Il s'agit d'une première scientifique. Une équipe de chercheurs de l'Université de Sherbrook au Québec, Canada, ont montré la présence de pesticides (herbicides à base de glyphosate ou de glufosinate et de protéines insecticides Cry1Ab) et de leurs résidus dans le sang de femmes, dont certaines enceintes.
« c'est la première étude à mettre en évidence la présence de pesticides associés aux aliments génétiquement modifiés dans le sang de femmes enceintes, de f'tus et de femmes non enceintes », révèle un article de la revue Reproductive Toxicology, sous presse.
Il a fallu trois ans au chercheur pour mettre au point la méthodologie de détection. La recherche a porté sur deux groupes de plantes transgéniques les plus utilisées : celles qui produisent elles-mêmes un pesticide (toxine Bt) et celles qui résistent aux pesticides appliqués autour d'elles pour tuer la compétition végétale.
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Une étude canadienne démontre que des résidus de pesticides issus d'aliments transgéniques ont été trouvés dans le sang des femmes |
Le groupe cible était formé de 69 femmes, dont 30 enceintes, ayant une alimentation typique des personnes vivant en zone industrialisée. Toutes étaient des citadines de Sherbrooke, et aucune ne travaillait avec des pesticides ou n'avait de rapport étroit avec la campagne ou un fermier. C'est d'ailleurs ce tri serré qui explique le nombre restreint de participantes, expliquait hier le chercheur en entrevue téléphonique. Le sang des f'tus a quant à lui été prélevé sur le cordon, dès la naissance.
Les scientifiques ont effectué des prélèvements sanguins chez des femmes habitant la ville de Sherbrook. Ces femmes, ainsi que leur mari, n'ont jamais travaillé au contact de pesticides et leur régime alimentaire est annoncé comme typique d'une zone industrialisée du Canada.
Dans le détail, les résultats d'analyse montrent que les chercheurs ont trouvé
· dans le sang de trente femmes enceintes : des résidus de glufosinate (chez 100% des femmes prélevées) et des protéines Cry1Ab (93% des femmes prélevées) ;
· Dans le cordon ombilical : des résidus de glufosinate (100%) et des protéines Cry1Ab (80%) ;
· et dans le sang de 39 femmes non enceintes : du glyphosate (5%), du glufosinate (18%), des résidus de glufosinate (67%) et des protéines Cry1Ab (69%).
Pour expliquer l'absence de glyphosate, de résidus de glyphosate ou de glufosinate dans certains cas (ou dans tous pour les résidus de glyphosate), trois hypothèses sont avancées :
· l'absence d'exposition à ces molécules des femmes prélevées,
· leur élimination efficace par l'organisme
· ou une limite de la méthode de détection utilisée.
Cette étude avait un double objectif, celui d'établir si l'alimentation quotidienne est vectrice de ces molécules chimiques et fournir des données nécessaires à de plus amples analyses d'impacts, notamment dans le domaine de la procréation chez la femme.
Hier, Greenpeace Québec a publié un communiqué disant que cette étude confirme les craintes «que les études faites par les entreprises de biotechnologies et dont les données sont gardées secrètes par le gouvernement fédéral ne sont pas rigoureuses». L'organisme souligne qu'environ 70 % du maïs au Québec est génétiquement modifié (OGM) et inclut la toxine Bt.
Il faut savoir que la question de l'évaluation des risques liés aux herbicides, résidus d'herbicides ou insecticides est au centre de controverses depuis plusieurs années. Les travaux du Pr. Gilles-Eric Séralini dans le domaine des herbicides à base de glyphosate ont par exemple souvent été l'objet de vives discussions entre scientifiques.
Enfin, l'article sous presse des chercheurs canadiens devrait donc encourager l'expertise scientifique puisque, selon eux, c'est la première fois qu'une analyse des concentrations de telles molécules est effectuée, peut on lire dans un communiqué de presse.