Le camp militaire de Sissonne dans l'Aisne a la particularité d'héberger depuis 2005 un ensemble d'installations spécifiques permettant d'entraîner les forces terrestres aux actions qu'elles doivent conduire, de plus en plus, en zone urbaine : le centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB).
Pôle d'expertise de l'armée de Terre, outre l'entraînement des unités, il permet d'élaborer des doctrines, de mener des études prospectives et constitue un vrai laboratoire expérimental pour l'adaptation des systèmes d'armes et d'information au milieu urbain.
Camp inauguré le 17 juillet 1896 et dans sa délimitation actuelle depuis juin 1914, le camp militaire de Sissonne couvre une superficie de l'ordre de 5 500 ha dont environ 3 000 ha de milieux naturels précieux.
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Camp inauguré le 17 juillet 1896 et dans sa délimitation actuelle depuis juin 1914, le camp militaire de Sissonne situé dans l'Aisne couvre une superficie de l'ordre de 5 500 ha dont environ 3 000 ha de milieux naturels précieux, un patrimoine naturel qui doit être protégé.  |
Une richesse écologique exceptionnelle
« Pays sec », sans cours d'eau mais possédant toutefois des mares temporaires d'une grande richesse biologique, le camp militaire national de Sissonne est le vestige des paysages ancestraux de la Champagne pouilleuse à l'époque où les troupeaux de moutons parcouraient ses vastes espaces de savarts (coteaux calcaires). Aujourd'hui encore, plus de la moitié du Camp est recouverte par des espaces ouverts composés de pelouses et prairies sèches plus ou moins piquetées d'arbustes, ce qui donne à ce paysage l'aspect d'une steppe.
Depuis près d'un siècle, c'est 55 000 Hectares qui sont donc principalement laissés aux activités militaires. Il en résulte la présence d'un patrimoine naturel exceptionnel qui à bien des égards, par exemple par la richesse en insectes, n'a probablement pas d'égal en Picardie.
S'il fallait trouver une espèce symbolique de cette richesse exceptionnelle ce serait l'anémone sauvage. Cette fleur justement typique des steppes d'Europe centrale présente ainsi sur le camp une population de plusieurs dizaines de milliers de pieds, fait unique en France où cette espèce légalement protégée est en voie de disparition.
Faune et flore
Le camp de Sissonne est le refuge d'une faune et d'une flore souvent ailleurs fortement menacée ou déjà disparue. C'est ainsi plus d'une dizaine d'espèces végétales protégées qui sont ici présentes dont des espèces emblématiques : l'anémone sauvage avec ici la présence de la plus importante population française ; le sisymbre couché, crucifère discrète dont les populations mondiales ont une aire de distribution très restreinte et pour laquelle le camp de Sissonne est également un site majeur pour la préservation de l'espèce ou encore la gentiane croisette ici abondante alors qu'elle est presque disparue ailleurs en Picardie.
La faune n'est pas en reste avec la présence en particulier d'une diversité entomologique vraisemblablement sans richesse comparable dans la région. On peut ainsi citer l'azuré de la gentiane dont la chenille se développe sur la gentiane croisette ou encore le damier de la succise dont le camp héberge la plus importante population régionale voire des régions du nord de la France.
Ces vastes espaces sont également le refuge de certaines espèces d'oiseaux remarquables, la magnifique huppe fasciée est encore ici nicheuse comme le splendide guépier d'Europe qui apprécie la richesse en insectes du site.
Les mares et les ornières notamment liées aux passages des engins militaires permettent la présence de mares qui abritent une flore et une faune d'une grande originalité. On y retrouve ainsi de nombreux amphibiens tels le crapaud calamite et le pélodyte ponctué. Des espèces très particulières et rarissimes comme le branchiopode de Schaeffer, crustacée semblable à une petite crevette translucide, occupent également ces points d'eau temporaires.
Une richesse partagée
Le camp militaire de Sissonne est inscrit à l'inventaire régional des zones naturelles d'intérêt écologique faunistique et floristique. Il fait l'objet d'une démarche de développement raisonné des activités en conciliant impératifs des armées et prise en compte des sensibilités environnementales, le partenariat entre la défense et le conservatoire des sites naturels de Picardie étant un des éléments qui illustrent cette démarche.
Objectifs du camp militaire de Sissonne
Le centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB) du camp militaire de Sissonne est articulé en quatre pôles offrant chaque année à près de 6 000 militaires un véritable parcours pédagogique :
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le village de combat de Beauséjour, doté d'une soixantaine de maisons, est dédié à l'instruction interarmes et a été revalorisé en 2006 ;
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le site d'entraînement de Jeoffrecourt, réalisé ex-nihilo par tranche successive de 2008 à 2012, représentera, à terme, une ville de 5 000 habitants sur une superficie d'un kilomètre carré. Il comprend un centre ville, un cours d'eau, une zone commerciale et industrielle, un secteur moderne et un secteur pavillonnaire. Les unités en rotation s'entrainent durant deux semaines au niveau du sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) engagé en zone urbaine. Depuis début 2009, la réalisation de la première tranche de Jeoffrécourt leur permet d'être engagées dans un environnement réaliste, très complexe et représentant fidèlement tous les types d'infrastructures rencontrés sur les théâtres d'opérations. La capacité d'entraînement est passée d'un SGTIA à deux SGTIA à l'été 2009, permettant à un état-major régimentaire de commander l'équivalent d'un bataillon au cours des exercices. Un corps d'instructeurs et une force adverse permanente concourent à l'instruction et à l'entraînement des unités interarmes.
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le complexe de tir en zone urbaine comprendra, en 2010, 8 champs de tir spécialisés permettant de réaliser toutes les formes de tir en zone urbaine que l'on peut avoir à pratiquer sur les théâtres d'engagement.
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le site d'entraînement est aussi dédié à l'engagement au contact des foules, au quartier des Thuillots, en collaboration avec la gendarmerie nationale (protocole particulier). Au cours des exercices, les unités s'entraînant au contrôle de foule seront mises en situation pour se coordonner avec les SGTIA pratiquant les opérations urbaines plus conventionnelles.
Le CENZUB fonctionnera jusqu'en 2015 sans instrumentation mais, à compter de 2010, un système pilote sera mis en 'uvre afin de préciser le besoin, tout en prenant en compte le retour d'expérience des rotations, la mise en service de nouveaux simulateurs de combat et le développement de la numérisation de l'espace de bataille.
Plateforme polyvalente dédiée à la préparation opérationnelle y compris la lutte contre le terrorisme urbain et l'engagement au contact des foules, le CENZUB retient déjà l'attention de nombreux pays étrangers. Il pourra offrir à l'avenir des capacités d'entraînement en coalition (OTAN ou UE).