Les experts de la mer, réunis lors du Sommet sur les aires marines protégées [1] de l’IUCN [2], sont unanimes : les mesures mises en œuvre pour protéger les océans de la planète sont dépassées par le rythme effréné auquel ces écosystèmes sont détruits. Les participants au sommet appellent à une action urgente de la part des gouvernements, des industriels et de la société civile, pour étendre les aires marines protégées, et préparer au mieux ces écosystèmes fragiles à affronter le changement climatique.

En haute mer, au-delà des aux territoriales, « des écosystèmes sont endommagé au point de disparaître avant même qu’on ait le temps de les protéger » indique le rapport final du sommet. Comme solution clé, le sommet propose d’accroître rapidement l’étendue des aires marines protégées, et de les connectées par des corridors sécurisés. Ces derniers, véritables couloirs de protection, permettront aux espèces marines de migrer en fonction des changements de température et de milieu. A l’heure actuelle, seul 1 pour cent des océans est protégé contre 12 pour cent des terres.

Selon Dan Laffoley, vice président de la Commission mondiale sur les aires protégées de l’IUCN « les participants au sommet appellent à une action urgente des gouvernements pour mettre en place un réseau d’aires marines protégées à l’horizon 2012, et de protéger au moins 10 pour cent des océans par des législations nationales ». Il a été prouvé que les aires marines protégées permettent de reconstituer les populations de poissons et d’augmenter les stocks des aires avoisinantes. En Mer Rouge, près de l’Egypte, cinq ans après la mise en place d’aires marines protégées, la pêche a augmenté de 66 pour cent dans les zones avoisinantes.

Afin de rendre les océans plus résistants aux changements climatiques, les écosystèmes fragiles, tels que les récifs coralliens, doivent être protégés des autres stress comme la pollution et la sur-pêche. « Les coraux seront érodés suite à l’affaiblissement de leur squelette, à cause des changements climatiques qui rendent les océans plus chauds et plus acides. Cependant, les coraux peuvent s’adapter et survivre, encore faudrait il qu’il ne subissent pas d’autres pressions telles que la sédimentation la pollution et le pêche industrielle » explique Carl Gustaf Lundin, responsable de programme pour la mer à l’IUCN.

Une meilleure protection des océans sauvera aussi l’humanité des dangers du changement climatique. Aujourd’hui, les océans sont une véritable pompe à carbone qui absorbe plus de 50 pour cent du CO2 atmosphérique par an. Cependant, cet apport continuel associé à une mauvaise gestion des ressources marines, transformera les océans en une gigantesque source de CO2, qui libérera ces énormes quantités emmagasinées dans l’atmosphère. Le changement climatique en sera considérablement renforcé.

[1] Le sommet sur les aires marines protégées de l’IUCN, organisé par la Commission mondiales pour les aires protégées, a réunis les plus grands experts de la mer du 10 au 12 avril à Washington, dans le but de développer une stratégie commune pour protéger les océans de menaces et pressions croissantes telles que le changement climatique, l’acidification et le pêche excessive.
[2] L’Union mondiale pour la conservation est le plus grand réseau mondiale pour la conservation de la nature. L’Union réuni 83 pays, 110 agences gouvernementales, 880 agences non gouvernementales, et près de 10.000 scientifiques et experts de 181 pays dans un réseau unique de collaboration.

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