L'Assemblée générale annuelle de la Banque mondiale à Washington, s'est ouverte aujourd'hui.
A cette occasion, une étude de l'ONG Oil Change International, a été dévoilé hier, le 7 Octobre, révélant que ces deux dernières années, aucun projet d'énergie fossile financé par la Banque mondiale n'a amélioré l'accès à l'énergie des plus pauvres.
Des conclusions qui viennent remettre en cause la défense habituelle de la Banque, des gouvernements et industriels, qui prétendent que leurs soutiens aux projets de charbon, gaz et pétrole sont nécessaires pour réduire la précarité énergétique, peut on lire dans un communiqué de presse.
C'est dans ce cadre, que les Amis de la Terre ont demandé à la Banque mondiale de mettre fin à ses prêts aux fossiles et de réorienter ses prêts dans le secteur de l'énergie vers le financement de modèles énergétiques propres bénéficiant réellement aux populations les plus pauvres.
Aujourd'hui, l'utilisation par l'humanité de quantités considérables de combustibles fossiles est à l'origine d'un déséquilibre important du cycle du carbone, ce qui provoque une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre et, par voie de conséquence, entraîne des changements climatiques.
Les réserves de combustibles fossiles de la planète sont fixes et, au rythme de consommation actuel, leur épuisement doit être envisagé. Malgré les violentes polémiques, ce fait est aujourd'hui reconnu, tant par les scientifiques que par les industriels, à quelques nuances chronologiques près. La différence d'échéance se compte en décennie. Dans le cas particulier du pétrole, on parle de pic pétrolier ou de pic Hubbert.
Pour donner un ordre de grandeur de la vitesse d'utilisation des combustibles fossiles, on considère que, au rythme actuel, l'humanité aura épuisé en moins de 200 ans les réserves accumulées pendant plusieurs centaines de millions d'années (pour fixer les idées, on prendra 200 millions d'années, sachant que le carbonifère dura environ 60 millions d'années). On constate ainsi que l'humanité épuise les réserves de combustibles fossiles environ un million de fois plus vite que ce que la nature a mis pour les constituer.
Les auteurs du rapport « Energy for the poor? » de Oil Change International ont conduit une évaluation indépendante des prêts de la Banque mondiale dans les énergies fossiles pour les années fiscales 2009 et 2010. Ils en concluent qu'aucun de ces projets n'a pour objectif direct l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, ou ne s'assure que ses bénéfices profitent aux populations pauvres, peut on lire dans un communiqué de presse.
D'autre part, une analyse de la Banque mondiale elle-même admet qu'aucun des projets pétrolier ou charbon financé à cette période ne peut être considéré comme ayant amélioré l'accès à l'énergie.
Il faut savoir que la Banque mondiale finance massivement les combustibles fossiles, qui représentent 63% de ses prêts dans les secteurs de l'énergie en 2010. En effet, entre 2006 et 2009, elle a investi plus de 8,8 milliards de dollars dans les fossiles pour seulement 2,5 milliards dans les renouvelables. Ce sont ses financements au charbon qui ont le plus augmenté ces dernières années, avec une hausse de 256% entre 2007 et 2008, note le rapport.
« La Banque mondiale a toujours tenté de justifier son soutien à des projets d'énergies fossiles très polluants en affirmant qu'ils étaient nécessaires pour assurer l'accès des plus pauvres à l'énergie. Le rapport de Oil Change International vient détruire ce mythe. Il démontre que la Banque ne respecte pas sa mission de réduction de la pauvreté. Car si ses prêts ne bénéficient pas aux plus pauvres, c'est bien qu'ils profitent aux plus riches : multinationales, consommateurs des pays développés, ou pays émergents qui n'ont pas besoin du financement de la Banque mondiale pour construire des centrales à charbon' », explique Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre.
En attendant, les Amis de la Terre demandent la Banque mondiale à revoir sa Stratégie Energie. L'organisme recommande entre autre d'arrêter le soutien des énergies fossiles et de réorienter les financements vers les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique au bénéfice des populations les plus pauvres.