Réunis hier dans pour un point d'information sur la situation au Japon et sur la masse d'air légèrement contaminée qui atteindra la France métropolitaine, les Antilles et Saint-Pierre-et-Miquelon cette semaine, l'IRSN vient de remettre les informations recueillis sur la situation des réacteurs nucléaires japonais au 21 mars.
Depuis le précédent point d'information du 20 mars 2011 sur la situation de la centrale de Fukushima Daiichi, les informations obtenues par le centre technique de crise de l'IRSN permettent d'établir l'état suivant des installations.
· Les réacteurs n°1, 2 et 3 restent dans un état particulièrement critique en l'absence de sources de refroidissement externe. Des dégagements de fumée noire sur le bâtiment du réacteur n°3 et de vapeur d'eau sur le bâtiment du réacteur n°2 ont été constatés dans l'après-midi du 21 mars (heure locale). L'origine de ces dégagements reste actuellement inexpliquée.
· Sur la réacteur n°2, l'alimentation électrique est disponible.
· Le réacteur n°1 est réalimenté depuis ce jour à partir du réseau électrique commun aux réacteurs 1 et 2 mais aucun équipement n'a été mis en service.
· Le caractère opérationnel des matériels est toujours en cours de vérification. La priorité est donnée à la mise en service de la salle de commande et du système de refroidissement du réacteur.
· Les réacteurs 5 et 6 sont de nouveau alimentés par le réseau électrique externe en complément des deux générateurs.
· Piscine du réacteur n°1 : La puissance à évacuer est faible. La mise en oeuvre d'un système d'appoint en eau, autre que par camion-lance, ainsi que la faisabilité de la remise en service de son système de refroidissement sont en cours d'examen. La température de la piscine serait de l'ordre de 60°C le 20 mars (mesure infrarouge par hélicoptère).
· Piscine du réacteur n°2 : Un appoint de l'ordre de 40 tonnes d'eau de mer a été injecté directement dans la piscine. Par ailleurs, la faisabilité de la remise en service de son système de refroidissement est en cours d'examen. La température de la piscine serait de l'ordre de 40°C le 20 mars (mesure infrarouge par hélicoptère).
· Piscine du réacteur n°3 : De l'ordre de 3200 tonnes d'eau a été projeté sur le bâtiment par les camions-lance durant les deux derniers jours. Le volume encore disponible de la piscine de ce réacteur semble entièrement rempli. La température de la piscine serait de l'ordre de 60°C le 20 mars (mesure infrarouge par hélicoptère).
· Piscine du réacteur n°4 : De l'ordre de 180 tonnes d'eau a été projeté sur le bâtiment par les camions-lance durant les deux derniers jours. La température de la piscine serait de l'ordre de 40°C le 20 mars (mesure infrarouge par hélicoptère). 90 tonnes d'eau douce auraient été projetées ce matin.
· Piscine du réacteur n°5 : La température de l'eau de cette piscine semble contrôlée. Le refroidissement a été rétabli grâce à un groupe électrogène. Le niveau d'eau est contrôlé. Le toit du bâtiment a été percé pour éviter une éventuelle combustion d'hydrogène comme sur le bâtiment n°4.
· Piscine du réacteur n°6 : La température de l'eau de cette piscine semble contrôlée. Le refroidissement a été rétabli grâce à un groupe électrogène. Le niveau d'eau est contrôlé. Le toit du bâtiment a été percé pour éviter une éventuelle combustion d'hydrogène comme sur le bâtiment n°4.
· Piscine de désactivation commune du site : Cette piscine contiendrait de l'ordre de 6500 assemblages. Bien que la puissance unitaire dégagée par ceux-ci soit nettement plus faible que celle dégagée des assemblages présents dans les piscines des réacteurs, ils doivent néanmoins être également refroidis. La température et le niveau dans la piscine sont maintenant contrôlés.
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L'IRSN donne la situation des réacteurs japonais au 21 mars 2011 |
Par ailleurs, dans sa note d'information, l'IRSN reste préoccupé par le risque de cristallisation du sel injecté avec l'eau de mer dans les cuves des réacteurs (corrosion, impact sur le refroidissement des coeurs, risque de blocage de soupapes'). De manière générale, il conviendrait de reconstituer des réserves d'eau douce sur le site. Par ailleurs, s'agissant des réacteurs n°1, 2 et 3, l'IRSN ne dispose pas d'informations suffisamment détaillées sur les installations (niveau d'eau dans la cuve, pression dans la cuve et dans l'enceinte, débit injecté) qui permettraient d'expliquer les évolutions constatées. L'IRSN s'interroge sur la réponse des capteurs de mesure dans des conditions de forte irradiation et de salinité.
Pour ce qui est des autres centrales nucléaires, les réacteurs n° 1, 2, 3 et 4 de la Centrale de Fukushima II (Daini), ont atteint les conditions d'arrêt normales (appelées « arrêt à froid »). Aucune dégradation du combustible n'a eu lieu sur ces réacteurs.
Enfin, il n'y a pas d'élément particulier à signaler dans les Centrales d'Onagawa et de Tokai.