Une enquête confiée à la DREES sur les conditions de vie des malades atteints d'un cancer réalisée auprès de 4270 personnes atteintes d'un cancer montre que celles-ci souffrent de discriminations deux ans après avoir appris leur maladie. Une personne sur cinq atteinte d'un cancer déclare avoir été victime de discriminations sur son lieu de travail.
Cette enquête de la DRESS, révélée par la ministre de la santé Roselyne Bachelot, montre que les personnes atteintes d'un cancer, deux ans après le diagnostic, ont traversé cette période, toujours pénible, parfois cruelle, du traitement qui suit l'annonce du diagnostic. Elle montre aussi que de trop nombreux malades sont victime de discriminations, notamment sur leurs lieux de travail.
C'est sur les conséquences concrètes du cancer, sur les modifications de la vie sociale, mais aussi de la vie privée des personnes touchées, que cette étude s'est intéressée. Pour la ministre de la santé, « cette étude nous rappelle que si nos réformes ont un sens, c'est bien en vue du patient auquel il nous revient de garantir une prise en charge, non seulement plus efficace, mais aussi plus humaine. »
Pour Roselyne Bachelot, « la question essentielle qui se pose à moi est de savoir comment donner à chacun la possibilité d'être bien soigné. Cependant, il faut aussi, comme en atteste cette étude, tout mettre en 'uvre pour assurer les conditions d'une prise en charge globale des patients, au moment même où, sous tant d'aspects, leur vulnérabilité s'accroît et la configuration générale de leur existence se trouve bouleversée. »
Selon la ministre de la santé, « tous ceux qui ont la charge de traiter les patients atteints d'un cancer, comprendront le sens de ces propos liminaires. Ils savent que le respect du malade, de son libre-arbitre, de son intimité, de sa singularité, s'expriment le plus souvent dans des attitudes dont l'invisibilité rend difficile l'évaluation. Ils savent aussi que ce « travail discret » qui incarne le propre du geste soignant justifie, pour une large part, leur engagement. »
Selon elle, la perception même du cancer et de ses implications est encore trop souvent associée à l'image de la mort. « Pour beaucoup de malades, le terme même de cancer demeure « imprononçable ». Il n'est pourtant pas sans conséquence sur l'évolution du traitement et ses suites de pouvoir se battre contre un ennemi clairement désigné. La relation des patients à la maladie exige ainsi souvent une clairvoyance et un courage que soutiennent la solidité de l'information prodiguée et la qualité de l'échange avec les personnels soignants. »
Le cancer est vécu différemment par les malades, une diversité qui doit « être mieux prise en compte, comme le montre cette étude soulignant les inégalités de situation, 6% des personnes se disant insatisfaites du suivi et des informations, des malades du cancer « moralement plus vulnérables. »
Cette étude montre aussi les progrès qui restent à accomplir pour améliorer la relation des patients avec le système de soins. Pour la ministre de la santé, « il apparaît que l'information diffusée est encore souvent mal adaptée aux publics auxquels elle s'adresse, que le suivi post-thérapeutique est encore mal connu, que l'implication des patients dans la stratégie de traitements est encore insuffisante. »
« Les résultats de l'enquête sont, à cet égard, éloquents : seul un patient sur deux estime avoir participé à la décision thérapeutique. De même, le versant psychologique de la prise en charge est encore trop inégalement reconnu. »
« Le cancer n'est pas qu'une affaire médicale. L'amélioration de la qualité de vie des patients, comme le confirme l'enquête, est l'affaire de tous » a jouté Roselyne Bachelot, le cancer étant une maladie qui « reste encore mal connue ou mal perçue. Le cancer est encore trop souvent stigmatisé, s'agissant en particulier des jeunes qui en sont atteints, » précisant qu'une « personne sur cinq qui déclare avoir été victime » de discrimination sur leur lieu de travail.