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L'argentine et le pesticide round up 
L'argentine et le pesticide round upL'argentine et le pesticide round up
L'argentine et le pesticide round up. La moitié des terres du pays l'utilisent, sans connaître les réels dangers.

D'après le journal Lacroix qui a publié aujourd'hui un article sur l'agriculture en argentine, un soja OGM, tolérant à l'herbicide « Roundup », couvre la moitié des terres du pays et l'usage de cet herbicide pose des problèmes sanitaires de plus en plus aigus.

 

Des quartiers entiers sont ravagés par des maladies graves comme le cancer des intestins, tumeurs au cerveau, ou encore la leucémie. Sofia Gatica habite à Ituzaingo Anexo, une banlieue de la ville de Cordoba, à 700 km au nord-ouest de Buenos Aires (Argentine). Sur 5 000 habitants, plus de 200 cas de cancers ont été recensés. C'est quand elle s'est rendue compte que nombre de ses voisins portaient un foulard sur la tête ou un masque sur le visage que Sofia a commencé à enquêter. Elle a découvert alors l'insoutenable envers du décor avec sa cohorte de tumeurs, de malformations de foetus, de problèmes hormonaux ou respiratoires, ou de maladies spécifiques, comme le lupus ou le purpura. Sa propre fille est née avec une malformation aux intestins et est morte deux mois plus tard. En 2002 se crée l'association Mères d'Ituzaingo Anexo.


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En 2006, la direction de l'environnement de la ville de Cordoba analyse le sang de trente enfants : tous ont des traces de pesticides, vingt trois d'entre eux au-dessus des normes autorisées. Ici, une rue seulement sépare les premières habitations des champs de soja, et l'épandage de pesticides se fait par avion. Au bout de dix ans, un procureur donne raison aux Mères d'Ituzaingo. De nouvelles analyses de sang confirment la présence d'endosulfan et de glyphosate. Ce dernier élément constitue le principe actif du Roundup, l'herbicide total conçu par l'entreprise américaine Monsanto. En décembre dernier, le procureur a mis en examen des producteurs de soja, le propriétaire de l'avion et le pilote, et a interdit l'épandage par avion à moins de 1 500 mètres des habitations.

 

L'argentine et le pesticide round up L'argentine et le pesticide round up. La moitié des terres du pays l'utilisent, sans connaître les réels dangers.

 

En janvier, la présidente du pays Cristina Fernandez a ordonné la création d'un comité de santé pour étudier le cas d'Ituzaingo Anexo. « Mais le comité veut se limiter à ce quartier, alors que le problème est plus vaste », se plaint Gerardo Mesquida, coordinateur général de la campagne Paren de fumigar (Arrêtez les épandages). Car la situation se répète ailleurs, comme dans la province de Santa Fe où, en mars, un juge a lui aussi interdit les épandages près des habitations.

 

Cordoba et Santa Fe sont deux des principales provinces productrices de soja Roundup Ready (soja RR), c'est-à-dire de soja OGM tolérant au Roundup, également créé par Monsanto. Au contact avec l'herbicide, toutes les plantes meurent ' sauf le soja RR, qui absorbe et tolère le produit. Avec l'augmentation du prix du soja sur le marché international, une fièvre de « l'or vert » s'est emparée des agriculteurs, qui se sont mis à semer à tout va, n'hésitant pas à déboiser les régions plus arides du Nord. Le soja RR occupe désormais 17 millions d'hectares, soit 50 % de la surface cultivée du pays.

 

Et 200 millions de litres de Roundup sont épandus sur les cultures par avion ou à l'aide de mosquitos (moustiques), ces tracteurs qui déploient des ailes de plusieurs mètres de long. « Auparavant, il existait autour des villes des ceintures de vergers, mais les producteurs cherchent à exploiter la moindre parcelle de terrain et le soja atteint désormais l'orée des villes », explique Jorge Rulli, un des fondateurs du Groupe de réflexion rurale (GRR). En France et aux États-Unis, Monsanto a été condamné pour publicité mensongère après avoir présenté le Roundup comme « 100 % biodégradable ».

 

Commentaire de Dominique Quinio : " L'exemple venu d'Argentine, d'une banlieue de

Cordoba à 700 km de Buenos Aires, fait frémir. L'épandage en grande quantité d'herbicide

Roundup, produit par Monsanto, sur les cultures de soja (un soja OGM « tolérant », résistant à cet herbicide) ' réalisé à proximité de quartiers d'habitation ' est aujourd'hui associé à de nombreux cancers ou malformations, constatés parmi leurs habitants.

 

La justice a reconnu la responsabilité des producteurs locaux de soja et des épandeurs de pesticides, mais les associations de victimes déplorent que la responsabilité ait été limitée à ce périmètre et au non-respect d'une distance de sécurité entre les cultures et les habitations ; elles s'interrogent sur la toxicité intrinsèque du Roundup, sur sa dissémination dans les sols et dans les eaux, sur la qualité du soja ainsi cultivé'

 

Que peuvent ces associations devant l'attrait de l'« or vert », le soja représentant une grande part des exportations agricoles de l'Argentine ? Par ailleurs, les enquêtes alarmantes sur l'herbicide sont contestées par Monsanto et les autorités françaises ou européennes ne relaient pas les inquiétudes des opposants. Il reste que le cas argentin démontre que de tels produits, à tout le moins, demandent des précautions d'utilisation, des réglementations rigoureuses. Et révèle l'urgence de réduire au maximum l'utilisation de pesticides, en recourant à des pratiques agricoles nouvelles ' qui ne sont parfois que l'adaptation d'anciennes pratiques. Pour le bien des consommateurs, celui des agriculteurs (les premiers exposés)' et, au bout du compte, de leur porte-monnaie."

 

« On m'a dit que le glyphosate se désactive au contact de la terre, affirme Carlos Demeco, qui cultive 250 ha de soja à Lujan, dans la province de Buenos Aires. Ni moi ni mes employés n'utilisons de protection lorsque nous l'appliquons. » « À qui la faute ? Interroge Gerardo

Mesquida. Aux agriculteurs ? Aux agronomes ? Aux maires des villes, qui sont souvent eux-mêmes producteurs de soja ? À Monsanto, muet sur les dangers du Roundup ? Ou au gouvernement, qui a autorisé la culture du soja RR sans faire d'études sérieuses ? » Pour demander l'autorisation de culture d'un OGM, l'entreprise doit montrer les résultats de tests réalisés en laboratoire et sur des parcelles.

 

« La Commission nationale de conseil de biotechnologie agricole (Conabia), qui dépend du secrétariat à l'agriculture, n'effectue pas d'autres analyses », assure l'ingénieur agronome Walter Pengue, du Groupe de l'écologie du paysage et de l'environnement (Gepama) de l'université de Buenos Aires, et qui a consacré de nombreuses études au soja transgénique. « Il n'est pas obligatoire que les tests soient réalisés en Argentine et les parcelles ne sont pas contrôlées par l'État. En fait, les entreprises comme Monsanto ne font rien d'illégal : c'est le gouvernement qui devrait être plus exigeant », estime l'agronome.

 

La Conabia, elle, refuse de s'exprimer. Il est vrai que l'on compte parmi ses membres Monsanto et d'autres entreprises de biotechnologie. Dans un premier temps, l'entreprise américaine a permis aux agriculteurs argentins de garder une partie des semences pour la saison suivante, pratique interdite aux États-Unis. De cette manière, elle s'est accaparé le marché : le soja RR représente 99 % de la culture du soja. En 2004, Monsanto a finalement exigé le paiement rétroactif de royalties sur chaque tonne de soja exportée, provoquant un conflit judiciaire qui n'est toujours pas réglé. Auprès de la population, les OGM ont été présentés comme une solution miracle au problème de la faim dans le monde, bien que le soja RR ne serve en réalité qu'à l'alimentation du bétail européen et chinois et que sa tolérance à l'herbicide n'ait vocation qu'à faciliter la culture à grande échelle.

 

À Ituzaingo Anexo, en revanche, Monsanto a une autre image : « On devrait plutôt l'appeler Mondiablo, ironise Sofia Gatica. Malheureusement, on ne risque pas d'interdire la culture du soja transgénique' » Le pays est en effet devenu le troisième exportateur mondial de soja, premier exportateur de produits dérivés (farines et huile), et il tire l'essentiel de ses ressources de cette plante : l'État prélève un impôt de 35 % sur chaque tonne exportée. Encouragé par la médiatisation de la situation à Ituzaingo Anexo et par la traduction, le mois dernier, du livre de Marie-Monique Robin Le Monde selon Monsanto, le GRR a demandé à la justice de suspendre ou limiter la vente et l'utilisation des pesticides.

 

Un peu partout, la résistance s'organise : dans plusieurs villages, la population s'est mobilisée pour empêcher le passage d'avions épandeurs. Les agriculteurs eux-mêmes commencent à critiquer l'OGM, en raison notamment de l'apparition de mauvaises herbes résistantes au Roundup. « Auparavant, on l'utilisait pendant les périodes de jachère et on alternait avec d'autres produits, explique Walter Pengue. Maintenant, on n'utilise plus que le Roundup. On a entre douze et quatorze types de mauvaises herbes résistantes. » Monsanto se refuse à tout commentaire.

 

Quelques repères' L'Argentine cultive 21 millions d'hectares de plantes transgéniques. C'est le deuxième pays après les États- Unis (62,5 M ha). Avec le Brésil, ces trois pays totalisent 80 % des 125 millions d'hectares de cultures OGM de la planète. Le soja tolérant à l'herbicide (Ready Roundup, dit « RR ») représente à lui seul 65,8 millions d'hectares, soit 53 % des cultures OGM de la planète. Coton, colza, maïs, luzerne et betterave à sucre existent également en version OGM RR et sont cultivés sur 13,2 millions d'hectares (10,5 % des superficies OGM). La tolérance à l'herbicide est également présente dans 26,9 millions d'hectares de plantes OGM qui ont une autre propriété, notamment la résistance à un insecte. Au total, le Roundup est utilisé sur 106 des 125 millions d'hectares de plantes OGM.

 

Le principe actif du Roundup, le glyphosate, mélangé aux produits chimiques qui l'accompagnent, forme un mélange toxique pour des cellules humaines en culture. Depuis des années, certains scientifiques mettent en doute l'innocuité du Roundup (Monsanto), cet herbicide répandu notamment sur la majorité des plantes OGM cultivées, vis-àvis de la santé animale et humaine.

 

Une critique à laquelle l'agrochimiste Monsanto France avait répondu dès l'année 2000 : « Les mentions portées sur nos étiquettes s'appuient sur des études scientifiques publiées ou communiquées aux instances réglementaires du ministère de l'agriculture en charge de la délivrance des autorisations de mise sur le marché. » Hypothèse alors avancée par les sceptiques : soit le dossier d'autorisation de mise sur le marché n'était pas complet (Monsanto aurait fourni des études portant sur le principe actif de l'herbicide, mais pas sur les molécules qui l'accompagnent), soit ' comme le laisse entendre Marie- Monique Robin dans son livre, le processus d'homologation des pesticides pose problème quant à la méthode ou à l'indépendance des experts.

 

À l'appui de la première hypothèse vient d'être publié un travail dans la revue américaine Chemical Research in Toxicology. Ces expériences, menées par Gilles-Éric Séralini, professeur de biochimie à l'université de Caen et président du conseil scientifique du Criigen (Comité de recherche et d'information indépendante sur le génie génétique), ont porté pour la première fois sur des cellules de cordon ombilical humain soumises à différentes doses de Roundup, dilué jusqu'à 100 000 fois. Pour ces expériences, les chercheurs ont fait appel à quatre des nombreuses formulations de Roundup.

 

Même à des doses infinitésimales, le produit agit sur les cellules en programmant leur mort en quelques heures. Surtout, l'étude montre que le principe actif des différents Roundup, le glyphosate, n'est pas le seul toxique. Les chercheurs ont pu démontrer que les produits ajoutés pour faciliter la pénétration de la molécule active dans la plante (adjuvants), ainsi qu'un des produits de transformation (l'Ampa), théoriquement considérés comme inertes, sont également toxiques. Ce travail montre donc que la toxicité du Roundup est grandement sous-estimée par la réglementation actuelle, qui ne tient pas compte des phénomènes d'accumulation et de synergie des composés du Roundup et se contente de faire indiquer sur l'étiquette les « limites maximales » en résidus uniquement pour le glyphosate et l'Ampa.

 

À la suite de ce travail, plusieurs associations comme le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) et le Criigen ont demandé aux autorités françaises et européennes en charge de l'évaluation des pesticides de réévaluer les diverses formulations de Roundup. En outre, le Criigen demande que les analyses de sang des mammifères ayant été nourris avec des plantes tolérantes au Roundup lors des tests réglementaires soient rendues publiques avant l'autorisation commerciale, car elles pourraient masquer des effets indésirables. De son côté, Monsanto récuse la pertinence de cette étude en faisant remarquer que les cellules humaines sont « exposées directement alors que cela ne se produit jamais dans les conditions réelles d'usage » et que, chez un animal ou un homme, « le système de défense immunitaire et l'organisation cellulaire entière font barrière et protègent les cellules en limitant leur exposition au produit ».

 

Le porteparole de Monsanto France, Yann Fichet poursuit : « L'étude de GillesÉric

Séralini détourne intentionnellement l'usage normal de Roundup afin de dénigrer le produit, alors que sa sécurité sanitaire est démontrée depuis trente-cinq ans à travers le monde. C'est d'ailleurs parce qu'elles n'apportaient rien de nouveau en matière d'évaluation du risque que les précédentes études de G.-É. Séralini ont été invalidées par les autorités réglementaires françaises. ».

 

Difficile, dans ce contexte, de faire la part des choses. Il reste que les industriels ne s'empressent pas de publier la totalité de leurs études d'innocuité ; il y a quelques années encore, l'association Criigen a dû faire appel à la justice pour avoir accès à un dossier de demande d'autorisation de mise sur le marché. En attendant, la Commission européenne vient d'autoriser l'importation dans l'Union du MON 89788, un nouveau soja OGM tolérant au Roundup, destiné à l'homme et au bétail, encore appelé Roundup Ready 2. Et l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) estime, pour sa part, que ce nouvel OGM ne présente « aucun risque pour la santé humaine ou animale ». Le débat est donc relancé.



Voir aussi :
 - Vers l'interdiction du glyphosate en Allemagne ?
 - L'agriculture biologique : une solution à la famine et aux crises climatiques ?

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