Depuis le début de l'épidémie à La Réunion pour le chikungunya et depuis début 2006 pour la dengue, les cas importés sont surveillés en métropole à partir des résultats biologiques des principaux laboratoires (cas présentant une confirmation biologique obtenue sur un prélèvement effectué dans un laboratoire métropolitain).
Ainsi, entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2007, 851 cas importés de chikungunya et 658 cas de dengue ont été identifiés à partir des données de laboratoire. L'âge médian au diagnostic était de 50 ans [5 mois - 85 ans] pour les cas de chikungunya et de 42 ans [6 mois - 84 ans] pour les cas de dengue. Le sexe ratio H/F était de 0,86 pour les cas de chikungunya et de 1,12 pour les cas de dengue. L'évolution du nombre de cas de chikungunya a suivi la dynamique de l'épidémie dans l'océan Indien, le nombre de cas de dengue suit également le développement des épidémies de dengues notamment dans les Antilles françaises.
La dengue et le chikungunya sont deux arboviroses des régions intertropicales. La transmission se fait d'homme à homme par l'intermédiaire de moustiques du genre Aedes, notamment A. aegypti et A. albopictus. Le risque d'initier une chaine de transmission en France métropolitaine dépend d'une part du risque d'introduction du virus par l'arrivée de personnes virémiques et d'autre part du risque de transmission par des moustiques compétents. A. albopictus est implanté depuis 2005 dans les Alpes-Maritimes, depuis 2006 en Haute-Corse et depuis 2007, dans le Var et en Corse du Sud.
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Bulletin de veille sanitaire des cas de dengue et de chikungunya importés en France métropolitaine 2008-2009 |
Pour l'année 2008/2009, avec l'implantation du moustique Aedes albopictus dans le sud de la France, le risque d'initier une chaîne de transmission des arbovirus et notamment des virus de la dengue et du chikungunya est réel. Une surveillance des cas importés en métropole diagnostiqués par un réseau de laboratoires réalisée depuis 2006, et ce travail présente le bilan pour la période 2008-2009.
Le chikungunya, est une maladie infectieuse tropicale, due à un arbovirus, un Alphavirus de la famille des Togaviridae, transmise par des moustiques du genre Aedes. La transmission du virus d'un humain malade à un moustique se fait par le sang aspiré lors de la piqûre. La contamination d'un homme sain est réalisée par la salive de moustiques qui ont été infectés quelques jours ou quelques semaines auparavant. Seules les moustiques femelles piquent.
Pour sa part, la dengue, anciennement appelée grippe tropicale ou le petit palu, est une infection virale, endémique dans les pays tropicaux. Le virus de la dengue est transmis à l'homme par l'intermédiaire de moustiques, Aedes aegypti le plus souvent. Une forme déclenchant une fièvre hémorragique, la dengue hémorragique, est potentiellement mortelle. L'aggravation du syndrome hémorragique, généralement pour les enfants de moins de 15 ans, conduit vers la dengue avec choc.
Selon le bilan de surveillance de laboratoires depuis 2006, dans les départements où A. albopictus était implanté, 9 cas de dengue et 8 cas de chikungunya importés ont été rapportés entre le 1er mai et le 30 novembre 2006, période d'activité du moustique.
En 2007, dans la zone élargie d'implantation, 22 cas de dengue et 3 cas de chikungunya ont été rapportés pour la même période. Ces résultats apportent des éléments pour une évaluation qualitative d'un risque de transmission autochtone de ces maladies dans le sud de la France. Une surveillance entomologique et épidémiologique active doit donc être poursuivie afin d'orienter au mieux les mesures de prévention et contrôle et de compléter l'évaluation de risque, peut on lire dans un communiqué de presse.
Pour l'année 2008-2009, 693 cas de dengue et 86 cas de chikungunya ont été diagnostiqués, avec d'importantes fluctuations mensuelles. La majorité des cas résident en Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur.
« La surveillance par les laboratoires confirme la réalité du risque d'introduction des virus de la dengue et du chikungunya par des voyageurs de retour de zone d'endémie et le caractère pertinent de ce dispositif pour appuyer le plan national anti-dissémination », peut on lire dans un communiqué de presse.