Un amendement, qui permettrait la publicité sur Internet pour l'alcool, sous certaines conditions, proposé par la ministre de la santé Roselyne Bachelot, devrait être débattu en janvier 2009 dans le cadre de l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi « hôpital, patients, santé, territoire ». Les critiques et l'inquiétude d'associations se font entendre.
Si la ministre de la Santé a promis son « extrême vigilance » quand à la possibilité pour l'alcool de s'affiche dans les cadres publicitaires de certains sites Internet, cela n'a pas empêcher plusieurs médecins de réagir aux propos de Roselyne Bachelot qui, dans un entretien au Figaro, a déclaré ne pas vouloir s'opposer à une réforme de la loi Évin.
De plus, Jean-Marie Le Guen, spécialiste des questions de santé pour le parti socialiste, s'est opposé à toute libéralisation de la publicité pour l'alcool sur Internet, comme demandé par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.
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Publicité pour l'alcool sur Internet, la Ministre de la santé fait « fausse route », ont déclaré des associations de santé, membres de la Fédération française d'addictologie.  |
Publicité pour l'alcool sur Internet, la Ministre de la santé fait « fausse route », ont déclaré de leurs côtés des associations de santé, membres de la Fédération française d'addictologie, dans un courrier envoyé le 29 septembre 2008 au Premier Ministre, François Fillon. Les associations souhaitent alerter les parlementaires « sur les risques d'une telle réforme pour la santé publique ».
S'adressant à François Fillon, le 29 septembre dernier, avant les déclarations de la ministre de la santé Roselyne Bachelot sur la loi Evin, ces associations ont écrit au premier ministre qu'elles avaient « le devoir de vous (François Fillon) alerter sur les risques que présente pour la santé publique une libération généralisée de la publicité pour les boissons alcooliques sur ce support qui est, comme vous le savez, le média favori des jeunes, et dont vous mesurez bien la puissance d'impact incomparablement supérieure à celle de la télévision et du cinéma de par son caractère intrusif et sa capacité d'envoi de messages ciblant individuellement les internautes et leurs préférences. »
Quelques jours plus tard, dans un communiqué, ces membres de la Fédération française d'addictologie ont annoncé que « c'est avec incompréhension et inquiétude » qu'elles ont pris connaissance des déclarations de Roselyne Bachelot, « d'autant qu'elles avaient faire preuve d'approche concrète et réaliste en faisant savoir publiquement leur accord pour autoriser la publicité sur les sites des producteurs et des distributeurs afin de répondre aux intérêts économiques de ces derniers. »
Les associations parlent « d'incompréhension, à l'égard des enjeux de la santé publique. Car malgré les garde-fous annoncés, ce qui témoigne que la ministre est consciente des risques, la solution qu'elle est prête à accepter est en réalité une autorisation de faire de la publicité sur tous les sites. Une telle option met à mal la cohérence et la lisibilité de la politique de santé publique qu'elle défend dans son projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires ». Peut-on limiter la disponibilité de l'alcool par des mesures restrictives, notamment concernant les mineurs et la vente d'alcool dans les stations-service, et accepter dans le même temps la libéralisation totale de la publicité pour les boissons alcooliques sur Internet ? »
Les associations parlent aussi « d'incompréhension, à l'égard des enjeux économiques de la viticulture. Car ouvrir tous les sites à la publicité, ce n'est pas donner aux viticulteurs français des armes égales aux producteurs étrangers, c'est livrer le marché français aux armes de publicité massives des grands groupes industriels ou des multinationales pour leurs bières et leurs spiritueux avec les moyens budgétaires inépuisables dont ils disposent. »
Pour les signataires de ce communiqué, « l'incitation à la consommation de boissons alcooliques va inonder la Toile et toucher pas seulement les adultes mais également les jeunes dont chacun sait qu'ils ne se limitent pas à surfer sur des sites qui leur seraient réservés. »