L'année 2010 a été l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées mais elle a également été marquée par un nombre impressionnant de phénomènes climatiques extrêmes, depuis les inondations dévastatrices au Pakistan et en Chine jusqu'à la canicule qu'a connue la Russie.
En effet, en 2010, près de 373 catastrophes naturelles ont été recensées dans le monde, tuant plus de 296.800 personnes, affectant plus de 20 millions d'autres et coûtant près de 110 milliards de dollars aux Etats.
C'est le constat indiqué dans un rapport du Centre de recherche sur l'épidémiologie des catastrophes (CRED) de l'Université catholique de Louvain, en Belgique, réalisé en partenariat avec l'organe de l'ONU chargé de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (ONUSIPC).
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La préparation aux catastrophes doit être revue et révisée à tous les niveaux ; l'année 2010 a montré que nous devions faire mieux, non seulement pour l'intervention en urgence |
En 2010, des inondations dévastatrices ont ravagé le Pakistan après des pluies de mousson torrentielles, tuant plus de 1500 individus et forçant plus de 20 millions d'habitants à fuir leur maison.
Parallèlement, une canicule en Russie a entraîné une augmentation des températures moyennes à Moscou de 7,4°C en juillet. Près de 11 000 décès ont été attribués pendant l'été à la canicule dans la seule capitale russe. La canicule a provoqué des feux de forets et la sécheresse a eu un impact considérable sur les cultures, ce qui a contribué à faire augmenter les prix de la nourriture au niveau mondial.
La Finlande, l'Ukraine et la Biélorussie ont également enregistré des températures très élevées à cette époque.
Les prix du blé au niveau mondial ont augmenté de 47% l'an dernier et l'Organisation des Nations Unies pour la Nourriture et l'Agriculture (Food and Agricultural Organization) a déclaré que les prix des céréales pourraient encore augmenter.
L'année 2010 a également été marquée par des inondations et des glissements de terrain qui ont tué plus de 1400 personnes dans la province de Gansu en Chine.
Enfin, des précipitations torrentielles ont fait de l'année 2010 la troisième année la plus humide en Australie, avant que des inondations dévastatrices ne ravagent le pays début 2011.
De grandes régions de l'Australie et de l'Indonésie ont été affectées par des pluies importantes depuis le mois de Mai 2010, ces précipitations étant associées au phénomène La Nina, qui refroidit l'Océan Pacifique.
Le Canada a par ailleurs connu son année la plus chaude en 2010, avec des températures supérieures de 3°C à la normale. Les Jeux Olympiques d'Hiver 2010 à Vancouver ont d'ailleurs manqué de neige.
De grandes parties du nord de l'Afrique, de la Péninsule arabe et du sud-est de l'Asie ont également enregistré des températures très élevées en 2010. Au Pakistan, à MohenjoDaro, le thermomètre a même atteint les 53,5°C, un record national.
Par ailleurs, quelques régions ont souffert de températures inférieures à la normale en 2010, dont notamment la Sibérie, l'Australie intérieure, certaines régions des Etats-Unis et l'Europe.
La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour la réduction des risques de catastrophe, Margareta Wahlström, déclare, après la publication de ces chiffres : « Ces chiffres sont mauvais, mais pourraient être perçus comme dérisoires dans les années à venir. Si nous n'agissons pas maintenant, nous allons voir des catastrophes de plus en plus fréquentes en raison de l'urbanisation sauvage et de la dégradation de l'environnement (') Les catastrophes naturelles liées au climat augmenteront aussi à l'avenir, à cause notamment du changement climatique ».
De son côté, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) indique que les conditions météorologiques modérées ou violentes, liées au phénomène climatique La Niña, sont maintenant en place dans l'océan Pacifique équatorial et risquent de continuer à engendrer des perturbations au moins jusqu'au premier trimestre de cette année.
Parmi les conséquences de La Niña, figurent déjà les inondations et glissements de terrain qui ont eu lieu en Colombie d'avril à décembre 2010, et plus récemment les inondations dans le Queensland, en Australie, provoquées par des pluies diluviennes qui ont commencé à la fin décembre 2010, peut on lire dans un communiqué de presse.
La Niña est un phénomène climatique ayant pour origine une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface (premières dizaines de mètres) de l'océan Pacifique centre et est caractérisée par une température anormalement basse de ces eaux.
La Niña (la petite fille en espagnol) tire son nom d'une comparaison avec El Niño (le petit garçon en espagnol en référence à l'enfant Jésus) dont les conséquences maritimes et climatiques sont globalement l'inverse de celles de La Niña.
La fréquence de La Niña est différente de celle d'El Niño et les deux événements ne semblent pas nécessairement induits l'un par l'autre (seuls un tiers des cas de proximité dans le temps entre El Niño et La Niña semblent montrer une corrélation).
« La préparation aux catastrophes doit être revue et révisée à tous les niveaux ; l'année 2010 a montré que nous devions faire mieux, non seulement pour l'intervention en urgence mais aussi pour la préparation et la prévention », a souligné le Directeur du CRED, Debarati Guha-Sapir.
En attendant, le renforcement de la résilience des collectivités locales sera l'une des priorités du Forum mondial sur la prévention des catastrophes qui sera organisé du 8 au 13 mai, à Genève, en Suisse, au siège de l'ONUSIPC.