A ce jour aucun résultat d'enquête pour tous ces incendies, aucun suivi épidémiologique réalisé suite aux plaintes des 193 personnes ayant été impactées en juin 2005 ! Nous proposons à nos lecteurs d'étudier ces incendies usine par usine avec une série d'articles dont le premier concerne COVED.
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Alors qu'à Béziers on dénombre déjà pas moins de 9 incendies d'usines à risques, nous proposons à nos lecteurs d'étudier ces incendies usine par usine avec une série d'articles dont le premier concerne COVED. |
I- COVED : l'incendie du 19 Avril 2010 n'était pas le premier.
Selon l'audit des installations réalisé pour le compte de l'Agence de l'Eau RM et C en Mars 2010, le 11 mai 2009, au moment du regroupement de solides souillés, un incident grave est survenu : apparition de fumées dans la benne de regroupement. Une première intervention avec les moyens internes n'ayant pas suffi, les pompiers ont été appelés et ont couvert la benne de mousse, ce qui a arrêté la réaction. Durée totale de l'incident : 2 heures. Aucun rejet liquide à l'extérieur du site. La DREAL s'est rendue sur le site mais n'a pas rédigé de rapport. Le rapport d'incident de COVED n'a pas été communiqué à l'Agence de l'Eau.
Le lundi 19 avril 2010 à 2 H du matin le bâtiment de stockage des produits toxiques était entièrement détruit par un important incendie.
Le rapport présenté par COVED à la CLIC veut faire avaliser la malveillance comme origine. Rien ne permet effectivement d'écarter formellement cette hypothèse, mais, le précédent du 11 Mai 2009 "plombe" cette vision un peu "consensuelle" quand même ! (pauvres industriels, victimes de la malveillance !).
Il pourrait également s'agir (hypothèse au moins aussi sérieuse, sinon beaucoup plus, que celle suggérée) d'une faute d'exploitation : COVED reçoit des déchets en petites quantités, dont des déchets de laboratoire, et entre autres, ceux de l'Ecole de Chimie de Montpellier. Petits flaconnages transférés en bennes en vue d'un envoi en incinération chez Solamat. Mais en mélange avec d'autres "petits flaconnages", plus ou moins intacts, plus ou moins brisés, ... (l'incident du 11 Mai 2009 est du à cette pratique, à plus de 80 % de chances).
On ne peut pas écarter (!) l'hypothèse d'une "réédition" des phénomènes du 11 Mai 2009 (il est bien connu que les mêmes causes conduisent au même effet...) : le week end, dans un bâtiment fermé, sans surveillance (ni alarme ?) et à proximité de stockages de déchets inflammables (bois, plastiques, cuve de solvant....), cette hypothèse tient singulièrement la route.
Evidemment, la ""benne du malheur" (hypothétique, mais...) a sans doute été complètement incinérée....
Les experts de la police scientifique (et d'ailleurs) n'ont sans doute rien trouvé et COVED ne leur a peut être pas tout expliqué, car la malveillance, quelle malchance, mais quelle aubaine ! Quand à l'expert de l'assurance ? . Et pourtant, ce n'est pas le premier incendie du groupe Séché (le 4 Avril 2009, un incendie s'est déclaré sur le site TRIADIS de 39 Beaufort, mais ce n'était pas la même compagnie d'assurances....).
Car les mélanges oxydant - réducteur sont très efficaces pour mettre le feu.
Pour éviter ces mélanges, il faut
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d'abord un personnel qualifié pour identifier ces caractéristiques (en clair, des compétences en chimie "pratique"). Il semblerait que COVED ne disposait pas de ces compétences sur le site (question à 100 000 ' à poser en séance !).
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séparer physiquement les oxydants et les réducteurs (ce qui signifie disposer de place, de stockages organisés, de surface).
Etais ce le cas ? non ! des D3E étaient stockés à l'extérieur du bâtiment, sous abri de fortune. A l'intérieur, "très compact". la lecture du courrier de la DREAL du 22 Avril 2009 (en terme "mesurés", mais qui peuvent laisser entrevoir que ...) et de l'arrêté du 22 Juin 2009 montrent que "tout n'allait pas si bien dans le meilleur des mondes"...
A la suite de cet incendie, lors du CLIC de juin 2010, la Direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement (DREAL) nous a indiqué que des prélèvements des eaux d'extinction avaient été réalisés ainsi que dans les eaux du Ruisseau Saint-Victor jouxtant l'usine.
Remarques :
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Les arrêtés et rapports de visite de la DREAL sont des documents accessibles au public, donc, non confidentiels...
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La réponse de COVED à la DREAL n'est pas un document public directement...mais la CLIC pourrait demander pourquoi ces correspondances ne sont pas communiqués aux membres (transparence ?...). En tout cas, cette réponse donne un état des stocks "permanents"...et il va falloir examiner, dans le contexte actuel de changement des rubriques de la nomenclature ICPE, comment ces stocks vont positionner COVED par rapport à la réglementation Seveso (rubrique nouvelle 2717-1, ou 2717-2, mais il faudra le justifier).
Donc, l'insuffisance d'exploitation ne peut pas être écartée (c'est, à mon avis, la véritable cause).
Sur le contenu du rapport proprement dit donné lors du CLIC du 14 avril 2011 soit un an après l'incendie :
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Les eaux d'extinction (140 m3) : combien de temps les pompiers ont ils arrosé (un poteau d'incendie = 60 m3/h).....nous n'avons pas eu de réponse précise !
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Le laboratoire d'analyse est il agréé ? c'est celui du site éliminateur. Très contestable
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Pourquoi les prélèvements sur le ruisseau Saint Victor n'ont ils été réalisés que le 20 (incendie le 19, tôt le matin !). Force est de constater que si pollution soluble concentrée il y avait, elle était déjà loin ! ce qui permet d'afficher de "belles analyses" : très contestable
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La comparaison des retombées poussières avec la norme NFU 44-051 est très largement discutable. Il faudrait l'avis d'un expert; qui a fait ces "prélèvements" ; idem pour les dioxines et les furanes (la démonstration ne me paraît pas concluante, ni dans un sens, ni dans l'autre).
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Curieusement les analyses des boues de fond de lagune ne sont pas produites ?
A la lecture du rapport, on a l'impression (!!!) que l'industriel (avec l'accord plus ou moins tacite de l'Administration) enjolive...et prend également les populations pour des ânes.
Mesures urgentes à prendre
Malheureusement, il est trop tard pour demander des analyses et des prélèvements en un an « de l'eau est passée sous les ponts ».
En premier lieu, il est indispensable de connaître les rapports d'enquête afin d'établir un retour d'expérience, SRA-SAVAC et COVED indiquant que ce sont des incendies criminels (2 sinistres pour chaque entité) !
Il est fort probable qu'il y ait eu suite à un stockage avant le week-end des produits incompatibles qui auraient mis le feu.
On peut être quand même surpris de la rapidité de destruction du bâtiment.
Enfin le bâtiment de stockage doit être équipé de moyens de détection et d'extinction appropriés, ce qui ne semblait pas être le cas.
Il existe une réglementation sur les ICPE. Elle doit être appliquée. Il faut remettre les yeux en face des trous :
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COVED a montré surement ou probablement, en moins de 1 an, son insuffisance au niveau des DTQD de type "industriels". Pour éviter, un 3ème incendie, il faut interdire cette activité à COVED ! (Séché réagira, mais comme il essaie de "passer la main dans le dos" à ECCLA pour le CET de l'Aude).
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COVED a eu deux ACCIDENTS de même type en moins de 1 an : nous exigeons un nouveau dossier d'autorisation, avec enquête publique et l'arrêt de la réception des DTQD industriels.
Monsieur CHOPIN, Sous-Préfet indique en conclusion sur ce dossier qu'il restera vigilant : « Dès que COVED demandera un PC je réunirai le CLIC » !
Il est indispensable, si la société COVED, filiale de la SAUR, elle-même filiale du groupé SECHE ENVIRONNEMENT souhaite pérenniser son activité à Béziers qu'elle mette en 'uvre des moyens financiers et humains pour répondre aux exigences de sécurité du site.
On peut lire sur le site de la société : 2 900 collaborateurs, 324 millions d'' pour 2010.
On peut également être surpris que cette entreprise soit ISO 9001 et ISO 14001 !
Plus généralement, il est indispensable que dès qu'un sinistre se déclare, une information précise soit faite à minima aux membres du CLIC et qu'un bureau soit convoqué dans les premiers jours.
Jean-Pierre GALTIER - OMESC