Les produits chimiques contenus dans certains cosmétiques sont dans le collimateur du gouvernement qui a décidé de faire valoir le principe de précaution à ce sujet.
Lors d'un colloque sur l'environnement chimique, la reproduction et le développement de l'enfant, qui avait lieu mardi à Paris, les ministres de la Santé et de l'Ecologie ont décidé de réévaluer les risques liés à plusieurs produits chimiques contenus dans certaines cosmétiques notamment chez les individus les plus fragiles, à savoir les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Le but de ce colloque, organisé dans le cadre de la présidence française de l'Union Européenne, était de faire un tour d'horizon des connaissances actuelles sur le sujet, de la réglementation en vigueur en matière d'environnement chimique et de déterminer les répercussions de ces produits sur la reproduction humaine.
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La ministre de la santé a proposé d'introduire un logo sur les produits dangereux pour la reproduction indiquant qu'ils ne sont pas « recommandés aux femmes enceintes et aux jeunes enfants ».  |
D'après les ministres de la santé et de l'écologie, Roselyne Bachelot et Nathalie Kosciusko-Morizet, entre 1995 et 2020, les statistiques prévoient une augmentation de la production mondiale de produits chimiques de 1995 % tandis que la diminution de sperme a diminué de 50% en 50 ans et que le nombre de cancers des testicules a doublé sur la même période de temps.
Il semble que l'augmentation de la production de produits chimiques ait un lien direct avec la croissance de ces problèmes génitaux.
La ministre de la santé a proposé d'introduire un logo sur les produits dangereux pour la reproduction indiquant qu'ils ne sont pas « recommandés aux femmes enceintes et aux jeunes enfants ».
Cette gamme de produits fait partie de la famille des CMR 'produits cancérigènes, mutagènes (qui peuvent entraîner des défauts génétiques) ou reprotoxiques (dangereux pour la reproduction).
Les CMR sont présents dans les produits utilisés dans la chimie, les matières plastiques, les peintures et les vernis. Certains CMR (de type 3) sont par exemple présents dans les gaz d'échappement diesel et chloroforme.
Les CMR sont distingués selon plusieurs niveaux de dangerosité et si à partir de certains seuils, des logos sont déjà apposés, certains ne sont pas encore signalés. On peut noter toutefois que pour les produits chimiques de classe CMR1 (dont la toxicité est sûre), une tête de mort est signalée sur les emballages, tandis que pour les produits chimiques de classe CMR 2 et CMR 3, c'est une croix qui apparaît.
Le logo proposé par la ministre de la santé serait destiné aux femmes enceintes et enfants et ne concernerait que les produits contenant des CMR3. Ce sont donc bien les personnes les plus fragiles qui sont visées.
Cette proposition, qui est le fruit d'une collaboration avec le ministère de l'écologie, a enthousiasmé la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet qui s'est félicitée que les deux ministères « conjuguent leurs efforts pour mettre en oeuvre le principe de précaution et promouvoir des campagnes de prévention de santé publique ».
Par ailleurs, Roselyne Bachelot devrait commander à l'Institut National de la Santé et de la recherche médicale (Inserm) une expertise sur la mutagenèse et la reprotoxicité des produits classés CMR3.
Ces mesures pourraient être accompagnées d'une campagne d'information pour informer la population des risques liés à l'utilisation de CMR3 pendant la grossesse.
Rappelons qu'en septembre déjà, plusieurs médecins, chimistes, cancérologues ou directeurs d'établissements de santé avaient dénoncé les trousses de naissance distribuées dans les maternités, qu'ils accusaient de contenir des produits dangereux pour la santé.