Lundi dernier, Éric Calais, sismologue du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a présenté devant la presse des plans visant à réduire la vulnérabilité d'Haïti face aux menaces sismiques auxquelles le pays est confronté.
« Ces plans doivent être mis en 'uvre de concert avec le Gouvernement haïtien (') Quand un tremblement de terre a eu lieu quelque part, nous savons qu'à l'avenir, un autre séisme se produira au même endroit », explique le professeur de géophysique à l'Université Purdue, citant en particulier les séismes qui ont frappé Port-au-Prince en 1751, en 1770 et le 12 janvier 2010.
En effet, le séisme de 2010 à Haïti est un tremblement de terre crustal d'une magnitude de 7,0 à 7,3 survenu le 12 janvier 2010 à 16 heures 53 minutes, heure locale. Son épicentre est situé approximativement à 25 km de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti. Une douzaine de secousses secondaires de magnitude s'étalant entre 5,0 et 5,9 ont été enregistrées dans les heures qui ont suivi.
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Réduire la vulnérabilité aux séismes à Haïti : nouveaux plans d'actions présentés par le PNUD |
Un second tremblement de terre d'une magnitude de 6,1 est survenu le 20 janvier 2010 à 6 heures 3 minutes, heure locale. Son hypocentre est situé approximativement à 59 km à l'ouest de Port-au-Prince, et à moins de 10 kilomètres sous la surface.
Le premier tremblement de terre a causé de nombreuses victimes, morts et blessés. En date du 9 février 2010, Marie-Laurence Jocelyn Lassegue, ministre des communications, confirme un bilan de 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris.
L'Institut géologique américain avait annoncé le 24 janvier avoir enregistré 52 répliques d'une magnitude supérieure ou égale à 4,5. 211 rescapés ont été extraits des décombres par les équipes de secouristes venues du monde entier. Solidarité internationale venue renforcer les efforts des haïtiens qui eux-mêmes, souvent à mains nues, ont sauvé des décombres des centaines de personnes.
Les structures et l'organisation de l'État haïtien ont souffert de l'incident ; au bout de trois jours, l'état d'urgence a été déclaré sur l'ensemble du pays pour un mois. De très nombreux bâtiments ont également été détruits, dont le palais national et la cathédrale Notre-Dame de Port-au-Prince.
« Ce dernier tremblement de terre ne fut donc pas une surprise, et nous nous attendons malheureusement à d'autres séismes. La bonne nouvelle est que nous savons désormais quoi faire », note Mr Calais.
A lui seul, l'aléa sismique ne constitue pas un danger pour l'homme, et ce n'est que combiné aux enjeux en présence, possédant une certaine vulnérabilité, que les séismes deviennent destructeurs. Ne pouvant pas intervenir sur la nature pour diminuer l'aléa, l'évaluation et la réduction de la vulnérabilité physique des ouvrages sont par conséquent essentielles pour permettre de réduire le risque sismique. Grâce à l'amélioration des connaissances, les progrès accomplis dans le domaine du génie parasismique permettent de se protéger efficacement, et à moindre coût, des séismes en construisant des bâtiments dits « parasismiques » capables de résister aux séismes.
Malgré ces progrès, les séismes continuent chaque année, en raison du nombre important de bâtiments non parasismiques (essentiel du bâti existant ancien), de faire de nombreuses victimes, et occasionnent des dommages dont les coûts vont croissant. Il est donc nécessaire de poursuivre la recherche afin de réduire la vulnérabilité des ouvrages pour un coût raisonnable.
M. Calais, qui s'attache, pour le PNUD, à évaluer les risques sismiques et à élaborer une stratégie visant à réduire l'impact de futurs séismes, a insisté sur la prévention des risques liés à ces phénomènes, peut on lire dans un communiqué de presse.
Pour rappel, un nouveau plan de prévention a été lancé à la fin du mois de mars en vue d'atténuer l'impact des tremblements de terre dans les zones qui y sont particulièrement sujettes, notamment en améliorant la résilience des ouvrages d'infrastructure et en réduisant les risques que présentent pour la population les logements de piètre qualité.
Le PNUD a remis au Gouvernement haïtien une carte des points chauds sismiques de Port-au-Prince. Cette carte montre les zones susceptibles d'encourir des secousses sismiques et est un outil crucial pour la reconstruction de Port-au-Prince.
« Une version améliorée et plus détaillée de la carte des zones sismiques devrait être terminée mi-2012 », a indiqué Éric Calais.