéré comme le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu'à présent.
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le Secrétaire général de l'ONU estime qu'il faut établir un lien plus fort entre sûreté nucléaire et sécurité nucléaire |
La centrale nucléaire est située sur un affluent du Dniepr à environ 15 kilomètres de Tchernobyl (Ukraine) et 110 kilomètres de la capitale Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie. L'accident de Tchernobyl est la conséquence de dysfonctionnements nombreux et importants : un réacteur mal conçu, naturellement instable dans certaines situations et sans enceinte de confinement ; un réacteur mal exploité, sur lequel des essais hasardeux ont été conduits ; un contrôle de la sûreté par les pouvoirs publics inexistant ; une gestion inadaptée des conséquences de l'accident.
Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sont importantes, aussi bien du point de vue sanitaire, écologique, économique que politique. Plus de 200 000 personnes ont été évacuées.
Un rapport de l'AIEA établi en 2005 recense près de 30 morts par syndrome d'irradiation aiguë directement attribuables à l'accident, et estime que le nombre de morts supplémentaires par cancer dans les populations les plus exposées aux rayonnements (estimé à 4 000 morts d'après les modèles de radioprotection) est trop faible par rapport à la mortalité naturelle (100 000 morts, soit 4 % d'accroissement) pour être détectable par les outils épidémiologiques disponibles.
Les cinq mesures phares pour renforcer la sûreté nucléaire proposées par Mr Ban Ki-Moon, sont les suivantes :
· D'abord, il considère qu'il est temps d'effectuer une revue complète des critères actuels de sûreté nucléaire, à la fois aux niveaux national et international.
· Ensuite, il estime qu'il faut renforcer le soutien apporté à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur la question de la sûreté nucléaire.
· Troisièmement, il juge qu'il faut s'intéresser de plus près à la question des catastrophes naturelles et de la sûreté nucléaire.
· Quatrièmement, il estime qu'il faut à nouveau analyser le rapport coût-bénéfice de l'énergie nucléaire, rappelant que le droit à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire est inscrit dans le Traité sur la non-prolifération nucléaire.
Enfin, le Secrétaire général de l'ONU estime qu'il faut établir un lien plus fort entre sûreté nucléaire et sécurité nucléaire.