Les préoccupations liées à l'état des sols en France et leur impact potentiel sur la santé se sont renforcées ces dernières années en lien avec les arrêts nombreux d'exploitations et une demande foncière forte.
Les outils méthodologiques et de gestion des sites et sols pollués ont été révisés à l'initiative du ministère chargé de l'écologie et sont actuellement régis par des circulaires datées du 8 février 2007.
Les Cellules interrégionales d'épidémiologie (Cire) et le Département santé environnement (DSE) de l' Institut de Veille Sanitaire (InVS), à travers un groupe inter-Cire animé par le DES, ont mené des études sur l'apport de ces outils quant à la thématique de la pollution des sols. Certaines de ces études sur la pollution des sols et la santé publique sont présentées ici après.
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Les préoccupations liées à l'état des sols en France et leur impact potentiel sur la santé se sont renforcées ces dernières années en lien avec les arrêts nombreux d'exploitations et une demande foncière forte  |
Le groupe inter-Cire a d'abord tenté d'identifier de nouveaux critères d'identification et de catégorisation des sites et sols pollués ayant un impact sur la santé publique. Les travaux montrent des développements méthodologiques intéressants (prise en compte de la population potentiellement exposée, potentiel d'exposition,'), mais, la faisabilité de ces catégorisations ou hiérarchisation, reste problématique (travail méthodologique complexe, collecte des données,').
C'est pourquoi la prise en charge des sites et sols pollués reste le plus souvent une approche site par site au détriment d'une approche territoriale basée sur le potentiel d'exposition des populations.
Le groupe inter-Cire propose ensuite une démarche décisionnelle la conduite d'une étude à l'aide de biomarqueurs. Les biomarqueurs sont des mesures biologiques, permettant de mesurer l'exposition des populations à la pollution des sols. Les populations riveraines exposées à une situation environnementale dégradée attendent, en effet, une réponse claire sur leur santé de la part des services sanitaires.
Depuis quelques années, l'utilisation de biomarqueurs qui reflètent la dose interne du polluant, et sont perçues comme moins sujettes aux incertitudes, est largement demandée. Or, la décision de conduire une étude d'imprégnation dans une situation environnementale dégradée est complexe et nécessite des travaux préliminaires importants.
Dans un souci de clarté par rapport aux populations qui sollicitent ce type d'étude, le groupe inter-Cire présente les trois question clés que se posent les chercheurs avant de décider de conduire une telle étude: y a-t-il une utilité à proposer de mettre en place une étude sanitaire ? Est-il pertinent de conduire une étude d'exposition ; l'utilisation d'un biomarqueur est-elle la meilleure approche ? L'étude est-elle faisable et notamment existe-t-il un biomarqueur permettant de répondre aux attentes ?
Fort de son expérience, l'Institut de veille sanitaire est en train de rédiger une conduite à tenir destinée aux professionnels de santé publique.
D'autre part, le groupe inter-Cire propose une démarche de mesure de la pollution des sols, afin de permettre une meilleure évaluation des expositions des populations et ainsi une orientation davantage cohérente des décisions de santé publique. Des travaux ont été conduits par l'InVS pour permettre aux professionnels de santé publique d'avoir une meilleure maitrise des données issues de la mesure dans les sols.
Enfin, ayant saisi l'intérêt fondamental de l'intégration des populations, le groupe inter-Cire propose de construire une véritable relation avec les populations concernées, dans l'ensemble du processus d'investigation d'un site pollué.
En 2004, plusieurs investigations en santé environnementale ont été marquées par des relations difficiles avec les populations, parce qu'elles ne répondaient que partiellement à une demande sociale plus large et des enjeux multiples difficiles à appréhender. Sur la base de deux investigations réalisées en 2006, le groupe inter-Cire développe les avantages à établir une relation précoce et dynamique avec les populations dans le processus d'évaluation de l'impact sanitaire.
Tout d'abord, le diagnostic des divers enjeux, construit dans l'échange avec les populations, est un préalable nécessaire pour évaluer dans quelle mesure la réponse attendue requiert la mise en oeuvre des compétences de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Ensuite, la participation des populations dans l'investigation enrichit le protocole de spécificités locales et contribue à une meilleure conduite d'étude. Enfin, l'échange autour des résultats peut permettre un travail sur l'intégration des recommandations par la population qui sera directement concernée.
Comme pour de nombreux problèmes environnementaux, la concertation avec le public en matière de pollution des sols représente une amélioration certaine de la qualité de la décision.
L'étape suivante serait, selon le groupe inter-CIRE de partager, avec les gestionnaires du risque, la réflexion sur les bénéfices partagés d'une implication plus large des parties prenantes. (Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 9 décembre 2008 / n°47-48)