L'Association France Alzheimer estime que la prévalence de la maladie d'Alzheimer est sous-estimée en Europe et demande à la Commission européenne de financer une étude pour suivre dans le temps un échantillon représentant au mieux la diversité des populations européennes et de leurs risques pathologiques. Cette étude permettra de réactualiser le nombre de personnes malades au sein de l'Union européenne estimé actuellement à 6,1 millions.
Pour l'Association France Alzheimer, l'enquête EURODEM fait en effet état de 6,1 millions de personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer ou par une maladie apparentée en Europe, des chiffres sous-estimés, selon l'association. Cette enquête sur la prévalence de la maladie d'Alzheimer en Europe a été conduite en 1991 auprès d'un échantillon de 28 768 personnes dans 31 pays en vue de déterminer les taux de prévalence moyens de la maladie pour chacun des pays étudiés.
Or, pour France Alzheimer, « les taux de prévalence identifiés souffrent toutefois d'une très grande dispersion. Ainsi, ce taux est de 0,18% seulement pour la Turquie, en raison de l'absence de données pour les personnes âgées de plus de 74 ans, alors qu'il est de 1,54% en Suède. Les différences dans les modes de vie peuvent expliquer en partie les variations constatées entre les différents pays. Elles ne permettent toutefois pas de restituer l'ampleur de la dispersion autour du taux médian de 1,13%. »
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Pour l'Association France Alzheimer, l'enquête EURODEM fait en effet état de 6,1 millions de personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer ou par une maladie apparentée en Europe, des chiffres sous-estimés, selon l'association.  |
L'estimation des taux de prévalence de la maladie d'Alzheimer en Europe « est en effet faussée par la présence de pays dans lesquels la recension des personnes atteintes par ces maladies est insuffisante. »
France Alzheimer précise que « l'enquête EURODEM est ancienne puisqu'elle a plus de dix-sept ans. Elle n'a pas fait l'objet d'une réactualisation en raison de l'absence d'un suivi longitudinal de la cohorte observée. Elle peut ainsi conduire à une large sous-estimation dans l'appréhension de l'ampleur de la maladie. »
« L'enquête EURODEM ne peut pas corriger dans le temps les effets du sous-diagnostic qui est commun à l'ensemble des pays européens. En effet, le taux de diagnostic de la maladie d'Alzheimer est souvent faible en raison des retards constatés dans le diagnostic qui sont de 24 mois en France et de 20 mois en moyenne en Europe » ajoute l'association.
La comparaison des taux de prévalence de la maladie d'Alzheimer en Europe mesurés par l'enquête EURODEM avec ceux enregistrés par l'enquête PAQUID conduite en France, met en lumière les carences de l'étude EURODEM. « On observe ainsi des écarts supérieurs à dix points à l'intérieur du même genre et de la même classe d'âge entre les deux études. Les différences constatées semblent plus tenir à la méthodologie de l'enquête qu'à la qualité de l'échantillon retenu. Il semble ainsi nécessaire d'harmoniser les méthodologies au niveau européen pour mener une enquête permettant d'appréhender les enjeux de santé publique que recouvre la maladie d'Alzheimer. »
La maladie d'Alzheimer est un enjeu de santé publique majeur en raison de l'augmentation de l'espérance de vie dans les pays européens. Ainsi, les personnes âgées de 65 ans et plus qui représentent 17% de la population de l'Union européenne en 2008 représenteront 25,5% en 2030. Or le taux de prévalence est fortement corrélé à l'âge comme cela ressort de l'étude PAQUID et de l'étude EURODEM. Ce taux s'établit à 1,5% entre 60 et 70 ans puis à 5% entre 70 et 80 ans. Il dépasse 15% entre 80 et 90 ans avant de culminer à plus de 30% au-delà de 90 ans. Les sociétés européennes doivent disposer d'une étude leur permettant d'appréhender avec finesse les besoins résultant de la maladie d'Alzheimer et des maladies apparentées.
L'Association France Alzheimer demande donc à ce qu'une étude longitudinale soit menée en Europe sur le modèle de l'étude PAQUID grâce à un financement de la Commission européenne. Il semble en outre utile que cette étude intègre les acquis de l'enquête EURODEM. Elle devrait ainsi s'enrichir des données relatives aux malades jeunes en élargissant l'échantillon étudié à des classes d'âge moins élevées.
Il est surtout nécessaire qu'elle repose sur un échantillon présentant une plus grande diversité géographique afin d'intégrer la variété des risques pathologiques résultant des différents modes de vie.