Une nouvelle enquête du gouvernement chinois sur les problèmes environnementaux du pays montre que les niveaux de pollution de l'eau en 2007 étaient deux fois plus importants que les estimations officielles, principalement parce que la pollution liée aux déchets agricoles a été ignorée.
Les données, présentées par le Vice Ministre pour la Protection de l'Environnement, Zhang Lijun, ravive des interrogations persistantes concernant la qualité des statistiques officielles en Chine, et l'efficacité des mesures prises par le gouvernement pour que le pays ait une croissance plus propre après des années d'expansion non contrôlée.
Le premier recensement national sur les sources de pollution montre que le déversement de « demande chimique en oxygène » (DCO) 'une mesure de la pollution de l'eau- dans les eaux usées était de 30,3 millions de tonnes, d'après Zhang Lijun.
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Le fait que le gouvernement avait réussi à oublier un des principaux facteurs de pollution dans ses indicateurs pose question et suscite l'inquiétude |
Le gouvernement a déclaré dans un article officiel publié il y a deux ans que pour la première fois, en 2007, le gouvernement avait réussi à réduire la pollution de l'eau, la DCO ayant diminué de 3% pour atteindre les 13,8 tonnes, soit une différence d'un peu plus de 16 tonnes par rapport au chiffre annoncé cette semaine.
Le recensement a mis des années à être réalisé, en partie parce qu'il était très complet, mais peut-être aussi parce qu'il contient des révélations douloureuses pour le gouvernement comme celle sur la pollution de l'eau.
Zhang Lijun a minimisé la différence entre ces deux totaux. Il a déclaré que cet écart pouvait être expliqué par la portée élargie de la deuxième enquête, l'inclusion des sources agricoles d'eau usée 'qui contribuent pour 13,2 millions de tonnes-, et les méthodes de calcul différentes utilisées.
« La portée des données était différente, cette fois, l'étude incluait une enquête sur les sources agricoles » a déclaré Zhang Lijun lors d'une conférence de presse.
Une étude plus détaillée concernant les émissions industrielles et domestiques, et une approche statistique différente ont également contribué à creuser l'écart entre les deux résultats. Quand on prend en compte ces éléments, la DOC n'est supérieure que de 5% au chiffre officiel de 2007, d'après le vice ministre.
Mais que l'omission des polluants agricoles ait été volontaire ou non, le fait que le gouvernement avait réussi à oublier un des principaux facteurs de pollution dans ses indicateurs pose question et suscite l'inquiétude. Il pourrait y avoir d'autres problèmes graves de ce genre que Pékin ne souhaite pas révéler.
Les militants écologistes qui ont félicité ce nouvel effort pour dresser un tableau plus complet et plus proche de la réalité du problème de pollution de la Chine, demandent également à avoir un accès public aux résultats détaillés.
« Il semble que les données plus complètes sur la pollution issues du recensement ne soient pas encore accessibles par le public » a déclaré le Directeur de Greenpeace Campaign en Chine, Sze Pang Cheung.
« Nous demandons au gouvernement d'établir immédiatement une plate forme grâce à laquelle le public pourra accéder facilement à un grand nombre de données concernant la pollution » en Chine, a ajouté le militant.
Zhang Lijun a déclaré que l'étude avait donné à la Chine un meilleur aperçu des défis auxquels est confronté le pays, et qu'à l'avenir la Chine espérait augmenter le nombre de polluants qu'elle observe et qu'elle contrôle.
C'est une preuve de l'engagement de la Chine à changer son modèle économique, a-t-il ajouté, ce nouveau modèle devant permettre de limiter la croissance de la pollution à un stade moins avancé que celle des pays occidentaux.
« Parce que la Chine a pris un chemin de développement différent de celui des autres nations avancées, il est très probable que le pic de notre pollution aura lieu plus tôt » que pour ces dernières, a-t-il précisé.
Mais Zhang Lijun a ajouté que le gouvernement ne changerait pas ses méthodes d'enquête dans la perspective d'un objectif visant à réduire la pollution des eaux usées de 10% d'ici 2010 par rapport au niveau de 2005.
« Cet objectif a été déterminé sur la base des données environnementales de 2005 c'est pourquoi les objectifs doivent être conservés tels quels » a-t-il indiqué.