Mardi dernier, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé que les autorités japonaises avaient provisoirement augmenté le niveau de gravité de l'accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au niveau 7, le même que celui de l'accident de Tchernobyl en 1986.
Selon l'AIEA, la centrale a subi des dommages importants à la suite du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars. Des fuites radioactives dans l'environnement ont été constatées depuis, peut on lire dans un communiqué de presse.
« Cette réévaluation du niveau de gravité sur l'Echelle internationale des événements nucléaires (INES) est le résultat d'une estimation de la quantité de radioactivité rejetée par la centrale nucléaire dans l'environnement. Le nouveau niveau provisoire de gravité considère les accidents survenus dans les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale comme un seul et même accident. Auparavant, un niveau 5 avait été appliqué pour les accidents dans chacun des réacteurs 1, 2 et 3. Le niveau 3 sur l'INES attribué au réacteur 4 s'applique toujours (') L'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle estime que le rejet de matières radioactives dans l'atmosphère représente environ 10% des rejets lors de l'accident de Tchernobyl, qui est le seul autre accident à avoir un niveau 7 de gravité », déclare le Directeur général adjoint de l'AIEA et chef du Département de la sûreté nucléaire et de sécurité, Denis Flory, a précisé, lors d'une conférence de presse à Vienne.
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La situation à l'usine restait très grave, mais il y a des signes de reprise dans certaines fonctions telles que l'énergie électrique et instrumentation |
Pourtant, les accidents de Tchernobyl et de Fukushima sont très différents.
La catastrophe de Tchernobyl est un accident nucléaire qui s'est produit le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, située en Ukraine, qui faisait partie à l'époque de l'URSS. Cet accident a conduit à la fusion du c'ur d'un réacteur, au relâchement de radioactivité dans l'environnement et à de nombreux décès, survenus directement ou du fait de l'exposition aux radiations. Il est le premier accident classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) (le deuxième étant la catastrophe de Fukushima, accident classé niveau 7 le 12 avril 2011), et est considéré comme le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu'à présent.
L'accident de Tchernobyl est la conséquence de dysfonctionnements nombreux et importants : un réacteur mal conçu, naturellement instable dans certaines situations et sans enceinte de confinement ; un réacteur mal exploité, sur lequel des essais hasardeux ont été conduits ; un contrôle de la sûreté par les pouvoirs publics inexistant ; une gestion inadaptée des conséquences de l'accident.
Les conséquences de la catastrophe sont importantes, aussi bien du point de vue sanitaire, écologique, économique que politique. Plus de 200 000 personnes ont été évacuées.
Un rapport de l'AIEA établi en 2005 recense près de 30 morts par syndrome d'irradiation aiguë directement attribuables à l'accident, et estime que le nombre de morts supplémentaires par cancer dans les populations les plus exposées aux rayonnements (estimé à 4 000 morts d'après les modèles de radioprotection) est trop faible par rapport à la mortalité naturelle (100 000 morts, soit 4 % d'accroissement) pour être détectable par les outils épidémiologiques disponibles.
L'INES, développée conjointement en 1990 par l'AIEA et l';agence de l'énergie nucléaire de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), est un moyen de communiquer l'importance des événements nucléaires et radiologiques au public.
Depuis 1991, cette échelle logarithmique classe les incidents et accidents nucléaires en fonction de huit niveaux de gravité notés de 0 à 7. Au lendemain du séisme et du tsunami qui ont ravagé le nord-est du Japon, le 12 mars, la NISA avait classé l'accident niveau 4, avant de finir par le relever d'un cran, le 24 mars, indiquant ainsi un 'accident ayant des conséquences étendues, hors du site'. Un classement contesté par l'Agence de sûreté nucléaire française (ASN), qui a de son côté, le 15 mars, qualifié la catastrophe d''accident grave' de niveau 6, c'est-à-dire intermédiaire entre Three Mile Island, aux Etats-Unis, et Tchernobyl.
Mais avec la décision de mardi, les autorités japonaises vont encore plus loin, en parlant d'accident majeur de niveau 7, ce que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) décrit comme un rejet majeur de matières radioactives entraînant des effets considérables sur la santé et l'environnement, nécessitant une mise en 'uvre des contre-mesures prolongées.
Denis Flory a estimé que, globalement, la situation à l'usine restait très grave, mais qu'il y avait des signes de reprise dans certaines fonctions telles que l'énergie électrique et instrumentation.