Les premiers résultats de l'Enquête Santé Protection Sociale (ESPS) 2006 réalisée par l'IRDES ont été dévoilés. Cette enquête effectuée tous les deux ans permet de dresser un tableau de l'état de santé, des soins et de la protection sociale dispensés à la population de France métropolitaine selon les caractéristiques sociales des individus.
Mise en place en 1988, l'ESPS interroge les personnes résidant en France sur leur état de santé, leur recours aux services de santé et leur couverture santé. En 2006, l'ESPS a interrogé 8 000 ménages et 22 000 individus.
L'IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) a pour mission d'observer et d'analyser l'évolution des comportements des consommateurs et des producteurs de soins, afin d'avoir une meilleure connaissance des systèmes de santé français.
Les résultats de l'ESPS 2006 indiquent de manière générale que ce sont les ménages ayant les revenus les plus faible, c'est-à-dire les chômeurs, les ouvriers et les employés du commerce, qui semblent avoir le plus mauvais état de santé, les taux de couverture en complémentaire santé les plus bas et sont ceux qui renoncent le plus aux soins.
Comme on peut s'y attendre, ce sont en revanche les ménages ayant les revenus les plus élevés, et plus particulièrement les cadres, qui affirment avoir un meilleur état de santé, et bénéficient de l'accès le plus facile et le moins cher à la complémentaire santé, et ce notamment grâce à leur entreprise.
Pêle-mêle, on peut tirer les conclusions suivantes de l'ESPS 2006 : trois personnes sur quatre se déclarent en bonne santé ; l'état de santé déclaré varie selon le milieu social ; près de la moitié des renoncements aux soins de santé concernent la santé bucco-dentaire ; l'absence de couverture complémentaire est le principal facteur de renoncement aux soins ; beaucoup ont renoncé à consulter un médecin spécialiste depuis la réforme du médecin traitant ; les jeunes adultes et les personnes très âgées sont les moins couverts par une couverture complémentaire maladie ; les cadres ont plus souvent accès que les ouvriers aux couvertures complémentaires collectives ; l'effort financier a fournir pour acquérir une couverture complémentaire individuelle est plus important pour les ménages modestes et âgés.
De manière plus précise, on peut noter que 74.3% des personnes résidant en France se disent être en bonne santé (affirmant ainsi que leur état de santé est « bon » voire « très bon »), alors que 21.6% estiment que leur état de santé est « moyen ». D'un autre côté, 3.6% des personnes interrogés affirment que leur état de santé est « mauvais », alors que 0.9% auraient un état de santé « très mauvais ».
Une corrélation très forte existe entre l'âge et le nombre de personnes se déclarant en mauvaise santé. Après 65 ans, plus d'une personne sur deux qualifie son état de santé de « moyen » à « très mauvais ».
En moyenne, 7 % des Français déclarent ne pas avoir de couverture maladie complémentaire et 14 % avoir renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des douze derniers mois. Les renoncements concernent majoritairement les soins dentaires, puis viennent les lunettes et les soins de spécialistes.
Malgré l'existence de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU) et le chèque santé qui octroie une aide financière pour l'acquisition d'une complémentaire santé, l'accès à la couverture complémentaire santé reste très inégal en France, affirme d'ailleurs l'Irdes.
Par ailleurs, les femmes de manière générale semblent avoir un état de santé moins bon que les hommes, quel que soit l'âge. 28,6 % des femmes contre 22,6 % des hommes déclarent, tous âges confondus, un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais. Ce phénomène pourrait s'expliquer par le fait que les femmes font souvent plus attention à leur santé que les hommes et recourent donc davantage aux soins médicaux que ces derniers.
Les problèmes de santé les plus fréquemment déclarés sont les troubles de la vue, ils concernent en effet près de 60 % des personnes interrogées.
A part ces troubles de la vue, les maladies les plus fréquentes sont l'hypertension artérielle, les problèmes rhumatologiques et les problèmes de cholestérol. L'anxiété est également fréquente puisqu'elle concerne plus de 10 % des personnes interrogées.
Du côté des « mauvaises habitudes », l'ESPS a indiqué qu'en 2006, un Français sur quatre déclare fumer de façon habituelle. Cette proportion est maximum entre 20 et 29 ans. Les hommes sont plus nombreux à déclarer fumer que les femmes (30 % contre 20 %). Et il existe là aussi des différences entre les catégories socioprofessionnelles : les ouvriers et les employés fument par exemple davantage que les cadres.
L'ESPS 2006 permet enfin de tirer un premier bilan de la réforme du médecin traitant. Elle montre que seulement 5% des assurés sont contre le dispositif, le reste n'ayant pas encore eu, au moment de l'enquête, l'occasion de consulter. Le nouveau dispositif est considéré comme obligatoire par beaucoup et le médecin traitant se substitue très souvent au schéma informel du médecin de famille.