Une forte secousse sismique de magnitude 8,9 a frappé le Japon (préfecture de Miyagi) le 11 mars 2011 peu avant 15 heures heure locale. Ce séisme a été suivi de très nombreuses et fortes répliques qui ont été ressenties dans une grande partie du Japon, et par un tsunami qui a dévasté les côtes avec des vagues pouvant atteindre localement plus de dix mètres.
Le bilan provisoire du séisme au Japon est de plusieurs centaines de morts et disparus. De nombreux dégâts matériels sont constatés avec des incendies, des fuites de gaz, des inondations, précise le ministère des affaires étrangères avant de revenir sur l'explosion et la fuite radioactive qui se sont produites samedi 12 mars 2011 au sein de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima Daiichi, située à 250 km au nord de Tokyo. Les autorités japonaises qui « suivent étroitement la situation », prennent les mesures utiles « pour enrayer la catastrophe et protéger la population », précise le ministère des affaires étrangères.
Par ailleurs, Tokyo Electric Power a annoncé, aujourd'hui, que deux explosions se sont produites sur le réacteur n 3 de Fukushima Daiichi. C'est déjà dans cette centrale qu'un réacteur avait été touché par une explosion samedi.
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Le scénario de l'accident nucléaire majeur se répète de réacteur en réacteur depuis deux jours |
Sophia Majnoni, de Greenpeace France, déclare dans un communiqué de presse : « Le Japon se trouve dans une situation d'une gravité inédite. Jamais plusieurs réacteurs d'une même centrale n'ont subi de telles avaries. C'est très dur pour un pays, qui a déjà tant de plaies à panser (') Les conséquences restent à déterminer, mais elles peuvent être dramatiques. Le réacteur n°3 touché cette nuit fonctionne avec un combustible particulièrement dangereux, le Mox, ce qui donne une ampleur plus importante à cet accident. »
En raison des suites du violent séisme du 11 mars 2011, les voyages au Japon sont désormais « fortement déconseillés » par le ministère des affaires étrangères. Les infrastructures de transport (aéroports dont Narita et Haneda, ports, train, métro, voies expresses urbaines et grands axes de Tokyo) demeure perturbé, ainsi que l'alimentation électrique dans la région nord-est du Japon.
Le ministère des affaires étrangères recommande aux ressortissants français de suivre en toutes circonstances les consignes des autorités japonaises. Il est notamment conseillé à ceux vivant dans les zones à proximité des centrales de se calfeutrer dans leur domicile (il faut couper les systèmes d'aération), et de faire quand ils le peuvent des provisions de bouteilles d'eau potable.
Selon Greenpeace, le scénario de l'accident nucléaire majeur se répète de réacteur en réacteur depuis deux jours. Le refroidissement de plusieurs réacteurs connaît des problèmes, le c'ur se met alors à surchauffer, la pression et la température augmentent. L'hydrogène se concentre et provoque des explosions, qui soufflent le bâtiment du réacteur et endommagent très probablement l'enceinte de confinement protégeant le c'ur, qui, lui, continue à chauffer.
Cependant, il est difficile de déterminer les conséquences que ses explosions peuvent avoir, vue que les autorités communiquant très peu d'informations. « Ce qui est sûr, c'est que le Mox est un combustible issu du retraitement des déchets, composé de plutonium, l'un des radiotoxiques les plus puissants qui existent. Pour le Japon, c'est Areva, qui fabrique ce combustible à l'usine de Melox, à Marcoule (vallée du Rhône). Le Mox est ensuite acheminé par bateau au Japon. Une nouvelle traversée se prépare, dans le secret, pour la semaine du 4 avril, au départ de Cherbourg (Manche) », note Greenpeace.
Pour l'organisme, la situation est très inquiétante. « Éric Besson, Henri Guaino, Nathalie Kosciusko-Morizet : les membres du gouvernement ont un comportement indigne, ils font le service après-vente d'Areva et laissent entendre que le Japon, réputé pour sa sûreté nucléaire, avait pris des risques là où la France n'en prend pas. Certes, la situation sismique n'est pas comparable entre ces deux pays, mais la prise de risque est réelle ici aussi. Rappelons qu'en 1999, la centrale du Blayais (Gironde) a frôlé l'accident grave lors de la tempête qui avait secoué tout le pays. Et que la centrale de Saint-Laurent, au bord de la Loire, a déjà subi deux accidents de niveau 4, avec fusion partielle du c'ur, en 1969 et 1980. Avec le nucléaire, le risque zéro n'existe pas, rien n'est prévisible ni maîtrisable en cas d'accident ! », conclut note Sophia Majnoni.