Les ados se portent mieux que ne le pensent les adultes. Les adolescents « vont bien » dans une très large majorité, contrairement à ce que pensent les adultes, selon un « baromètre bien-être » réalisé par Ipsos-Santé dans le cadre du 4e Forum adolescences qui s'est tenu à Paris.
Initié par la Fondation Wyeth pour la santé de l'enfant et de l'adolescent, le Forum adolescences a réunit à Paris le 21 mai 300 jeunes autour de psychanalystes, sociologues, pédopsychiatre, magistrat.
Le forum s'est tenu autour d'une enquête menée du 14 au 27 mars auprès de 850 adolescents, 600 professeurs et 200 infirmières scolaire par Ipsos-Santé. Ipsos Santé réalise depuis 4 ans, des études exclusives pour la Fondation Wyeth pour mieux comprendre l'adolescence et ses mutations, et mieux prévenir les risques liés à cette période de la vie.
Ipsos-Santé a dressé un « baromètre bien-être » qui traduit un décalage entre la perception des ados de leur « bien-être » et celle des adultes. Cette étude 2008 vient apporter un éclairage nouveau et complémentaire aux données déjà collectées, celui du regard des adultes qui travaillent au quotidien avec les adolescents dans le milieu scolaire.
La Fondation Wyeth pour la santé de l'enfant et de l'adolescent dispose aujourd'hui d'un riche corpus d'information. Après des premières études sur les adolescents, autour de la question du point de bascule et de l'aide intra-générationnelle (2005), leur moral et leur confiance dans l'avenir (2006), une étude auprès des médecins de ville sur la pratique des adolescents (2006), une étude auprès des adultes de 25 ans et plus (2007), cette nouvelle étude apporte un éclairage neuf et complémentaire sur les problématiques adolescentes.
Construite en regards croisés, par l'interrogation parallèle d'échantillons nationaux d'adolescents de 15 à 18 ans et de professeurs de lycées et collèges et d'infirmières scolaires, les données présentées permettent cette fois de mieux comprendre la sensibilité des adolescents aux notions de solidarités et d'autorités, mais aussi aux risques et aux bénéfices pour leur santé et la vision qu'en ont les professionnels exerçant dans les établissements scolaires. Une approche qui confronte le point de vue des adolescents à celui des adultes qu'ils côtoient dans le cadre de leur scolarité.
847 adolescents de 15 à 18 ans ont été interrogés en face-à-face (sortie d'établissements scolaires et domicile) du 14 au 27 mars 2008 par des enquêteurs d'Ipsos et constituent un échantillon national représentatif construit grâce à la méthode des quotas (sexe, âge, filière scolaire, après stratification par taille d'agglomération et région) à partir des données de l'Insee et de l'Education Nationale.
603 professeurs de lycées et collèges ont été interrogés par téléphone du 17 au 28 mars 2008 par des enquêteurs d'Ipsos-santé et constituent un échantillon national représentatif construit grâce à la méthode des quotas (sexe, âge, région, type d'établissement, niveau et filière) à partir des données de l'Education Nationale.
202 infirmières scolaires ont été interrogées du 14 au 17 mars 2008 par des enquêteurs d'Ipsos-santé et constituent un échantillon national représentatif construit grâce à la méthode des quotas (sexe, âge, région, type d'établissement, niveau et filière) à partir des données de l'Insee et de l'Education Nationale.
Les points clés de l'étude 2008
Une très forte stabilité du baromètre de bien-être des adolescents : Le portrait que les adolescents dressent d'eux-mêmes nous porte cette année encore loin des noirs tableaux que certains dépeignent parfois à leur sujet. Ils nous disent qu'ils vont bien ou très bien pour une très large majorité d'entre eux.
Le baromètre est très stable : le léger tassement observé en 2007 sur le fait de se sentir bien à l'école ne se confirme pas cette année. Cet indicateur retrouve le niveau enregistré lors des éditions précédentes (78 %). Le regard porté par les professeurs de lycées et collèges et les infirmières scolaires sur les adolescents est plus sombre, mais moins que celui porté par les adultes des précédentes études.
« La notion de risque n'est pas étrangère aux adolescents » car les risques pour la santé sont reconnus par les adolescents à des niveaux peu éloignés de ceux des professeurs de collèges et lycées ou des infirmières scolaires pour les risques les plus reconnus socialement tels que la drogue, les rapports non protégés..., cependant, certains sont plus relativisés (ex : consommation occasionnelle d'alcool, idées noires, rapports difficiles avec les profs).
Une position spécifique des infirmières scolaires se dessine à travers l'étude, elles semblent plus convaincues que les professeurs du bénéfice/risque pour la santé de l'environnement de l'adolescent comme les relations familiales, les amis, les professeurs ou les résultats scolaires.
D'ailleurs, elles apparaissent comme un interlocuteur très distinct des professeurs : les sujets de discussion qu'elles sont amenées à aborder régulièrement avec les adolescents portent beaucoup plus sur les relations avec les parents, la famille (96 % vs 67 %) le moral (95 % vs 62 %) ou encore la vie sentimentale (91%). En creux, dans la continuité de l'étude qualitative de 2005 sur le point de bascule, elles apparaissent davantage comme des soutiens efficaces en cas de difficultés que comme des intervenants attendus en matière d'éducation à la santé (24 % des ados les considèrent comme les mieux placées pour faire l'éducation à la santé loin derrière les médecins (69 %) ou les parents (41 %)).
La notion de solidarité a du sens pour les ados même si un tiers des adultes interrogés les jugent peu sensibles à cette valeur..., mais un sens sensiblement différent de leurs aînés professeurs et infirmières. La solidarité porte avant tout sur le quotidien, les difficultés des proches, mais aussi sur l'appartenance à un groupe d'amis et moins sur le caritatif ou l'humanitaire. Dans leur entourage leur solidarité concerne avant tout leurs amis (78 % vs les parents 55 %).
Une ambivalence forte à l'égard de l'autorité qui est respectée de façon majoritaire mais vécue de façon minoritaire comme juste ni indispensable, minoritairement vue juste mais majoritairement vue comme « juste ce qu'il faut ».
L'autorité reconnue par les adolescents est d'abord celle des parents : c'est la principale citation spontanée et c'est aussi l'autorité la plus respectée. 70 % des adolescents disent respecter leurs parents et 30 % déclarent ne pas les respecter en tant qu'autorité. Toutefois, le sentiment d'injustice à l'égard des figures d'autorité domine : 30 % seulement des adolescents voient leurs parents ou les chefs d'établissement comme des autorités justes à leur égard, c'est 25 % des juges ou policiers/gendarmes. La défiance à l'égard de l'autorité politique est plus forte : 24 % des adolescents disent respecter l'autorité des hommes politiques et 19 % la considèrent juste vis-à-vis d'eux.
A propos de l'autorité, une majorité d'adolescents jugent que celle qu'exerce leurs parents ou professeurs est « juste comme il faut ». Enfin, l'idée d'une Journée de l'Adolescent suscite un intérêt marqué parmi les adolescents puisque 73% des adolescents trouveraient utile de proposer ce type de Journée.