Suite au 5ème Forum Mondial de l'Eau, Gérard Payen a tenu à nous faire part de son point de vue sur l'après Istanbul.
Gérard Payen tient particulièrement à attirer notre attention sur le fait que la déclaration Ministérielle d'Istanbul a permis d'insister sur les points suivants : le développement de la collecte, du traitement et de la réutilisation des eaux usées ; l'introduction de deux concepts: les 3 T (Tarifs, Taxes et impôts, Transferts externes) et le recouvrement durable des coûts, outils clefs pour attirer plus de fonds pour le secteur de l'eau et de l'assainissement ; le consensus sur le besoin des opérateurs privés et publics de travailler ensemble ; de plus en plus de pays ont reconnu le droit à l'accès à l'eau et quelques uns ont commencé à travailler à sa mise en oeuvre.
A Istanbul, le 5ème Forum Mondial de l'Eau a en effet permis des progrès significatifs sur les eaux usées, l'économie de l'eau et le rôle des opérateurs, estime Gérard Payen.
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A Istanbul, le 5ème Forum Mondial de l'Eau a permis des progrès significatifs sur les eaux usées, l'économie de l'eau et le rôle des opérateurs, estime Gérard Payen.  |
Le 5ème Forum Mondial de l'Eau s'est terminé lors de la journée mondiale de l'eau par une déclaration des gouvernements au terme de trois jours de débats à Istanbul. Sur la base des travaux du Forum les gouvernements ont bâti leur déclaration en utilisant des modalités utilisées par les Nations Unies et associant tous les groupes majeurs de la société civile comme les ONG, les entreprises, les représentants de la jeunesse, les syndicats, etc.
Jack Moss, porte-parole d'AquaFed et de « Business Action for Water » a déclaré lors de la cérémonie de clôture que « nous avons apprécié de pouvoir participer avec les autres groupes majeurs, comme les ONG, les femmes, les jeunes, les syndicats, etc à tous les travaux préparatoires des gouvernements. Cela a été possible grâce à un processus calqué sur celui de la Commission du développement durable des Nations Unies. »
Bien qu'il n'ait pas été possible de progresser sur tous les sujets abordés ce 5ème Forum Mondial de l'Eau a permis à la communauté internationale de faire des progrès significatifs en élaborant des visions partagées de plusieurs défis relatifs à l'eau.
Parmi ceux-ci : Le besoin d'affronter la totalité des problèmes liés à l'assainissement en visant non seulement les Objectifs du Millénaire mais aussi en améliorant la gestion des eaux usées ; Une clarification des fondamentaux économiques et des principaux obstacles au financement du secteur de l'eau. Cela devrait faciliter la mobilisation de financements supplémentaires ; Une meilleure compréhension des rôles complémentaires des secteurs public et privé. Cela permettra aux opérateurs publics et privés de travailler ensemble à surmonter les obstacles similaires qu'ils rencontrent et de mobiliser leurs énergies pour atteindre l'accès universel à l'eau potable et à l'assainissement ; Le besoin de rendre le droit à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement effectif pour tous.
Ce droit a été soutenu au 5ème Forum Mondial de l'Eau par de nombreux participants, y compris AquaFed, ainsi que par de plus en plus de gouvernements.
La gestion des eaux usées, un élément majeur de l'assainissement : Le rôle de la collecte et du traitement des eaux usées pour protéger la santé publique et le développement économique, en sus des écosystèmes, a été reconnu par les participants au Forum.
Pour la première fois dans une déclaration de tous les gouvernements, la déclaration Ministérielle d'Istanbul vise à développer la collecte, le traitement et la réutilisation des eaux usées. Cela complète l'Objectif du Millénaire sur l'assainissement qui se borne à développer l'accès aux toilettes.
Selon Gérard Payen, président d'AquaFed : « Parler d'excrément n'est plus un tabou. Les gens ont besoin d'être protégés contre les contaminations, qu'elles viennent d'eux-mêmes ou des autres.
L'accès privatif à des toilettes propres et saines répond au premier objectif. La gestion et le traitement des eaux usées sont nécessaires pour atteindre le second en protégeant les gens contre la pollution de leurs voisins ou des activités qui se déroulent en amont par rapport à eux. Prendre en compte la gestion des eaux usées dans la déclaration Ministérielle est un progrès majeur. »
Une meilleure compréhension des fondamentaux de l'économie de l'eau : AquaFed a travaillé avec plusieurs organisations internationales pour organiser les nombreuses sessions du 5ème Forum Mondial de l'Eau sur le financement du secteur de l'eau.
Ces sessions ont intéressé beaucoup plus de personnes que lors du précédent forum et ont permis de construire des visions communes sur de nombreux sujets. Cela fut largement facilité par la récente simplification de la compréhension des flux financiers permise par les 3 T (Tarifs, Taxes et impôts, Transferts externes) et le recouvrement durable des coûts (Sustainable Cost-Recovery).
Ces deux concepts sont inclus dans la déclaration Ministérielle qui est inhabituellement détaillée sur les sujets économiques. Ce sont des outils clés pour attirer plus de fonds pour le secteur de l'eau et de l'assainissement.
Les secteurs public et privé doivent travailler ensemble : A Istanbul certains ont continué à demander que les systèmes publics d'eau potable soient obligatoirement gérés par des entités publiques. Cependant, au cours des sessions du Forum sur la gestion et la gouvernance il a été mieux compris que les enjeux du secteur de l'eau n'ont rien à voir avec la propriété des opérateurs, mais plutôt avec l'efficacité de la gestion des services.
10 heures de sessions ouvertes multi-acteurs sur l'optimisation des rôles respectifs des secteurs public et privé ont permis des discussions sérieuses dans une atmosphère de travail sereine et apaisée. Les polémiques inutiles furent évitées.
Il en a résulté un large consensus sur le besoin des opérateurs publics et privés de travailler ensemble pour surmonter les nombreux obstacles auxquels ils font face les uns et les autres. Il a aussi été conclu qu'ils devaient tous concentrer leurs efforts à mieux résoudre les nombreux défis actuels liés à l'eau.
Selon Gérard Payen, « depuis le Forum de Mexico en 2006, il y a eu de réels progrès dans la compréhension de la façon dont les partenariats public-privés peuvent aider les gouvernements à atteindre les Objectifs du Millénaire. Des recherches récentes ont montré que la présence d'opérateurs privés dans un pays est un catalyseur qui permet d'améliorer la performance de tous les acteurs du secteur.»
Mettre en oeuvre le droit à l'eau potable et à l'assainissement : Les participants au Forum ont discuté dans plusieurs sessions des progrès manifestes relatifs au droit à l'eau potable et à l'assainissement. Certains lobbies ont essayé de tirer parti de ces discussions pour atteindre d'autres buts politiques mais sans succès.
Une réunion de gouvernements, dite « table ronde ministérielle » fut spécialement consacrée au droit à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Elle a permis de mettre en lumière les nombreux progrès sur ce sujet dans le monde depuis le Forum Mondial de l'Eau de Mexico. De plus en plus de pays ont reconnu le droit à l'accès à l'eau et quelques-uns ont commencé à travailler à sa mise en oeuvre. Cela renvoie un écho positif à l'appel d'Aquafed de mars 2006 pour la mise en oeuvre effective du droit à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. La déclaration Ministérielle, adoptée à l'unanimité, ne reflète pas ce soutien grandissant au droit à l'eau.
AquaFed est la fédération internationale des opérateurs privés de services d'eau. Ouverte aux sociétés et aux associations de sociétés de toutes tailles et de tous pays, elle a pour but de contribuer à résoudre les problèmes de l'eau en apportant le savoir-faire et l'expertise du secteur privé à la communauté internationale. Elle rassemble plus de 300 sociétés qui alimentent en eau potable des centaines de millions de personnes dans 40 pays.
Au 5ème Forum Mondial de l'Eau d'Istanbul, AquaFed a participé au processus ministériel de type Nations Unies par le biais du « Business Action for Water », une coalition d'organisations internationales et de leurs contreparties turques, qui représentait le groupe majeur « Entreprises ».