Les patients atteints d'Alzheimer à qui on a donné un médicament contre les rhumatismes ont présenté des améliorations importantes de leur état, dans le cadre d'une petite étude, mais certains médecins s'inquiètent du fait que ces résultats préliminaires ne suscitent de manière précoce les espoirs des patients et de leurs familles.
L'étude, publiée dimanche dans le journal BioMed Central BMC Neurology, n'impliquait que 12 patients, qui ont vu leur capacité de langage grandement s'améliorer après avoir été traités avec de l'Enbrel, du nom générique etanercept, qui est un médicament anti-inflammatoire commercialisé par les laboratoires Amgen et Wyeth.
« Nous avons souvent constaté des effets surle langage quelques minutes après la première prise du médicament » contre les rhumatismes, a indiqué le Dr. Edward Tobinick, directeur de l'Institut pour la Recherche Neurologique, un groupe médical privé, qui a dirigé l'étude.
Le Dr. Tobinick a inventé plusieurs méthodes spéciales d'injection de médicaments dans la nuque. Il a indiqué qu'il faisait payer entre 10000 dollars et 40000 dollars pour tout patient souhaitant bénéficier d'un traitement de ce genre.
En janvier, le Dr. Tobinick avait présenté une vidéo impressionnante, qui avait attiré l'attention de l'association Alzheimer, qui avait publié un communiqué dans lequel elle exprimait ses inquiétudes.
« Les individus ayant Alzheimer et leurs familles pourraient placer des espoirs inappropriés dans ces nouvelles découvertes basées sur l'effet immédiat apparent de ces résultats » avait indiqué le groupe.
« Nous avons besoin de voir ce traitement testé dans des laboratoires par des scientifiques qui n'auront pas d'intérêt financier à commercialiser le produit » ajoutait le communiqué.
Le Dr. Sam Gandy, président du conseil scientifique et médical de l'Association Alzheimer, a déclaré que la dernière étude, réalisée à la clinique du Dr. Tobinick, n'était pas une confirmation indépendante de ces premières découvertes puisqu'elle était encore une fois réalisée par ses soins. « Ce n'est pas toujours pas un essai clinique correct » a indiqué Sam Gandy.
Le Dr. Tobinick pense que le médicament anti-rhumatisme pourrait fonctionner dans le cerveau en bloquant un facteur-alpha (TNF-alpha) qui pourrait affecter la communication dans le cerveau.
L'étude a étudié les difficultés de langage, dont la difficulté à trouver ses mots, chez douze patients ayant une maladie d'Alzheimer grave à modérée, à qui on a prescrit un médicament anti-rhumatisme pendant six mois.
« Il y a eu une amélioration significative dans la majorité des mesures du langage qui ont été étudiées. Les autres mesures étudiées ont montré une tendance à l'amélioration, qui n'était pas significative » a indiqué le Dr. Tobinick.
Il a déclaré que l'étude fournissait la preuve qu'un « excès de facteur-alpha dans le cerveau d'un patient atteint d'Alzheimer, pouvait constituer une nouvelle façon de répondre au problèmes de parole de ces malades ».
Le Dr. Tobinick a reconnu que son étude était limitée parce que les individus savaient qu'on leur administrait le médicament anti-rhumatisme. Or, les patients ayant la maladie d'Alzheimer participant à des études aussi transparentes présentent presque toujours des améliorations de leur état.
« L'effet placebo est un énorme problème dans les études transparentes » a indiqué le Dr. Scott Turner, directeur du programme des Troubles de la Mémoire au centre médical de l'Université Georgetown à Washington.
D'après lui les résultats pourront être confirmés si une étude plus scientifiquement rigoureuse avec un contrôle du placebo est réalisée.