Plus de 25 millions de personnes, dont beaucoup de pauvres, ont accédé aux réseaux d'eau potable grâce à des entreprises privées. La Banque mondiale a mesuré pour la première fois la contribution des entreprises privées à l'accès à l'eau potable dans les pays en développement.
Selon la Fédération internationale des opérateurs privés de services d'eau (Aquafed), de plus en plus d'autorités publiques engagent des opérateurs privés pour assurer localement le service public d'alimentation en eau potable dans les pays en développement.
Jusqu'ici, aucune étude statistique sur l'impact de ces partenariats public-privés n'avait été faite. La Banque mondiale vient de combler cette lacune en publiant une étude mondiale mesurant précisément l'impact de la délégation de la gestion du service public de l'eau à des opérateurs privés dans l'ensemble des pays en développement (1).
Ce rapport, annoncé en mars 2009 au Forum Mondial de l'Eau d'Istanbul, vient compléter un travail statistique approfondi publié plus tôt dans l'année (2).
 |
Selon un rapport de la Banque mondiale, plus de 25 millions de personnes, dont beaucoup de pauvres, ont accédé aux réseaux d'eau potable grâce à des entreprises privées, se dont se félicite AquaFed. |
Pour AquaFed, ce rapport montre que les opérateurs privés locaux et internationaux apportent en moyenne beaucoup plus aux populations et aux gouvernements des pays en développement que ce qui est communément admis (3).
Selon ce rapport, les opérateurs privés agissant par délégation des pouvoirs publics :
-
contribuent significativement aux Objectifs du Millénaire pour le Développement et au progrès de l'accès à l'eau potable dans les pays en développement (4), en particulier pour les populations pauvres (5).
-
améliorent le fonctionnement de l'alimentation en eau potable et en particulier la continuité du service en accroissant le nombre d'heures quotidiennes de fourniture de l'eau
-
améliorent considérablement l'efficacité opérationnelle du service de l'eau : réduction des fuites dans les réseaux, recouvrement des factures, accroissement de la productivité, etc.
-
n'entrainent pas de prix plus élevés que la gestion publique à conditions équivalentes
-
stimulent par leur présence les progrès dans les territoires voisins.
Les résultats chiffrés d'amélioration de l'accès à l'eau potable sont particulièrement impressionnants estime AquaFed : les 36 principaux contrats en Afrique, Amérique Latine et Asie ont été étudiés en détail par la Banque. Ils alimentaient initialement 48 millions de personnes. La gestion par des entreprises privées a permis en une dizaine d'années à environ 25 millions de personnes, de gagner un accès fiable aux réseaux d'eau potable soit une croissance de 50% (6) du nombre de bénéficiaires du service public de proximité.
Pour AquaFed, ces bons résultats expliquent la croissance régulière du nombre d'autorités publiques qui font appel à des opérateurs privés pour la gestion de leur service d'alimentation en eau potable dans les pays en développement. Cette croissance a été mesurée par le rapport de la Banque mondiale (cf. graphe ci-dessous).
Dans le cadre des contrats identifiés dans le rapport, la population directement alimentée en eau par des opérateurs privés a cru régulièrement de quelques millions depuis 1991 jusqu'à dépasser 160 millions de personnes en 2007.
Depuis quelques années cette croissance est principalement attribuable aux opérateurs issus des pays concernés (7). Le rapport de la Banque mondiale estime qu'environ 7% de la population urbaine des pays en développement est alimentée aujourd'hui quotidiennement en eau par des entreprises privées (8).

Population urbaine alimentée par des opérateurs privés dans les pays en développement.
Graphisme AquaFed reproduisant les données du rapport Banque mondiale
Nota : seuls les contrats de long terme relatifs à la distribution de l'eau jusqu'aux utilisateurs connectés à un réseau sont pris en compte ' les contrats de gestion des usines de traitement d'eau potable sont exclus.
AquaFed est la fédération internationale des opérateurs privés de services d'eau. Ouverte aux sociétés et aux associations de sociétés de toutes tailles et de tous pays, elle a pour but de contribuer à résoudre les problèmes de l'eau en apportant le savoir-faire et l'expertise du secteur privé à la communauté internationale. Elle rassemble plus de 300 sociétés qui alimentent en eau potable des centaines de millions de personnes dans 40 pays.
Réactions à cet article :
Martin Pigeon, Corporate Europe Observatory |
Une précision qui me semble utile : l'étude citée dans cet article a été réalisée par Philippe Marin, un ancien du secteur privé qui travaille depuis 2001 pour une agence de la Banque Mondiale nommée la PPIAF, pour Public Private Infrastructure Advisory Facility. Cette agence travaille depuis des années, comme son nom l'indique, à la promotion exclusive des Partenariats Public Privé (PPP), un biais idéologique dommageable que Corporate Europe Observatory a dénoncé avec un certain nombre d'autres organisations, voir notre dossier sur eux : http://archive.corporateeurope.org/ppiaf.html
J'ajoute que l'étude en question a fait l'objet d'une analyse très critique par des chercheurs de l'université de Greenwich : http://www.psiru.org/reports/2009-03-W-wbank.doc |
Notes :
-
1'Public-Private Partnerships for Urban Water Utilities', Philippe Marin, World Bank, PPIAF, Trends & Policy options n°8, 2009 http://www.ppiaf.org/documents/trends_and_policy/PPPsforUrbanWaterUtilities-PhMarin.pdf
-
2 'Does Private Sector Participation Improve Performance in Electricity and Water Distribution?', Katharina Gassner, Alexander Popov, and Nataliya Pushak, Woirld Bank, PPIAF, Trends and policy options n°6, 2009 http://www.ppiaf.org/documents/e-book_PSP_Impact_Electricity_Water_Distribution.pdf
-
3 Rapport BM Page 6: 'the analysis of the four dimensions of performance (access, quality of service, operational efficiency, and tariff levels) suggests that the overall performance of water PPP projects has been generally quite satisfactory.'
-
4 Rapport BM page 64: 'Still, many PPP projects did achieve significant improvements in water and sewer coverage. This study found that since 1991, PPP projects in developing countries have provided access to piped water for more than 24 million people (see appendix B).'
-
5 Rapport BM Page 134: 'There is circumstantial evidence that poor households significantly benefited from the increased access and reduced water rationing that was achieved by a significant number of PPP projects. This was notably the case in cities with high poverty rates, and where access was improved significantly by expanding the water network to poor neighborhoods that were previously unserved, as in Côte d'Ivoire; Senegal; Cartagena, Barranquilla,and Monteria (Colombia); Guayaquil (Ecuador); Manila (the Philippines);and even La Paz'El Alto and Buenos Aires (Argentina).'
-
6 Calcul AquaFed à partir des annexes A et B du rapport Banque mondiale
-
7 Rapport BM Page 9: 'Some 90 percent of the growth in the number of people served by PPP projects since 2001 is due to private operators from developing countries.'
- 8 Rapport BM page 1