Le saturnisme, maladie liée à l'intoxication au plomb toucherait près de 500 enfants en France chaque année. Mais il est loin d'être certain que tous les cas de saturnisme infantile, défini par une plombémie supérieure à 100µg/l, soient dépistés. D'après les données nationales de 1995-1996, 85000 enfants seraient concernés par cette maladie, soit 2 % des enfants de 1 à 6 ans.
C'est pour savoir si les stratégies de dépistage du saturnisme sont efficientes que la DGS a demandé à l'Inserm et à l'InVS de mener une expertise opérationnelle sur la question.
D'après les premiers résultats de l'enquête publiés par l'Inserm, plusieurs constats auraient pu être faits grâce à l'état des lieux et au bilan des actions engagées en France depuis 1999.
Tout d'abord, on constaterait une diminution importante de la plombémie moyenne des enfants testés au niveau local. La baisse des cas d'intoxication serait sans doute lieé
à la réhabilitation de l'habitat ancien, à la suppression des carburants plombés, au traitement des eaux de distribution publique et à la diminution des concentrations en plomb des aliments, selon l'Inserm.
Pourtant, il semble que les sources d'intoxication au plomb soient encore bien présentes dans l'environnement français, et notamment dans l'environnement des enfants. Ainsi, l'Inserm note que les peintures au plomb de l'habitat ancien restent la première source d'intoxication dans cette population.
Par ailleurs, d'après l'Inserm, les centres de dépistage du saturnisme chez l'enfant restent très localisés sur la région francilienne et sont très hétérogènes au niveau national. Ainsi, près de 60% des enfants testés entre 1995 et 2002 en France habitaient la région Ile-de-France.
Cependant, l'activité de dépistage serait en augmentation depuis quelques années, quelle que soit la région considérée.
L'Inserm note toutefois que les tests de dépistage de plombémie systématiques sont loin d'être répandus en France et ne concernent que certains sites industriels pollués. Mais dans la mesure où de plus en plus de sites pollués au plomb sont découverts au fil des années, la fréquence des tests de dépistage de plombémie systématiques est en augmentation.
Dernier constat principal indiqué par l'Inserm dans son communiqué, les acteurs de la santé locaux auraient développé des méthodes personnelles et variées reposant sur la recherche active des zones d'exposition (quartiers ou immeubles à risques) et sur des questions posées aux parents lors de consultation médicale.
Le groupe de travail de l'Inserm et de l'InVES qui a enquêté sur l'efficacité des politiques de dépistage du saturnisme chez l'enfant en France a fait plusieurs recommandations. Selon le groupe, il est tout d'abord nécessaire de renforcer la prévention universelle de cette maladie (en diminuant notamment l'exposition au plomb de l'ensemble de la population et en particulier des plus vulnérables)
Le groupe recommande également de coupler les stratégies de dépistage et les réductions des expositions de façon symétrique pour une meilleure cohérence.
Le groupe propose aussi d'affiner les outils de repérage sur des populations ayant un risque élevé d'exposition, mais aussi d'utiliser au mieux les constats de risque d'exposition au plomb (CREP) qui seraient une source pertinente pour localiser les lieux à risque.
Le groupe recommande également de mieux sensibiliser et informer les professionnels de santé tout comme les familles, des dangers de l'intoxication au plomb chez les enfants.
Enfin, le groupe conseille au gouvernement de développer une démarche globale de santé, en associant au saturnisme d'autres problèmes de santé rencontrés par les populations concernées. Il serait donc nécessaire de lutter contre l'insalubrité par exemple pour lutter contre le saturnisme.
Rappelons que le saturnisme induit des troubles qui, selon leur gravité et le moment de l'intoxication, seront réversibles (anémie, troubles digestifs,') ou irréversibles (atteinte du système nerveux, encéphalopathie,'). Le jeune enfant, le f'tus et l'embryon y sont beaucoup plus exposés que l'adulte.