Y aurait-il une overdose d'antidépresseurs à la française ? Si depuis plusieurs années la consommation des médicaments psychotropes, les antidépresseurs, ne se dément pas en France, un collectif de médecins appelle le gouvernement à réagir et a insisté sur le fait que de nombreuses techniques qui ont fait « leurs preuves pour soulager la douleur psychique non pathologique » ne manquent pas, comme la pratique de l'exercice physique, un régime alimentaire spécifique ou la méditation.
Selon ce collectif de médecins psychiatres, psychothérapeute, chirurgien, médecin généraliste et pédopsychiatre, appuyé par le revue « Psychologies magazine », face à la surconsommation de médicaments antidépresseurs dans la population française, il faut rappeler avec force que des techniques telles que la psychothérapie, la phytothérapie, la relaxation, la méditation, l'exercice physique, ou même un régime alimentaire adapté, peuvent apporter un mieux être aux personnes en dépression.
Or les Français sont les champions de la consommation d'antidépresseurs en Europe. Ils ont la médaille d'or avec 21,4% des Français qui ont consommé des psychotropes dans l'année. Les Espagnols prennent la deuxième place (15,5%), suivis par les Belges (13,2%) puis les Allemands (5,9%).
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Les antidépresseurs sont des médicaments importants et très utiles pour les dépressions sévères, mais dans d'autres cas, d'autres techniques telles que l'exercice physique ou la méditation peuvent apporter des réponses adaptées. |
Selon le magazine, « des centaines de milliers de Français, dans des périodes de vie difficiles mais ne souffrant d'aucun trouble psychiatrique, se voient prescrire ces médicaments sur de longues durées, sans être averties de leurs effets secondaires ni bénéficier d'un suivi régulier. »
Alors peut-on parler d'overdose d'antidépresseurs à la française, ou de mal-être à la Française ? Pour le psychiatre Serge Hefez, « le recours au médicament arrange tout le monde. » « Il existe chez nous une culture du produit psychotrope très forte : nous sommes aussi parmi les plus grands consommateurs d'alcool et de cannabis en Europe. Cela traduit une spécificité de la déprime à la française. »
Oui aussi pour David Servan-Shreiber, un psychiatre souvent décrié pour ses prises de position sur le cancer sur son site guerir.fr. On peut notamment y lire : « Les antidépresseurs sont des médicaments importants et très utiles pour les dépressions sévères (quand on ne mange plus, ne se lave plus, ne sort plus, et qu'on a des idées suicidaires). Ce qui me choque, c'est qu'aujourd'hui une femme sur trois qui va voir un médecin - quelle que soit la cause - ressort de la consultation avec une ordonnance pour un antidépresseur (ce sont les chiffres pour les États-Unis, le Canada et la France, mais tout semble indiquer que la situation au Brésil est comparable). C'est une incroyable exagération. »
Le journal Psychologies Magazine, avec quinze médecins reconnus, ont donc lancé un appel sur « les dangers de cette surmédicalisation du mal être et sur l'existence d'alternatives non médicamenteuses » jugées par le collectif « tout aussi efficaces », comme la méditation ou l'exercice physique.
Mais attention, David Servan-Shreiber précise que ce type de traitement no médicamenteux n'est pa adapté à toutes les situations, loin s'en faut. Dans quels cas un psychiatre doit-il intégrer des antidépresseurs au traitement ? Jusqu'à quel point une dépression peut-elle être administrée/traitée par l'alimentation, des exercices physiques et de la thérapie ?
Selon le site de David Servan-Shreiber, en pratique, les méthodes naturelles avant les antidépresseurs peuvent être adaptées « quand deux conditions sont remplies : D'une part, la personne n'a pas d'idées suicidaires actives et elle n'est pas maniaco-dépressive (ce qui requiert généralement une assistance par le lithium ou d'autres médicaments qui stabilisent l'humeur - en plus des méthodes naturelles). D'autre part, elle est capable et a envie de se prendre en mains elle-même plutôt que de simplement s'abandonner à un traitement par des médicaments. »
« Il faut avoir une certaine motivation pour faire attention à ce que l'on mange et le contrôler (réduire les oméga-6 et augmenter considérablement les oméga-3 dans l'assiette), ou pour faire trente minutes d'exercice physique trois fois par semaine (ce qui est aussi efficace qu'un antidépresseur, ('), ou pour pratiquer les exercices de respiration qui apportent le calme dans la physiologie et la relation entre le c'ur et le cerveau émotionnel. »
Pour signer « l'Appel des médecins contre l'abus d'antidépresseurs », c'est sur ce lien.