Les trainées de condensation laissées par les avions dans le ciel pourraient réchauffer davantage la planète que le dioxyde de carbone émis par l'ensemble des avions depuis le premier vol des frères Wright en 1903, d'après ce qu'indique une étude publiée mardi.
L'étude indique que les trainées de condensation 'les lignes blanches de vapeur formées dans le ciel par les moteurs des avions- ont un effet important sur le climat en s'ajoutant à la formation de nuages de type cirrus de haute altitude et qui captent la chaleur, lorsque les trainées se désintègrent.
Ces découvertes pourraient aider les gouvernements à mettre en place un système d'amendes sur les émissions de gaz à effet de serre des avions dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Les nouveaux moteurs d'avion pourraient aussi être conçus afin de limiter la vapeur qu'ils rejettent.
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Le carburant brûlé à une certaine altitude a un impact deux fois plus important sur le climat que lorsqu'il est utilisé au niveau du sol. |
« Les trainées de condensation des avions et les nuages qu'elles contribuent à former pourraient être à l'origine d'une plus grande part de réchauffement aujourd'hui que l'ensemble du dioxyde de carbone (CO2) émis par les avions et qui s'est accumulé dans l'atmosphère depuis les débuts de l'aviation » a déclaré le journal Nature Climate Change dans un article à propos de cette découverte.
L'étude, réalisée par des experts du Centre Aérospatial Allemand DLR, estime que l'effet net de réchauffement de la planète par les trainées de condensation des avions et les nuages cirrus associés est de 31 milliwatts par m² à un moment donné t, soit plus que l'effet de réchauffement du CO2 accumulé par l'aviation de 28 milliwatts.
Un milliwatt correspond à un millième de watt. Les émissions provenant de l'aviation représentent désormais 3% du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles, plus d'un siècle après qu'Orville et Wilbur Wright aient réalisé le premier vol aérien alimenté par un moteur.
Mais une différence importante est que le CO2 perdure pendant des décennies dans l'atmosphère tandis que le réchauffement provenant des trainées de condensation s'arrête rapidement si les avions sont cloués au sol, comme cela a été le cas après le 11 septembre aux Etats-Unis ou en Europe l'an dernier après l'éruption volcanique islandaise.
« On peut se débarrasser des trainées de condensation assez rapidement. On ne peut pas se débarrasser du CO2 rapidement » a indiqué le principal auteur de l'étude Ulrike Burkhardt du Centre DLR.
Le principal effet climatique de ces lignes blanches dans le ciel et des nuages cirrus qui y sont associés est de capter les radiations de chaleur et de les maintenir à la surface de la Terre. Elles ont aussi un contre-effet en diminuant légèrement la lumière du soleil et en ralentissant donc le réchauffement. Les trainées de condensation sont particulièrement denses au-dessus de l'Europe et des Etats-Unis.
« C'est une avancée dans la modélisation et la compréhension des trainées de condensation » a déclaré Olivier Boucher, du Met Office Hadley Center en Angleterre, qui a écrit un article dans le journal Nature.
Il a ajouté que ces découvertes pourraient peut-être entraîner des changements pour le contrôle du trafic aérien, par exemple en détournant les avions de régions ou d'altitudes où l'humidité de l'air est déjà élevée et favorise la formation de cirrus.
Mais le problème est que tous les bénéfices d'une diminution des trainées de condensation seront sans doute annulés par l'utilisation de davantage de carburants pour faire des trajets plus longs.
Il a également déclaré que ces découvertes pourraient encourager la création d'un nouveau concept de moteur qui chercherait à condenser une partie de la vapeur d'eau « avant qu'elle ne quitte le moteur. L'eau condensée pourrait ainsi être rejetée sous la forme de grands cristaux de glace ou de gouttes de pluie qui tomberaient rapidement dans l'atmosphère ».
Le Groupe Intergouvernemental d'experts des Nations Unies sur l'Evolution du Climat a déjà estimé que le carburant brûlé à une certaine altitude a un impact deux fois plus important sur le climat que lorsqu'il est utilisé au niveau du sol.