Le gouvernement du Canada a pris position, selon lui le bisphénol A est toxique. La décision du gouvernement fédéral « créera un précédent international », annonce le gouvernement canadien qui envisage de classer le bisphénol A dans les produits toxiques et dangereux pour la santé et l'environnement.
Mais qu'est ce que le bisphénol A ? Selon la Société canadienne du cancer le bisphénol A est une substance chimique utilisée à de nombreuses fins, notamment à la fabrication des plastiques polycarbonates (des plastiques habituellement clairs et très rigides, par exemple les bouteilles d'eau réutilisables et les gobelets ou biberons pour enfants), à la fabrication de résines de revêtement pour les boîtes de conserves alimentaires, à la préparation de certaines matières utilisées en dentisterie, comme des agents de scellement ou des plombages de composite.
Or le gouvernement du Canada envisage de classer le bisphénol A, qui entre dans la composition des biberons en plastique, des bouteilles d'eau réutilisables et de revêtement de boîtes de conserve alimentaire, parmi les substances toxiques, en vertu de la loi canadienne, créant ainsi un précédent à l'échelle mondiale.
Le Canada est en effet le premier pays au monde à décider de classer ce produit comme substance toxique pour la santé humaine et nuisible à l'environnement. Certaines études indiquent que le bisphénol A pourrait s'échapper des plastiques polycarbonates, du revêtement de boîtes de conserve ou d'autres sources, et éventuellement exposer les humains à des quantités de bisphénol A supérieures à ce qu'on considère actuellement comme sécuritaire, précise la Société canadienne du cancer.
Pour le Dr Rick Smith, directeur général de Défense environnementale, cette décision marque « vraiment le début de la fin de cette substance chimique. »
Le bisphénol A entre dans la composition des biberons et des gobelets pour enfants à base de plastique rigide, de même que le revêtement de certaines boîtes de conserve. Des organismes internationaux, des groupes d'experts et plus de 150 études examinées par des pairs associent le bisphénol A à divers problèmes de santé (l'obésité, l'hyperactivité avec déficit de l'attention, le cancer du sein et une multitude de problèmes liés au développement), souvent malgré un niveau d'exposition étonnamment faible.
En mai 2007, Santé Canada a ajouté le bisphénol A à une liste de 200 substances à examiner en vertu du Plan de gestion des substances chimiques. Ce plan exige que les données sur les effets du bisphénol A sur la santé et l'environnement soient attentivement étudiées par les scientifiques du gouvernement et le Groupe consultatif du Défi du Plan de gestion des substances chimiques, un groupe d'experts indépendants.
« On mesure maintenant la gravité de la situation avec cette substance chimique » précise le Dr Rick Smith, ajoutant que « plus de détaillants devraient aller de l'avant et emboîter le pas aux entreprises qui ont déjà cessé de vendre les produits contenant cette substance toxique."
La campagne que mène Défense environnementale depuis deux ans pour bannir le bisphénol A dans la composition des contenants alimentaires se poursuivra. L'association promet de s'assurer que les annonces faites par le gouvernement du Canada « produisent de réels changements pour la protection de la santé des Canadiens. »
De son côté, l'Agence pour la protection de l'environnement des Etats-Unis a fixé la dose maximum acceptable de bisphénol A à 0,05 mg/kg (milligramme par kilogramme) de poids corporel. L'Union européenne a également établi la dose journalière admissible à 0,05mg/kg de poids corporel.
Pour la Société canadienne du cancer, avant l'annonce faite par le gouvernement canadien, « nous ne savons donc pas si l'exposition au bisphénol A accroît votre risque personnel de cancer ou s'il peut avoir d'autres effets sur votre santé. » Le Canada semble avoir tranché.