Une étude réalisée par des chercheurs américains suggère que les techniques de relaxation alliant corps et esprit, telles que le yoga et la méditation, qui mettent le corps en repos profond, seraient capables de changer la façon dont les gènes se comportent en réponse au stress.
Ainsi, la pratique du yoga tous les jours pendant vingt minutes serait efficace pour lutter contre le stress dans la mesure où les techniques du yoga agiraient en effet directement sur les gènes liés au stress.
L'étude a été réalisée par des chercheurs de l'Institut Benson-Henry pour la Médecine du Corps et de l'Esprit à l'Hôpital Général du Massachusetts (Benson-Henry Institute for Mind/Body Medicine at Massachusetts General Hospital (MGH)) et du Genomics Center at Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC).
Elle a été publiée dans la revue PLoS One.
Les pratiques dites « corps-esprit » qui produisent une réponse de relaxation sont utilisées dans le monde depuis des milliers d'années pour prévenir et soigner différents types de maladie, d'après ce qu'ont écrit les chercheurs dans leur étude.
La réponse du corps à la relaxation se caractérise par la réduction de l'apport en oxygène, l'augmentation de l'expiration d'oxyde nitrique (ou monoxyde d'azote), ainsi que par une diminution du stress psychologique.
Les chercheurs qui ont réalisé cette étude voulaient mettre à l'épreuve l'idée selon laquelle la réponse du corps à la relaxation produit également des changements dans l'expression des gènes.
Les chercheurs ont recruté trois groupes d'individus. Dans le premier groupe (le groupe M) on trouvait 19 personnes qui avaient pratiqué de nombreuses techniques de relaxation chaque jour sur le long terme (par exemple en faisant du yoga quotidien, en répétant des prières ou en pratiquant la méditation).
Le second groupe était composé de 19 individus que les chercheurs ont appelé « contrôles en bonne santé » (Groupe N1) qui ne pratiquaient pas de techniques de relaxation au quotidien.
Le troisième groupe enfin était composé d'individus semblables à ceux du Groupe N1 sauf que ces 20 personnes ont dû pratiquer pendant huit semaines des techniques de relaxation telles que le yoga (Groupe N2).
Les chercheurs ont évalué le profil génétique des individus à l'aide de prélèvements sanguins.
Ils ont découvert l'expression d'un total de 2209 gènes significativement différents entre les groupes M et N1, et un total de 1561 gènes significativement différents entre les groupes N2 et N1.
Plus important encore, 433 des gènes qui différaient entre les groupes étaient communs c'est-à-dire que les mêmes gènes étaient différents entre les groupes M et N1 et entre les groupes M et N2. Ainsi, les chercheurs en ont conclu que même une pratique sur le court terme d'une technique de relaxation comme le yoga semblait produire des changements dans l'expression de ces 443 gènes.
Des analyses supplémentaires utilisant des techniques appelées ontologie des gènes ont montré que les groupes M et N1 présentaient des changements physiologiques similaires tels que dans « le métabolisme des cellules, la génération d'espèces d'oxygène active et la réponse au stress oxydatif ».
Une deuxième phase de l'étude, impliquant cinq individus du groupe N1 et cinq individus du groupe N2, ainsi que 6 individus du groupe M, a permis de valider un nombre significatif de changements au niveau des gènes.
Les auteurs ont conclu que : « Cette étude fournit la première preuve que la réponse du corps à la relaxation suscite des changements de l'expression des gènes chez les pratiquants sur le court terme et le long terme ».
Ils ont écrit que leurs découvertes suggéraient que « des changements pertinents et constitutifs de l'expression des gènes résultant de la réponse du corps à la relaxation peuvent être liés à des effets physiologiques sur le long terme ».
La pratique quotidienne d'une technique de méditation ou de relaxation comme le yoga active donc différemment les gènes liés au stress, et donc aux maladies qui en découlent. Les auteurs ont déclaré que leur étude a montré que la réponse du corps à la relaxation changeait le comportement de gènes impliqués dans l'inflammation, la mort programmée des cellules et le traitement des radicaux libres.
Lutter contre le stress en utilisant des techniques de relaxation comme le yoga permettrait également de soigner la douleur, l'infertilité, l'arthrite rhumatoïde et l'insomnie.